dimanche, janvier 24, 2016

Le clan

Nous sommes six. Je nous ai maintes fois décrites ici. Parce qu'on s'aime, parce le groupe que nous formons me touche profondément. Entre nous, aucun sujet n'est tabou. Aucun, vraiment. Les silences sont dus au fait que nous sommes assez nombreuses pour que les discussions partent dans toutes les directions tout le temps, que nous sommes toutes curieuses des autres et avides d'écouter. Même moi, la grande gueule, il me semble que ça me prendrait une rencontre toutes les semaines pour recommencer à parler de moi, juste parce que j'ai envie d'entendre leur vie, à elles.

Ça faisait un mois qu'on s'était donné rendez-vous. L'heure, la date le lieu, avaient été rapidement fixés. Ce qui nous surprend toujours étant donné que ce n'est pas censé être si simple de rameuter des gens menant des existences à ce point différentes, aux azimuts de la métropole en en région. Sauf que la loi de Murphy nous guette et que si l'organisation est aisée, il est évident que la réalisation sera plus accidentée, mettons.

Pour commencer, l'endroit où l'on voulait aller était beaucoup trop plein pour qu'on puisse même imaginer y poser un orteil. On s'est donc rabattues sur un endroit qui était très populaire quand nous travaillions dans le secteur, mais qui visiblement est sur ses derniers milles. Nous en étions les seules convives, un samedi soir. Ce qui n'a absolument rien changé au plaisir que nous avons eu ensemble. Avec ces moments magiques, la bonne question posée à la bonne interlocutrice qui nous a fait voir un brin de cicatrice, un brin d'humanité. Et nous étions toutes, à moments interposée, intervieweuse et l'interviewée.

À un certain moment, nous avons évoqués mes récents voyages dans le Sud et il est devenu évident que mon échappatoire pouvait allumer pour elles aussi quelque chose comme un oasis dans les minutes compressées de leurs obligations.

Et il y a eu mon pied droit. Je me suis étiré le dessous du pied en rentrant à la maison vendredi soir. Bien étiré. Assez pour que la plante en soit enflée et d'une couleur bleuâtre qui en indique tout l'inconfort. Ce qui est un euphémisme patent. Penser à poursuivre la soirée, ailleurs, en sachant que je devrais travailler sur ledit appendice aujourd'hui m'étais impossible.

Alors j'ai été raccompagnée à ma porte, parce que je ne pouvais en supporter davantage, et je me sentais cheap de ne pas avoir pu aller au bout de la soirée. Évidemment qu'elles n'en m'en tiennent pas rigueur, c'est seulement moi qui me sent tout croche ne ne pas avoir eu la forme. Après tout, je partais invariablement parmi les dernières, autrefois.

Au matin, j'ai vu que la discussion sur les escapades soleil semblait s'enligner sur une date en 2017. Bon. Mais il y avait aussi tous ces plans sur la comète pour nous déménager en bloc quelque part à distance pédestre les uns des autres pour que nos rencontres se fassent plus régulières.

Dans la réalité, nous avons réussi à nous trouver une date pour une soirée à l'opéra en mars, avec une invitée supplémentaire. Ce qui est déjà pas mal.

Si jamais vous entendez dire que j'ai déménager à Saint-Meu-Meu et que je suis heureuse dans tous les aspect de ma vie, ce sera sans doute parce qu'avec ce clan, on aura réussi un de nos plans.

C'est une famille créée de toute pièce, et ce qu'il y a de plus merveilleux avec elle, c'est que c'est tout sauf exclusif.

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