mercredi, janvier 06, 2016

Un certain port de tête

Lorsqu'elle a fait son entrée dans ma vie, je revenais de vacances. Comme cela m'arrive bien souvent à ces moments précis, je me sentais complètement débordée, en retard sur tout. Cette sensation était accentuée par le fait que cette jeune personne faisait son entrée dans notre équipe de gestion et que, bien normalement, elle ne savait pas encore faire les tâches qui lui étaient dévolues et que le reste de l'équipe devait prendre une partie de la formation en charge, en fonction de nos aptitudes naturelles.

C'était une personne réservée, timide même. Mon bulldozer naturel était au antipodes de sa personnalité. Je craignais un peu de l'écraser sans trop m'en apercevoir, après tout, cela m'était souvent arrivé par le passé. Quelques fois, par ailleurs, ces personnalités cachent une force aussi tranquille que profonde, ce qui est son cas.

J'avais tôt fait de remarquer qu'elle avait ce port de tête particulier des filles qui ont fait de la danse classique assez longtemps pour que pour que les mouvements naturels les plus minimes en gardent une certaine rémanence. Un jour qu'elle portait une toque, je lui avais demandé si j'avais vu juste et je crois bien que ce fut ma première incartade dans sa muraille toute personnelle.

Avec le temps, elle s'est avérée un formidable public à mes niaiseries. Le nombre de fois où je me suis suis affalée sur la chaise devant son bureau en lui annonçant que j'avais une sottise à dire et qu'elle se soit mise à rire avant même que j'ai pu débuter mon histoire est trop grand pour que j'ai pu en faire le compte. Ces petits riens du quotidien d'un gestionnaire en commerce de détails dont il faut rire si on ne veut pas en pleurer. Ma façon de contourner les difficultés, les rationaliser pour ne pas me laisser happer par elles.

Au printemps dernier, elle nous annoncé qu'elle était enceinte. J'étais ravie. Je l'ai déjà dit dans ces pages, j'ai pensé longtemps que j'aurais une panoplie d'enfants. Ça ne m'est pas arrivé alors j'ai pris un plaisir immense à suivre la grossesse de cette collègue, au quotidien. Si j ne lui ai pas posé cent questions sur le développement de son enfant, je ne lui en ai posé aucune. Je devais même en être tannante par moments. En tout cas, elle savait que je m'y intéressais.

Elle a traversé tout le mois de décembre, et sa folie furieuse, sans se plaindre une seule fois. Elle m'a même solidement aidée en formant des employés quand je n'avais plus le temps de le faire, et même avant que j'en sois rendue-là. Malgré la lourdeur de sa silhouette, ses membres ankylosés, elle est venue travailler tous les jours, en souriant. Je ne l'en ai admiré que davantage.

Mais voilà que le temps file à une vitesse retentissante et que son congé de maternité débutera vendredi. Elle me manquera; qui est-ce que je pourrai désormais appeler « grosse madame » en étant certaine de la faire rire? Personne, c'est certain.

Mais je penserai à elle souvent, à elle et à cet enfant à naître qui, je l'espère me sera présenté plus tôt que tard pour qu'en 2016 je puisse catiner deux fois plus qu'en 2015.

Non, je ne serai pas mère, mais il est clair et limpide que je serai toujours maternelle.

Bonne chance mon amie, dans ta nouvelle vie.

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2 Commentaires:

Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Tu as un grand cœur wiki !!!

9:34 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Merci Collègue! Merci surtout de me lire ;)

10:23 p.m.  

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