dimanche, décembre 21, 2014

Le jour le plus court

Il y a quelques temps, j'ai fait le portrait de ce garçon là. Je ne savais pas, à ce moment-là, que j'avais eu l'idée, un peu folle, de redevenir amie avec un espèce de canidé qui vit en meute et qui n'a de cesse de retrouver les enfants perdus qui ont, un jour, fait partie de sa meute à lui. L'air de rien, me voilà donc une enfant perdue qu'il ramène dans son bercail

Il m'a invitée à un souper de pré-Noël sans prétention. Au milieu de sa meute éclectique. Ils sont des loups, des coyotes, des ours ou des chiens de berger. Différents, mais semblables en même temps. Vous me direz que l'ours n'est pas dans la bonne liste, ou le chien, c'est selon. Cette meute est ainsi faite, je n'ai pu que l'observer. C'est une meute d'hommes avec beaucoup de femmes et de filles qu'ils y ont intégrées avec les années. Et si je ne les connais pas, elles, elles me semblaient aussi inhérentes l'ensemble, que les mecs dont je vais tracer ici le portrait.

Le loup est un charmeur, impénitent. Il l'a toujours été. Je le connais depuis presque aussi longtemps que là où me mène ma mémoire, qui est longue. J'ai de lui des souvenirs de petite enfance. Des souvenirs d'une espièglerie sans faille, de rires vrais et sans retenue. J'ai des réminiscences, plus rares, de discussions sérieuses, après une rupture qui l'avait laissé en porte-à-faux à l'orée de sa propre existence. Et je l'ai vu être totalement identique à lui-même avec ses filles qu'il couve d'un regard amène et sans jugement pour ce qu'elles sont, ou deviendront. Si vous lui confiez vos inquiétudes, il ne vous rassurera pas, que vous soyez son amoureuse, sa fille ou l'amie sortie de nulle part. Ce n'est pas son style. Mais il vous regardera de travers l'air de dire : « j'ai compris ». C'est suffisant pour beaucoup d'entre-nous, je crois.

Le chien de berger, m'a reconnue à la seconde où ses yeux se sont posés sur moi. Pas tant parce que nous avions un jour partagé quoi que ce soit, en réalité. Non je crois qu'il m'a reconnue parce que j'étais la fille à qui ce garçon-là parlait autrefois. Sans plus ni moins. Et aussi parce qu'il est, peut-être, le deuxième plus grand fan de Pierre Richard à ma connaissance, particulièrement en ce qui concerne le film « La chèvre ». Je les ai tellement vu rire ce film, lui et ce garçon-là, en se le racontant tant et tant. Je crois que c'était nettement plus drôle de les écouter en parler que de voir le film en tant que tel.

Le coyote, ben c'est un coyote. Il est sans doute le plus intelligent d'entre-nous, mais le plus rétif aussi. C'est dans sa nature, je crois. Il est sans conteste un peu plus sauvage que les autres. Mais, selon ce que j'ai pu en voir, il est au moins aussi fidèle que toutes les parties de cette meute. Sans quoi, il n'aurait pas été présent. Je me rappelle de jugements sans concession, de talents allant dans toutes les directions et de beaucoup d'autodérision.

L'ours, c'est celui que je connais le moins. Mais il a vite compris, hier, qui je suis. C'est celui qui m'a dit : « Tu écris, je crois », deux fois plutôt qu'une. Sentant, sans doute, que ça m'est important. C'est lui qui m'a ramenée dans les ornières qui me permettraient de retrouver mon chez-moi. Je suis une petite bête qui ne possède pas de permis de conduire, alors la voiture, c'est hors de question. J'ai donc besoin de la meute pour retrouver les wagons des métros qui me permettent d'arriver à bon port.

C'est une belle meute, avec laquelle j'ai eu la chance de partager le jour le plus court, ou presque, de l'année. Et je me compte chanceuse de ne pas m'être fait mordre parce que je serai toujours un félin qui taquine les canidés, ou les ursidés, à mes risques et périls.

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