dimanche, avril 07, 2019

Rêver pour conjuguer la réalité

Depuis aussi longtemps que je me souvienne, j'ai eu des rêves récurrents. Ceux dont je me souviens, la plupart du temps sont des cauchemars ou alors ils s'en approchent. J'ai longtemps rêvé à des loups qui venaient me manger, vestiges nocturnes d'une histoire de loups et de gaufres qui avaient marqué mon imaginaire déjà largement impressionnable. J'avais cependant fini par leur régler leur compte en me transformant en camion blanc pour devenir ainsi très peu appétissante pour des loups affamés.

J'ai aussi rêvé d'un homme qui venait me réclamer à mes parents à qui il disait que je n'habitais pas dans la bonne maison et mes parents me laissaient aller sans trop d'émotion. Je me réveillais au moment où la porte allait se refermer derrière moi, terrorisée. Ce rêve-là, je ne l'ai pas dompté. Il a cessé, quand j'ai fini par assimiler que même si j'avais perdu ma place de seule fille dans la fratrie, mes parents m'aimaient quand même. Ça m'aura pris un an ou deux. Et puis j'ai mis le pied dans l'adolescence presque aussitôt ce qui a largement modifié ma perception de l'existence en général et de la famille en particulier.

Je rêve encore quelquefois d'une grande maison au toit rouge et aux escaliers multiples dans laquelle je me perds constamment tandis que c'est censé être chez-moi. Je n'y suis pas terrifiée, mais démunie devant des labyrinthes qui y pousse que de l'herbe au soleil. Pour m'en sortir, je dois trouver le chemin du grenier pour enfin pouvoir retrouver la cuisine et sortir de la maison. J'y arrive tout le temps, surtout que maintenant, je suis capable de dire à mon rêve qu'il est un rêve et qu'il doit m'emmener au grenier pour que je puisse me réveiller. Je suis souvent un peu déçue au réveil de ne pas habiter dans cette jolie maison trop grande pour moi.

J'ai souvent fait des rêves récurrents au sujet de diverses personnes qui ont jalonner mon parcours. La plupart du temps, ce sont des rêves « régleurs de comptes ». Des rêves qui me permettent d'exprimer à des gens qui m'ont fait du mal que j'ai eu mal, mais que je ne me laisse pas abattre. C'était quelque chose qui m'arrivait régulièrement dans mon enfance et mon adolescence : je n'étais pas une personne si populaire et j'ai été intimidée. Je crois que mes rêves m'ont grandement aidée à passer à travers mes difficultés sociales et faire de moi la femme que je suis aujourd'hui.

Et dernièrement, je rêve souvent de la même femme. Je l'ai croisée lors d'une tempête cet hiver en sachant que je l'avais connu un jour dans ma vie. Comme je réside désormais à peu près au même endroit qui m'a vu grandir, je cherchais son souvenir quelque part autour d'ici. Son nom m'échappait depuis des semaine et je n'arrivais pas à me rappeler si nous avions été amies ou simplement voisines de bureau dans un cours au secondaire.

Maintenant je sais. J'ai rêvé d'elle cette nuit, encore. Et j'ai finalement mis la main sur son nom. Je l'avais connu à Sherbrooke, en 1993. Ça avait été une copine de classe, un peu plus qu'une collègue, mais pas tout à fait une amie. Je ne cherchais simplement pas son nom dans les bonnes tranches de souvenirs.

Je me sens soulagée de l'avoir retrouvé. Désormais, je puis passer à un autre rêve...

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