J'ai un aveu à faire :
lorsque j'ai écrit, mercredi, que la canicule me mettait le cerveau
en compote, j'ai fait un gros mensonge, par omission.
Depuis le mois de juin,
je tente de comprendre et d'explorer le pourquoi du comment je pique
des crises de colères. Forcément, je me plonge dans des zones
d'ombres qui me font plus de mal que de bien, pour le moment. Ça me
donne l'impression d'être une enfant qui se trempe les mains dans la
terre meuble d'un sous-bois pour observer la vie grouillante qui se
cache des regards non-avertis. Il y a quelque chose d'à la fois
fascinant et dégoûtant dans cette plongée dans mes propres
abysses.
Toujours est-il que j'ai
entrepris, la fin de semaine dernière, de faire l'historique de mes
ires et des paniques qui y sont associées, selon moi. Je l'ai fait
pour moi, pour éviter de retourner dans ces zones inconfortables et
dérangeantes pour moi comme pour ceux qui m'entourent. Je suis
passée à travers l'exercice en un seul morceau, assez fière de ne
pas me sentir trop atteinte. Je pouvais dire que j'allais bien, après
coup.
Sans fausse humilité, je
peux me targuer d'être assez douée pour les historiques; je suis
historienne. Pas tant ramasseuse de paperasserie, si on omet mes
écrits, mais justement, ils étaient fort utiles pour documenter mon
vécu. J'étais ma propre source, de première main, avec toute la
candeur que j'ai pu mettre dans les commentaires et les observations
que j'ai soigneusement noté un peu partout depuis que j'ai huit ans.
Ça m'a permis de constater que quoique ma mémoire soit bonne, elle
n'est pas infaillible, loin s'en faut. Elle se biaise, avec le temps.
Plus un événement me meurtrie, moins je vais m'en souvenir
fidèlement. Je romance mes souvenirs à mon insu. Pas mal non?
N'importe quoi. Mon corps
s'est rappelé à mon bon souvenir illico. J'ai eu le dos barré
pendant quatre jours. Quand même respirer est douloureux, la vie
devient passablement plus difficile. Ajoutons à cela la première
canicule de l'été, il n'y avait rien dans cette recette pour me
permettre des nuits réparatrices : j'ai passé ces heures à
moitié dans mon lit, à moitié sur le divan, à dormir par à-coups
et à arriver au travail parée de cernes et de lividité conséquents
au manque de sommeil. Ce qui a, évidemment, une incidence sur ma
patience.
Après la première nuit,
je suis allée passée la journée à la piscine. Pur bonheur.
D'ordinaire, une baignade suffit à relaxer tous mes muscles. Cette
fois-là, l'opération a lamentablement échouée, malgré la plus
que chouette compagnie. Le stress n'était pas tant musculaire et que
psychologique. J'ai donc dû absorber une quantité certaine de
relaxants musculaires pour passer à travers mes journées et comme
je déteste prendre des pilules, elles ont un effet présent sur le
fonctionnement de ma pensée. Alors, la vase dans laquelle mon
cerveau a évolué dans les derniers jours était à la fois
caniculaire et chimique...
Parallèlement, j'ai une
bonne amie à qui je n'ai même pas raconté que j'avais passé une
semaine fort difficile, dans mon corps à cause de ma tête. Par
contre, elle savait à quel exercice je comptais me livrer. Comme par
magie, j'ai reçu une invitation à aller passer la journée de
demain dans un spa. Traitement presque complet. Quand j'en lis la
description, ces soins sont tous fait pour relaxer à la fois mon
corps et mon esprit.
Il n'y a rien qui arrive
pour rien dans la vie, cette journée de spa, ça fait depuis Noël
dernier que je sais qu'elle m'est réservée, sauf que la fois où on
m'a proposé une date, est vraiment le moment où j'en ai besoin.
Appelons cela de la
synchronicité...
Libellés : Digressions, Maudite angoisse