dimanche, juillet 30, 2017

Explorer l'indépendance

Moi, j'aime ça l'été. Je sais bien que j'ai dit la même chose l'an dernier, mais ça veut juste dire que je n'ai pas changé d'idée à ce sujet. J'aime l'été parce que je joue beaucoup, beaucoup, beaucoup dehors et que dehors il y a tellement de choses à faire et à découvrir que j'oublie parfois ce que j'étais en train de faire pour me concentrer sur une nouvelle activité. Et puis l'été il y le Club avec tous les amis du club, et j'aime ça! J'ai des GRANDS qui jouent avec moi et me font rire et moi, je veux faire comme eux. Même si les grands que j'aime le plus au monde et à qui je veux le plus ressembler c'est ma maman et surtout, surtout mon papa. Lui c'est un grand extraordinaire, et comme je le vois tous les jours, je peux me pratiquer tous les jours à faire ce qu'il fait.

Et puis, maintenant que j'ai un an et demi, je parle tout plein. Je peux raconter à peu près ce que je veux à pas mal n'importe qui et me faire comprendre. Et j'ai récemment découvert que je peux choisir à qui je raconte mes histoires. Aujourd'hui, par exemple, il y avait tout mon fan club au Club. Il y avait Papi et Guy-guy (c'est l'amie de Papi et c'est elle qui me coupe les cheveux, j'ai récemment montré ma nouvelle coupe de cheveux à Tatie et je lui ai tout expliqué cela), il y avait Grand-mamie, mais ça c'est normal, elle est presque toujours-là quand j'y vais, il y avait Francis et aussi Tatie. Ils voulaient tous me donner des bisous et me faire des câlins. Mais moi je disais « non » et je me cachais sous les tables ou dans les jambes de mes parents. J'ai même fait une blague à Papi, j'ai dit que je ne voulais pas lui faire de câlin mais j'en ai fait un à Guy-guy, il a fait une drôle de face mon papi, je crois que j'ai fait une bien bonne blague.

Mon plus grand plaisir au Club cependant, c'est l'eau. Quand Tatie est là, elle reste longtemps dans l'eau, et moi j'aimerais ça rester aussi longtemps qu'elle mais l'eau est pas mal plus froide que celle de mon bain, alors je grelotte, grelotte, grelotte, et maman me sort de l'eau. De toute manière, il faut absolument que maman soit dans l'eau pour que j'y aille, parole de Zazou. Mes petits pieds ne touchent pas par terre, j'ai besoin d'être certain qu'on va bien m'attraper si jamais je bois la tasse (ce qui m'arrive tout le temps), et ces temps derniers, les seules personnes à qui je fasse confiance dans le domaine, ce sont mes parents. Mes grands-parents? Pffff! Ben non! Ils sont déclassés. Ma Tatie? Pffff! Ben non, elle ne peut pas être aussi bonne que ma maman dans l'eau voyons!

En tout cas, au Club, il y a plein d'enfants, des beaucoup plus grands que moi, des juste une peu plus grands et des plus petits. Moi je veux faire comme les grands, même quand j'ai un peu peur. Alors aujourd'hui, j'ai sauté, debout, du bord de la piscine. Maman me disait : « Ferme ta bouche Zazou » et je la fermais fort juste avant de sauter, mais quand je sautais, j'étais tellement content de moi que je riais et je l'ouvrais toute grande, alors j'ai bu beaucoup d'eau de piscine, ce n'est pas très bon, et ça fait tousser. Mais je disais : « encore, encore Maman » et on recommençait. Même que des fois, je nageais tout seul avec mon joli flotteur de crabe. Pas très longtemps, mais quand même. Un jour, avant la fin de l'été j'espère, je vais faire comme Cha-cha, et sauter tout seul avec mon flotteur de crabe.

Quand Grand-mamie et partie avec Francis et Tatie, je n'ai pas voulu faire de bisou ni de câlin, mais mon ami qui ne connaît du tout ma famille les a trouvé assez gentils pour distribuer toutes ces petites choses que je leur refusais. Et au bout d'un petit moment j'ai voulu les voir et Maman m'a rappelé qu'ils étaient partis. J'étais un peu triste, parce que comme ils n'étaient plus là, j'avais très envie de les voir et Maman a ajouté : « je te l'avais bien dit. »

C'est fou à quel point ça a toujours raison une mère, en ces matières-là.

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jeudi, juillet 27, 2017

Plus ça change, plus c'est pareil

Voix féminine : «  Arrête de me dire que je suis folle, tu dis toujours que je suis folle. »
Voix masculine : « Tu capotes pour rien, tu ramènes toujours tout à toi quand ça a pas rapport. »

En réalité, ils ne parlent même pas si fort. Juste assez cependant pour me tirer du sommeil et me plonger du même élan au cœur de leur vie très privée. Je ne sais pas qui ils sont ni de quoi ils ont l'air. Je suppose que la voix féminine est celle de la nouvelle locataire du logement au dessus du mien et je les imagine jeunes, début vingtaine si je me fie aux voix, et sans aucun doute un peu beaucoup pompettes.

Je n'ai pas envie de me lever, même si évidemment, ma vessie commence à se rappeler à mon bon souvenir, parce que je sais d'expérience que si je me lève, il me sera plus difficile de me rendormir. On est au cœur de la nuit, il fait noire, mes deux tourtereaux ont dû fermer un bar quelconque avant que le jeune gentleman ne raccompagne ma voisine à la maison. Je garde donc obstinément les yeux fermés et tout en tentant de me fermer les oreilles.

« C'est pas vrai que ça avait pas rapport! Elle venait de dire que sa mère lui paie sa carte opus, ça avait rapport en hostie! Et puis va-t-en donc, on tourne en rond dans notre conversation, on s'en reparlera demain. »

La voix masculine s'éloigne, je n'entends plus bien ce qu'elle dit et la fille lui répond en hurlant et en grimpant ses escaliers au galop: « Arrête de dire que je suis foll-E! »

De mon lit, je soupire et me résous à aller aux toilette, au passage, j'allume ma lampe de chevet pendant que la voix masculine se rapproche et s'arrête au milieu d'une phrase pour s'exclamer : « Shit, on a réveillé tes voisins, j'm'en va. »

J'ai fait mes ablutions et suis revenue m'étendre dans un calme plat. Je n'ai même pas entendu la fille du dessus marcher, je dois dire que je ne l'ai jamais entendu se déplacer en haut depuis son arrivée non plus. Si la chicane sous mes fenêtres me rappelait tristement l'ancienne voisine, pour le reste je lui accorde sans hésiter une série d'étoiles bien méritées dans le savoir vivre générale, l'épisode sus-mentionné en étant témoin.

Mais cette discussion me rappelait surtout une jeune Mathilde dans la vingtaine qui tirait souvent le diable par la queue et enviait régulièrement celles et ceux de ses ami-e-s qui l'avaient un peu plus facile, même si j'étais tout à fait consciente que ma situation était principalement due au fait que j'avais choisi de partir jeune de la maison et d'être indépendante. Mais entre un rêve d'indépendance et les prisons de ma pauvreté, il m'arrivait régulièrement d'avoir des fuites de perception, mettons.

J'ai fini par me rendormir, sans avoir le courage de bouger assez pour éteindre ma lampe de chevet en me disant qu'au bout du compte la vie, plus ça change, plus c'est pareil.

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dimanche, juillet 23, 2017

Panne caniculaire

J'avais passé une partie de la soirée à écrire un texte, prenant bien soin de ne pas mettre mon ordinateur sur mes genoux étant donné la chaleur ambiante. Comme pour faire exprès, les mots de la chute m'échappaient complètement faisant en sorte que je ne me résolvais pas à fermer l'écran et donc une source de chaleur bien malvenue dans cette atmosphère de canicule. Mon corps était gourd, mes doigts enflés par la chaleur et je sentais la sueur me couler tout partout comme si j'étais en train de produire un effort incommensurable. De guerre lasse, j'avais abandonné le texte inachevé et j'avais entrepris de me mettre à la lecture avec un succès mitigé parce que l'inconfort dans lequel je me trouvais atténuait ma concentration malgré mes efforts pour atteindre un degré assez limité dans la dépense énergétique.

J'étais donc allée me coucher pas tout à fait de bonne humeur, si ce n'était pas tout à fait de bonne heure, travail de soir oblige. Parce que j'habite le quartier que j'habite, je m'étais fait réveiller par des fêtards vers quatre heures du matin et ça m'avait pris une bonne heure pour me rendormir, après avoir changé mon ventilateur de place deux ou trois fois avant d'arriver à trouver l'angle pour qu'il rafraîchisse mon corps tout en évitant de m'assécher la gorge jusqu'à me faire tousser.

Je m'étais réveillée vers 9 heures, en sueurs, Comme si j'avais passer la fin de ma nuit à courir un marathon. Je sortais d'un rêve dont je ne gardais aucune mémoire, mais cette impression persistante que ce n'était pas du tout agréable. Je me sentais lourde et absolument pas reposée. Assise dans mon lit, je me demandais bien ce qui avait pu me réveiller aussi soudainement. J'avais alors constaté que mon ventilateur s'était éteint. Étant donné son âge vénérable, pour un ventilateur, j'avais supposé qu'il était mort de sa belle mort.

En sortant de ma chambre pour aller à la toilette, j'avais croisé mon colocataire qui m'avait annoncé qu'en réalité, nous n'avions plus d'électricité depuis au moins une heure. Ça vous part mal un matin ça. Pas de café du réveil, pas d'épluchage lent et minutieux des grands titres des journaux sur l'ordinateur, pas de mots-croisés en ligne, pas de petit déjeuner. Pas de douche, parce que franchement, une douche à la chandelle, ne me disait rien qui vaille. Rien que du temps à tuer. Je n'ai aucune espèce d'affinité avec les pannes électriques en ville, c'est bien connu, et ces événements ne faisaient rien pour changer mon impression généralement négative des coupures de courant.

Dire que j'étais alors de mauvais poil tient de l'euphémisme. Comme je travaillais en soirée, il fallait que je me calme les nerfs à vif avant d'arriver au boulot sans quoi j'aurais passablement malmené mes relations de travail et mon service à la clientèle. J'étais donc aller passer le temps dans un restaurant à déjeuners surchargés de touristes allophones et où le service était plus que discutable. J'avais à tout le moins réussi à me caler l'estomac ce qui était déjà un départ potable pour remettre ma journée sur les rails.

Au final, nous avons manqué d'électricité pendant presque 12 heures. Pour une raison assez banale pour que rien ni personne ne juge pertinent de nous expliquer le pourquoi du comment. Je pense que je déteste ce manque d'information presque autant que les pannes électriques elles-mêmes.

Ce n'est pas peu dire.

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jeudi, juillet 20, 2017

Feux d'artifice

Je dois avoir quelque chose de tordu dans le cerveau parce que je n'ai jamais compris la fascination des gens pour les feux d'artifice. Je trouve cela bien joli à la fin d'un film, quand ça souligne une victoire, la fin d'un cycle particulièrement périlleux et je me contente avec bonheur des deux ou trois fusées qui colorent le ciel.

J'aurais pourtant aimé monter dans le train. Je suis une excellente candidate à l'émerveillement d'ordinaire, mais pas pour les feux d'artifice. Je trouve généralement que c'est inutilement long et je me lasse complètement lorsque la chose occupe plus de 5 minutes de mon temps. Ce n'est d'ailleurs pas faute d'avoir essayé.

Adolescente, j'ai souvent fréquenté les berges du fleuve Saint-Laurent avec des amis, le samedi soir. Mais je regardais très peu ce qui se passait dans le ciel. De un, quelque soit l'endroit où je me trouvais, je ne voyais pas très bien, ou pas du tout, les effets qui se déroulaient à basse hauteur; je ce qui me faisait immanquablement décrocher du spectacle. De deux, j'étais généralement la seule personne sobre du groupe, ou peu s'en faut, ce qui fait que je gérais les hallucinations des autres le temps de nous ramener en sécurité dans Ahuntsic, largement dans les temps de mon couvre-feu.

Même plus tard, avec des compagnons éminemment moins divertissants, je ne suis jamais arrivée à me concentrer sur le spectacle assez longtemps pour en apprécier la saveur, même après que j'eusse appris qu'il y avait des bandes sons qui accompagnait la chose et qu'il était possible des les syntoniser. Rien à faire, je trouve cela d'un désintérêt total.

À un point tel que je me fais avoir au moins une fois par année. J'oublie totalement l'existence de ces festivités, pourtant, je demeure à quelques pas du site où les fusées sont lancée, ce qui me place donc au beau milieu de l'agitation généralisée. Ce soir par exemple, j'ai pris le métro pour rentrer à la maison, frustrée par le fait que toutes les stations bixi aux alentours de mon domiciles n'aient aucun ancrage de disponible. Je me suis donc résolue à prendre le métro dans une chaleur aussi humide qu'étouffante et je trouvais que les wagons étaient vraiment trop pleins. Je n'ai fait le lien avec les feux d'artifice qu'au moment ou les wagons ont vomit des hordes de passagers à ma station.

Je devrais pourtant le savoir, ça fait presque dix ans que j'habite le secteur, sauf que ça ne m'intéresse tellement pas que j'oublie d'une année à l'autre, et même souvent d'une semaine à l'autre. Fa que je me retrouve régulièrement coincée dans une foule de gens qui s'en vont admirer les feux pendant que moi je peste en me disant que j'en ai encore jusqu'à minuit avant de pouvoir fermer l’œil, parce qu'il semblerait que le fait de faire des expériences de pensées alternatives en regardant ces spectacles, reste toujours d'actualité.

Et ce soir, comble du comble en arrivant à la maison, j'ai trouvé une lettre qui avisait les résidents du quartier que pendant 10 jours, à compter de la semaine prochaine, le festival de la fierté gay aurait lieu devant la maison.

J'en conclu que je devrai faire une bonne provision de sommeil dans les prochains jours, parce que je suis pas mal convaincue que malgré toute la bonne volonté des organisateurs, il sera géographiquement difficile de trouver le sommeil avant des heures un peu trop avancées pour mon plus si jeune organisme.

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dimanche, juillet 16, 2017

Rêver l'été

Février : Quelque part, à Montréal, dans une rue enfouie sous la neige, le cœur d'un homme manquait un battement. Ce soir-là, l'appartement était devenu trop grand, même si, dans la réalité, il y avait déjà quelques semaines qu'il en était devenu l'unique occupant. Frappé par une grosse dose de réel, un peu en retard sur sa propre actualité. Comme s'il avait fallut tout ce temps pour comprendre et réaliser l'étendue de l'absence. Comme s'il avait fallut autant froid au dehors pour se rendre à l'évidence de celui qui lui gelait les os. Des lambeaux de douleurs qui s'échouaient sur les plages de février, plus féroces parce qu'il ne savait même pas, un jour avant, qu'une telle douleur pouvait exister. Il s'était alors laisser aller à écouter le cri silencieux et puissant de son cœur qui aboyait une détresse aussi infinie qu'insondable sans savoir si, un jour, quelqu'un la percevrait.

Mars : dans le fond d'une ruelle, un couple et leur chien tentaient tant bien que mal de tromper le froid en se collant les uns aux autres, protégés par de minces couches de carton pas tout à fait étanches. Le plus dur, pensaient-ils, c'étaient les regards torves que leurs lançaient les habitants du secteur, cette petite dose de mépris qui jalonnait leur quotidien.

Avril : les ciels menaçants de novembre s'étaient trompés de saison et prenaient tout l'espace disponible. Une femme se battait contre les moulins à vent des problèmes de communication qui sans être jamais vraiment fondamentaux sapaient confiance et air d'aller. Rien de vraiment dramatique, mais la perpétuelle aiguille au talon qui l'empêchait juste assez d'avancer pour qu'elle ait une envie farouche de retourner de là où elle venait, tout en sachant pertinemment que la guerre civile était sans doute bien pire que sa situation actuelle.

Mai : dans des dizaines de maisons inondées, des gens s'affolaient voyant toute leur vie s'effriter dangereusement sous l'influence de l'eau. Ils avaient beau crier, hurler, tempêter, rien ne pouvait faire en sorte qu'ils seraient remarqués ou écoutés davantage parce que les besoins étaient si nombreux. Comme si dans ce cas précis, la loi du nombre jouait en leur défaveur. S'ils faisaient les premières pages des journaux pendant quelques jours, ils savaient bien que c'était pour être mieux oubliés quelques instants plus tard. Ils prenaient la mesure du fait que la compassion généralisée n'a, en fait, qu'un temps très court, même si le désastre se produit, presque dans notre cours.

Juin : Sur le quai d'un métro, un bandit cravaté, jouait au poker sur sa tablette pendant qu'il discutait d'une transaction louche concernant une fille sans aucune discrétion. Comme si son petit manège absolument pas subtil, n'avait rien de violent.

Juillet : malgré les auspices d'orages, dans un univers champêtre au cœur de la ville, malgré tout, les membres d'une famille élargie avaient décidé de braver les devins et de faire semblant que l'été pouvait exister cette année. Une toute petite moisson de paix et de bonheur en dehors de la saison des fêtes où il devenait un peu plus ardu à chaque année d'en rapailler toutes les parties. À eux tous ils avaient célébré juste assez l'été pour que ce dernier, se décide enfin à arriver.

En tout cas, c'est le rêve que j'en ai.

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jeudi, juillet 13, 2017

Besoin de vacances?

Il me semble avoir écrit, récemment (genre dans mon dernier texte) que je n'avais pas vraiment besoin de vacances. Eh bien je vous mentais, ou bien je me mentais, c'est selon. Pas tant que mon travail soit trop taxant pour mes moyens, de ce côté, ça va plutôt bien. Il y a, bien entendu, la kyrielle de quidams qui vous saute dessus sans aucune raison valable pour vous enguirlander, mais ça fait partie des risques du métier que je pratique. Ça fait assez longtemps que j'y baigne pour le savoir et ne pas trop m'en faire.

En fait, ce qui m'irrite, cet été, c'est qu'il me semble que je doive aiguiser mes réflexes à la vitesse grand V en toutes formes de circonstances. Peut-être est-ce un effet du vieillissement, ou peut-être que c'est autre chose complètement. Toujours est-il que je me sens complètement dépassée par un manque de civisme généralisé qui semble m'entourer. Il y a quelques soirs, j'effectuais le transfert entre la ligne orange et la ligne verte et lorsque j'ai tourné sur le quai de la gare pour me diriger vers l'endroit où j'aime prendre le train, quand une enfant d'environ trois ans a subitement surgi sous mes pas. Je me suis donc arrêtée pour ne pas l'écraser, mais derrière moi, une jeune femme impatiente, n'avait que faire de comprendre mon arrêt soudain et m'a copieusement engueulée parce qu'elle s'est enfargée dans moi tout en textant furieusement sans regarder vraiment où elle allait. Je n'ai rien dit et ai récolté en retour, le sourire reconnaissant d'un papa qui rattrapait le bras de sa petite fugueuse.

Cependant, je peux vivre avec les foules de piétons sans trop de difficultés. Ce qui me met les nerfs en boules plus que tout, ce sont les cyclistes, dont je suis. Je suis sans doute pas mal nunuche, sauf que comme je l'ai déjà mentionné dans ces pages, je suis le code de la route : sauf que je crois bien être la seule foutue cycliste à le faire. À Montréal en tout cas. Aujourd'hui, je suivais/précédais une femme qui brûlait tous les stops et les feux de circulation, tout en adoptant, entre deux la vitesse d'une tortue handicapée et qui maugréait sans arrêt à chaque fois que je respectais un arrêt obligatoire.

Le pire du pire par ailleurs, c'est l'Avenue du Mont-Royal. Il n'y a pas un maudit chat, cycliste ou piéton, qui respecte en aucune façon le code de la route à cet endroit précis. Ma lumière est verte, très verte, et partout autour de moi surgissent piétons et cyclistes comme si les rues n'en étaient pas. J'ai beau me trouver des itinéraires comportant des feux de circulation, il ne me sont d'aucune espèce d'utilité, c'est la jungle la plus totale et je suis quotidiennement surprise que cette avenue ne fasse pas davantage de morts. Joual vert, tout le monde sait ce qu'un feu rouge veut dire, en tout cas tout le monde ayant atteint l'âge de raison. J'ai parfois envie d'oblitérer cette rue du paysage montréalais tellement les gens qui y circulent ne savent pas vivre, mais je me passe souvent la réflexion que si ça arrivait, les délinquants du code de la route trouveraient bien une autre artère pour être complètement inconscients.

Bref, j'ai le sentiment oppressant qu'à tous les jours ma patience civique s'amenuise à chaque battement de cœur tandis que mon impatience grandit au même rythme. Ce qui me fait croire que des vacances, j'en ai besoin, ou à tout le moins de sortir du rythme effrénée de la ville sans quoi, je vais virer complètement folle, je vous le garanti.

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dimanche, juillet 09, 2017

Comme un parfum d'indépendance

Fa que c'est ça. Pour la première fois depuis belle lurette, je suis totalement indépendante. J'ai vécu tant et tant d'années engoncée dans mes dettes, des limitations liées à cet état de fait que je n'en avais presque plus conscience, sauf que je savais bien que ces limites existaient et que dans une certaine mesure, elles étaient de mon fait. Dans une certaine mesure, parce que je peux affirmer que la dépression a largement participer à creuser le tombeau de mes dettes : j'étais à cette époque totalement incapable de travailler et à fortiori de rencontrer mes obligations financières.

J'avais développé toutes sortes de manières de faire afin de contourner mes frontières, pour me donner l'impression qu'elles n'existaient pas. En fait, j'ai appris à vivre selon mes moyens, ce qui, je le suppose, est une bonne chose. Mon pêché de dépenses impulsives, le seul que je n'ai ni cherché à tenir en laisse ni réussi à diminuer, demeure la culture en générale et les livres en particulier. Je me suis permis de voir des spectacles, malgré une pauvreté certaine et n'ai jamais ajouter l'achat d'un livre à la colonne de mes dépenses, malgré le fait que ça en ait été.

Et puis, dans cette longue, très longue traversée, j'ai pu vivre, quelquefois, à l'extérieur des limites qui m'étaient imposées. Grâces à des amies qui m'ont aidée à voyager. En groupe tout d'abord, puis toute seule. Mais sans elles, même si j'avais la possibilité de me payer ces voyages, je n'aurais jamais pu partir. Parce que pour voyager, de nos jours, ça prend une carte de crédit. Ce que je n'avais plus. Oh, j'en avais bien eu, deux fois plutôt qu'une, mais j'avais cessé d'en payer le solde quand je luttais pour survivre. Pas raisonnable, pas responsable, c'est vrai. Mais bizarrement, je ne regrette toujours pas les choix que j'avais fait à l'époque, peut-être parce que j'ai du repartir au bas de ma propre échelle pour me reconstruire toute au complet.

Ce printemps, mon colocataire et moi avons, d'un commun accord, décidé que nous allions casser maison l'an prochain. Sans heurts ni disputes à l'horizon, simplement une écœurite aiguë de l'appartement des deux côtés et une envie d'aller voir ailleurs, avec d'autres gens ou seuls ce que la vie pourrait nous apporter. Par voie de conséquent, je sais très bien qu'un voyage printanier ne sera pas dans mon horizon des possibles.

J'ai donc décidé de retourner à Cuba, toute seule, je commence à en avoir l'habitude et surtout à y prendre un réel plaisir. Mais cette fois, j'ai pris ma décision toute seule, magasiner sans avoir à en parler à personne et payé, rubis sur l'ongle, cette première folle dépense depuis que j'ai enfin acquis mon indépendance. Je ne suis pas excitée, ni apeurée comme la première fois que je suis partie seule. Je n'ai même pas tant besoin de vacances. Mais je crois que j'avais besoin de le faire par moi-même, pour la première fois de ma vie. Comme si j'avais pris la décision, plus ou moins consciemment, de porter un parfum d'indépendance.

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jeudi, juillet 06, 2017

Papa est là

Des fois, moi, je voudrais être presque grand. Il me semble qu'il y a tellement de choses à voir, à vivre, à découvrir dans la vie, j'ai l'impression de ne pas avoir assez de minutes de disponibles pour tout apprendre ce que je voudrais apprendre, vite, vite, vite. Il m'arrive donc de refuser obstinément de faire ma sieste. Sauf que je ne suis pas encore tout à fait grand alors si je ne fais pas ma sieste, après je suis pas mal moins de bonne humeur que d'ordinaire. Tout me dérange et je pleure beaucoup. Pas longtemps, ça ne prend jamais grand chose pour me changer les idées, sauf que je suis davantage un rieur dans la vie qu'un grand pleureur.

L'autre après-midi donc, je n'ai pas fait ma sieste. Alors quand on est allés rejoindre Grand-mamie et Tatie au Club, j'étais un peu grognon. Pas assez pour ne pas leur faire des saluts de duchesse de carnaval en les apercevant de loin. Je suis toujours content de voir Grand-mamie, et pas mal toujours content de voir Tatie, je ne suis presque plus gêné dans les premières minutes avec elle. Et puis, elle est tellement contente quand je lui dit : « Tatie », je peux bien faire l'effort de ne pas être trop gêné.

Je pense que j'étais supposé faire des choses avec Grand-mamie et Tatie, mais quand je suis fatigué et un peu grognon, c'est Papa que je veux. Je veux faire tout ce qu'il fait, quand il le fait. Il est si habile. Avec un grand bâton il sort des poissons de l'eau comme par magie. Mais je n'ai pas le droit de toucher aux poissons. C'est juste lui qui peut le faire et même si je lui dit : « Nanan, Nanan! » Il ne me laisse pas même pas essayer. Alors je pleure, pleure, pleure, pendant une grosse minute en disant « Papa est là, Papa est-là ». Grand-mamie dit que je verse des larmes de crocodiles et elle m'amène faire d'autres choses super intéressantes comme arroser des fleurs. Je suis super bon, même si j'ai besoin d'aide pour transporter les arrosoirs quand ils sont pleins. Mais quand je m'érafle le pouce, il y a juste Maman pour soigner ma douleur, je coure vers elle en disant : « Bobo maman, bobo ». Alors elle me fait des bisous doux qui effacent tout.

C'est bizarre, parce qu'il n'y a pas beaucoup de gens au Club. Je pense que c'est parce que le grand bain il est brisé. L'eau est toute noire et il est INTERDIT d'aller le regarder de près. Dès que mes petits pas s'en rapprochent, j'entends des « Zazou, ne vas pas près de la piscine! » alors je change ma trajectoire, toujours un peu déçu.

On est tous allés manger à la maison. Un peu tard pour mon petit estomac. Je chignais encore davantage. J'étais bien content quand j'ai enfin mangé mes patates et mon poulet. Mais les patates étaient un peu salissantes, oranges et mauves, il fallait que Maman et Papa me nettoient régulièrement les mains, je n'aime toujours pas qu'elles soient sales. Mais quand je suis fatigué, j'ai moins d'appétit, et plus envie de faire des folleries. Alors, je me gargarise avec mon eau, tout en gardant une bouchée cachée et Maman me dit avec sa plus grosse voix que je dois tout croquer sinon, elle ira chercher la bouchée avec ses doigts et m'ôtera même mon eau. La vie est terriblement injuste quand on pas encore vingt mois.

Après mon bain, Grand-mamie et Tatie ont dit qu'elles devaient s'en aller pour aller faire dodo. Je ne l'aurais jamais avoué, mais j'étais presque soulagé qu'elles partent si tôt parce que je ne sais vraiment pas comment j'aurais pu rester réveillé, même cinq minutes de plus.

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dimanche, juillet 02, 2017

Cervelle de spaghettis

Des fois, je me demande s'il y a effectivement une cervelle dans ma boîte crânienne. Surtout quand je prends une décision sciemment et qu'une fois que j'ai les deux pieds dedans, je me demande bien à quoi j'ai penser avant de la mettre en opération. Par exemple, emprunter la piste cyclable sur Rachel un samedi soir à 21. Je sais depuis des années que c'est à peu près le pire endroit où circuler en vélo au monde, que les portes des voitures s'ouvrent à n'importe quel moment et que les piétons surgissent constamment sans aucun égard pour les cyclistes qui l'arpentent.

Je me suis aussi posé ce genre de question le dernier dimanche de la présence des Géants, à Montréal. Je m'étais fixé ce jour pour aller me chercher un nouvelle ordinateur et je n'ai pas penser une seconde que ce serait plus qu'une mauvaise idée. Bien évidemment, j'ai vécu un calvaire, par ma propre faute ou celle de mes synapses qui, à certains moments, refusent de faire des liens de cause à effet. J'ai quitté la maison à vélo pour rapidement me rendre à l'évidence que c'était quasiment impossible de circuler. Je l'avais donc abandonné quelques coins de rues plus loin, décidée à continuer mon chemin à pied. Je m' rendue de cette manière jusqu'à la Grande bibliothèque et je jure qu'il y avait de la congestion sur les trottoirs.

J'avais laissé tomber mes livres dans la chute prévue à cet effet et je m'étais dit que le métro était certainement la meilleure solution pour me rendre au centre-ville. Ben non, toi, ce n'était pas une si bonne idée. Le quai était bondé comme au pire moment d'une longue interruption de service, parce que Géants pas Géants, on était sur l'horaire du dimanche. À force de coups de coude et de pas de travers, j'avais tout de même réussi à monter dans un wagon pour me rendre à destination, arrivant sur place quasi échevelée.

La bannière que j'avais sélectionnée étant davantage connue pour ses bas prix que pour l'excellence de son service à la clientèle, ça avait pris un temps fou avant qu'un commis ne vienne me voir. J'avais pas mal arrêté mon choix, mais je lui avais laissé une chance de me présenter ses produits. Sauf qu'il avait fait une erreur monumentale me concernant, je lui avais expliquer mes besoins, clairement et il avait débuté en me présentant des machines au prix exorbitant. Quand je lui avait annoncé la limite maximum de mon budget, il avait chercher l'unique ordinateur qui répondait à cette limite. En bref, j'avais l'impression qu'il voulait sa commission et non ma satisfaction.

J'étais ressortie avec le bolide qui m'avait préalablement fait de l'oeil, et comme ce n'était pas si pas si léger que cela, j'étais rentrée en métro. Erreur. Parce que les Géants terminaient leur course justement à ma station et quand j'y étais arrivée, j'étais incapable de sortir parce qu'il y avait tellement de gens sur le quai qui se bousculaient pour rentrer dans le wagon que c'en était presque un tsunami. On me poussait résolument vers le fond du wagon jusqu'à ce que je hurle « Laissez sortir les gens tabarnak, et vous aurez peut-être la chance d'avoir une place! » Ça avait sidéré juste assez de quidams pour que je puisse m'extirper de la foule tout en me disant que ma mère ne serait sans doute pas très fière de mes harangues publiques.

Mais comme je suis rentrée chez-moi sans autres dommages, je me suis dit qu'elle me pardonnerait cette incartade.

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