jeudi, novembre 29, 2018

Noir réveil

On avait été avertis : à 6h30 le matin du 28 novembre, l'électricité serait coupée dans notre secteur pour des travaux d'infrastructures. Le savoir ne change pas grand chose aux désagréments ressentis. Heureusement, je travaillais. À l'origine je devais travailler de soir, mais j'ai des collègues généreux et souples dans leurs disponibilités ce qui fait que j'ai pu sans trop forcer, changer mon horaire de travail pour m'adapter à la réalité de cette coupure électrique.

Je déteste manquer d'électricité. Et, tard ainsi à l'automne, quand les journées sont parmi les plus courtes de l'année et que les bises hivernales ont déjà commencées à souffler doucement sur la ville, je dois avouer que j'étais pas mal stressée avant même de vivre cette réalité. J'ai très mal dormi la nuit avant. Ayant peur, bien entendu, que la coupure ait lieu avant l'heure indiquée et que mon cadran ne fonctionne pas. D'accord, je pouvais mettre une alarme sur mon téléphone, ce que j'ai évidemment fait, mais mon téléphone dort dans le salon tandis que je dors dans mon lit. L'entendrais-je? Je ne sais pas vraiment pourquoi j'en doutais, j'ai une bonne audition et mon appartement n'est pas assez grand pour que je manque le signal. N'empêche que ça me stressais alors je me suis réveillée à peu près à toutes les heures.

Par conséquent, je me suis levée quelques minutes avant que mon cadran ne s'allume et j'ai rapidement fait mon déjeuner et surtout mon café matinal histoire d'être certaine de pouvoir profiter d'une bonne gorgée du breuvage chaud avant que toutes les lumières ne s'éteignent. Tous les occupants de l'immeuble avaient été dûment contacté par la société d'état et la concierge avait pris la peine de mettre des affiches dans les corridors pour s'assurer que tous savaient bien ce qui les attendraient en ce sombre matin de novembre.

D'habitude, lorsque je me lève à de telles heures, j'entends peu de bruit autour de moi, je me sens un peu comme dans un cocon feutré, un peu exclu du monde. Mais hier matin, on aurait pu se croire en pleine fin d'après-midi tellement l'activité était intense dans tous les appartements. Radios, cafetières, télévisions et tutti quanti, fonctionnaient gaiement dans toutes les directions. L'autobus que je voulais prendre passait à 6h43, soit juste au bon moment pour me permettre de quitter l'appartement à peu près au moment de la coupure.

J'étais en train d'enfiler mon manteau quand tout s'est brusquement arrêté. Il faisait tellement noir que j'ai eu toutes les peines du monde à trouver et enfiler mes bottes. Heureusement, des lumières de sécurité éclairaient faiblement le corridor ce qui m'a permis de trouver mon sac sans trop de difficulté avant de m'enfoncer dans la nuit encore présente.

Dans l'autobus, j'ai réalité que j'avais oublié de débrancher mon ordinateur. Alors j'ai eu peur que celui-ci ne grille lors de la reprise du courant.

Comme vous pouvez le constater, il n'en fut rien et votre petite scripteuse bihebdomadaire en est bien soulagée.

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dimanche, novembre 25, 2018

Effets de perspectives

Dans une société où l'on repousse le concept de la vieillesse, l'idée même de la mortalité devient presque floue. Pourtant, personne n'y échappera. C'est écrit dans le ciel, qu'on le veuille ou non. Mais bien entendu, malgré le fait que nous portions collectivement des œillères cette réalité finit tôt ou tard par nous rattraper. Cet automne, elle me frappe de plein fouet. Parce que tranquillement, mais sûrement, ces départs pour l'éternité sont ceux des gens de la génération de mes parents.

Jusqu'à très récemment, il me semblait que la mort venait chercher des gens qui étaient loin devant moi, aïeux âgés que je connaissais que très peu. Sauf que, ce matin j'ai appris le décès de l'ex-mari d'une amie de ma mère. Je ne peux pas dire que je me souvienne bien de lui. Je n'avais pas dix ans quand il s'est séparé ça fait donc quelque chose comme trente-cinq ans que je ne l'ai pas croisé. Il existe cependant, dans ma tête, quelques photos assez vives de l'homme. Généralement en costume de bain parce que nous allions à un chalet dans sa famille et que c'étaient des moments heureux de mon enfance. J'imagine bien que je l'ai aussi vu à d'autres moments que durant ces journées estivales qui me plaisaient tant, mais je n'en garde pas de trace dans ma mémoire faillible.

Il avait soixante-quatorze ans. Mes grands parents maternels sont morts beaucoup plus jeunes que lui. Et je les trouvais si vieux. Peut-être l'étaient-ils davantage que ceux des générations suivantes au même âge. Je ne sais pas. Ce que je sais cependant, c'est que par un effet de perspective biaisée et sans doute particulière, je ne trouve pas ma mère vieille. Ni la plupart de ses amis d'ailleurs, en tout cas, ceux que je croise encore de temps à autres. On ne se voit pas vieillir, on passe les jours sans trop s'en rendre compte et on se réveille un matin avec quelques cheveux blancs sans trop savoir quand ils sont venus agrémenter sa chevelure.

Si le temps qui passe me heurte particulièrement cet automne, c'est sans doute parce que parallèlement, beaucoup de personnages publics que j'ai toujours connus, s'éteignent jalonnant de leur fin de parcours l'année qui s'achève. Et dans la plupart des cas, on s'accorde pour dire qu'ils ont eu une belle vie bien remplie et qu'ils sont mort de leur belle mort. Pour ma part, j'en voyais une bonne part comme des géants immuables qui seraient toujours présents. Mais, évidemment je me trompais.

Ça remet en perspective la brièveté de l'existence, de ce passage conscient sur une planète qu'on malmène en refusant de voir plus loin que le bout de notre éphémère présence. Je n'ai plus vingt ans, je n'ai même plus trente ans. J'ai sans doute vécu plus de la moitié de ma vie. Je vieilli. En fait, je ne le réalise pas très souvent, sinon en regardant grandir les enfants de ma sœur. Parce qu'eux changent à une vitesse si fulgurante qu'on ne peut faire autrement que de réaliser que le temps a passé, même si ce n'est que deux semaines ou un mois.

Je vais devoir me préparer mentalement à voir s'étioler la génération qui me précède, et, inévitablement la mienne.

Ça laisse bien des réflexions philosophiques en perspective...

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jeudi, novembre 22, 2018

Changement de garde

Il fait froid, très froid et pourtant l'automne n'est pas encore terminé. Mais quel automne? Il me semble que cette saison n'a pas existé cette année, nous sommes passés sans transition de l'été caniculaire à un hiver précoce. Comme a chaque transition saisonnière, j'ai pu observer des changements dans les habitudes des teneurs de portes des différentes stations de métro comme si tout le monde se préparait à reprendre ses quartiers hivernaux. Ainsi qu'une certaine passation de connaissance. J'ai vu un habitué expliquer les rouages du métiers à un tout jeune homme, qui visiblement débutait sa carrière de teneur de porte. Je ne savais plus si je devais être triste, choquée ou soulagée de constater cette forme d'entraide, même si c'est pour arriver à payer une dépendance qui n'est pas jojo.

Parallèlement, a plupart des marginaux qui vivent dehors ont réintégré les corridors du métro. Je ne les en blâme absolument pas, au contraire, c'est un moyen accessible de se tenir au chaud et en vie, selon toute probabilité. Ceci étant établi, ça signifie aussi que la quête recommence dans les wagons. Après la trêve estivale, les usages du transports en commun doivent se préparer à se faire quasi harceler durant leurs trajets, le plus souvent par des hommes pas très polis et très insistants. Si je n'aime pas tant me faire solliciter de manière pressante, je suis parfois presque soulagée de les revoir, année après année, parce que si je ne les connais pas vraiment, les savoir en vie apaise ma conscience.

Le retour de la bise signifie aussi le retour d'Éric dans les wagons de métro. Sur toutes les lignes à toutes les heures, m'enfin dès que que le soleil est descendu derrière la ligne d'horizon sans quoi son discours perdrait de la portée. J'ai déjà parlé de lui dans ces pages parce que je l'avais croisé deux fois dans un intervalle très court. Il raconte toujours la même chose, sur le même ton. Les refuges sont pleins, il n'a pas pu trouver de place, c'est l'hiver et il veut se laver et dormir dans un lit chaud quelque part où on l'acceptera pour une somme très modique.

Je ne sais pas ce qu'il fait avec l'argent qu'il récolte, je serais très surprise qu'il l'utilise vraiment pour se loger et se laver à tous les coups. C'est une manière comme une autre de quémander. Et comme je le vois souvent, je sais qu'il ramasse beaucoup plus que la somme dont il a censément besoin. Lui ne me reconnaît certainement pas, mais moi, ça fait un moment que j'ai imprimé son visage dans le fond de mes rétines. Je sais qui il est avant qu'il ne parle et j'ai généralement une bonne idée du moment ou il débutera son laïus. Il s'arrange toujours pour quitter les wagons lorsqu'il peut facilement changer de ligne

Évidemment, avec le froid de canard qu'il faisait hier soir, il arpentait les wagons. Mais je ne l'ai pas cru davantage cette fois que les fois précédentes. De toute manière, ça fait longtemps que j'ai décidé que je ne donnais pas dans ces circonstances et le fait que je ne demeure plus dans le centre-ville n'y change rien.

C'est pourquoi j'ai eu un petit pincement au cœur quand j'ai allumé la radio au sortir des tunnels pour entendre un responsable de refuge pour hommes annoncer que tout était plein pour la soirée, parce que la froidure était tombée tellement tôt cette année que ces derniers n'avaient pas encore eu le loisir d'organiser les rallonges nécessaires aux grands froids.

Je ne crois plus Éric depuis longtemps et pour la première fois depuis que je le croise, je me suis sentie vraiment coupable.

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dimanche, novembre 18, 2018

L'anniversaire d'un Roy

Cette semaine, j'ai eu trois ans. Et ça a été ma fête tout le temps! Parce que mon anniversaire c'est le 14 novembre, je le sais et je le dis fièrement. Mais des fois, ma fête, c'est en même temps que la fête de quelqu'un d'autre. C'est arrivé à la garderie. Maman m'avait fait un gâteau au chocolat de Minion Batman. J'étais content, il était bon et je trouvais que c'était le plus beau. On a chanté bonne fête à moi et aussi bonne fête à l'ami dont c'était aussi l'anniversaire. On a partagé. C'est important de partager, même sa fête. En tout cas, moi j'ai appris cela cette année.

Un autre jour, hier en fait, on a eu de la visite à la maison. Il y avait Papi et Guy-Guy et les cousins et leurs parents. J'ai beaucoup joué avec les cousins. Ils sont grands, grands, grands et ils connaissent plein de jeux. J'ai couru partout et j'étais bien fatigué à la fin de ma journée. Mais avant, on a mangé du chili. Moi j'aime beaucoup ça le chili. Sauf qu'il est arrivé un petit accident : mon beau chapeau d'anniversaire est tombé dans mon chili et après je ne pouvais plus le mettre. Ça a fait rire les autres, alors moi aussi j'ai ri plutôt que de pleurer.

Aujourd'hui, je croyais que c'était fini, mais il me restait une surprise. Quand je me suis réveillé de ma sieste, Grand-Mamie est arrivée avec Francis et Tatie. J'étais content. Ça faisait longtemps que je ne les avais pas vus chez moi tous en même temps. Ils m'ont apporté des cadeaux. Un casse-tête de chat, des livres que j'ai bien hâte de lire avec Papa et Maman et un beau Playmobil d'aquarium. C'est mon premier jeu de grand. Il faut que je fasse bien attention à ne pas jouer par terre parce que Coccinelle pourrait mettre les petits morceaux dans sa bouche et s'étouffer. Elle, elle ne sait pas encore qu'il ne faut pas manger les petites pièces. Alors, je dois faire très attention quand je joue avec mon jeu de grand garçon.

J'en ai bien profité. Mais ce que j'ai préféré c'était de danser avec Maman quand on écoutais le disque de Madame Bidoune. Maman dit que madame Bidoune c'est Coccinelle, parce qu'elle aussi elle fait ses choses dans son coin. Elle sort les jouets de sa boîte, et les apporte avec elle un peu partout. Elle marche sur ses quatre pattes maintenant Coccinelle. Pendant que je dansais avec Maman, ma sœur elle dansait avec Grand-Mamie et Papa chantait avec nous. Francis et Tatie eux riaient en nous regardant. C'était très agréable.

Et comme aujourd'hui je suis un grand, j'ai décidé d'appeler Tatie « Mathilde ». Personne n'a eu l'air de trop s'en apercevoir, mais moi je trouvais que quand on est grand on peu dire des fois Mathilde et des fois Tatie. On a aussi chanté « bonne fête » Cette fois c'était juste pour moi, avec toutes les chansons qu'on de fête qu'on chante dans cette famille. Et j'ai soufflé d'un coup et tout seul, toutes mes bougies. J'étais ravi. Presque qu'autant que lorsque j'ai demandé à tout le monde d'attendre avant de m'écrier : « 1-2-3... Mangez! »

Finalement les invités sont partis, Maman et allé coucher Coccinelle pendant que je restais au salon avec Papa pour enfin découvrir mes nouveaux livres et peut-être aussi en relire quelques uns que je connais déjà.

Cette semaine c'était l'anniversaire d'un Roy et j'ai beaucoup, beaucoup aimé ça.

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jeudi, novembre 15, 2018

Tourneboulée

Hier, c'était l'anniversaire de Zazou. Trois ans. Depuis quelques mois, lorsqu'on lui demandait quel âge il avait, il répondait qu'il avait 9 ans et demi mais qu'il aurait 3 ans le 14 novembre. Il est à une période de sa vie où les chiffres n'ont pas tellement de sens, en tout cas, c'est ce que je crois. J'ai eu l'idée de l'appeler pour lui souhaiter un joyeux anniversaire, même si je sais que nous ferons une fête de famille en fin de semaine pour souligner l'événement.

Parce que je travaillais de soir le jour de son anniversaire, je l'ai appelé la veille. Mais appeler Zazou, ça veut dire le faire via facetime, pour lui, parler au téléphone, ça se fait de visu beaucoup plus qu'avec un appareil collé sur l'oreille. Les temps changent. Mais les enfants eux, restent des enfants. Je crois qu'il était content que mon appel soit pour lui. Même si comme à bien des moments où je suis en contact avec lui, il est un peu timide au début, pas tout à fait disponible et surtout passablement excité.

Je dirais que je n'ai pas appris grand choses de ses récentes activités. J'avais beau poser des questions, il passait le plus clair du temps qui nous a été imparti à tourner le téléphone dans tous les sens pour me montrer qu'il savait sauter par-ci ou courir par-là, etc. Il m'a bien montrer de jolis bricolages de sa création et quand je m'étonnais de son talent, il souriait satisfait, et passait à un autre sujet en promenant le téléphone dans tous les sens.

Et quand sa mère essayait de me placer dans une situation plus stable, Coccinelle se mettait de la partie en appuyant un peu n'importe où dans l'écran, le faisant virer au noir, ou en caméra inversée ou encore sur pause. Mettons que j'ai passé beaucoup de temps au téléphone dans mon adolescence, mais jamais je n'aurais pratiqué ces heures de conversation dans des circonstances ressemblent de près ou de loin à l'appel de mardi soir.

Je ne sais pas trop comment ma sœur a réussi son coup, un truc de mère je suppose, mais elle a fini par poser la bonne question à son fils pour qu'il ait envie de me raconter une anecdote de garderie : il avait fait de la pâte à modeler, play doh en anglais, dixit le bambin de trois ans. Il avait commencé par se faire une canne-à-pêche, pour faire comme Papa, sauf que s'il boulait telle partie et tournait telle autre (je n'ai honnêtement pas trop compris où était son mécanisme), la canne-à-pêche se transformait en fusil. Par voie de conséquence j'ai été copieusement mitraillée par sa création imaginaire, parce qu'on ne peut décemment pas parler de fusil sans en faire le bruit.

Cet appel aura duré tout au plus 7 minutes. Mais j'en suis sortie complètement tourneboulée. J'avais sérieusement le tournis à force de me faire promener dans tous les sens. En fait, ce n'est pas assez fort pour décrire mon état d'hébétude et de mal de tête. La réalité c'est que je venait de comprendre à quoi pouvait bien ressembler un passage dans le Traboulidon. Zazou ne comprendra certainement jamais la référence, mais sa maman sans aucun doute.

Ceci étant dit, il n'est absolument pas exclu que je réitère l'expérience pour une autre occasion. Qui sait ce que je pourrais apprendre à mon prochain passage dans le Traboulidon?

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dimanche, novembre 11, 2018

Éclats de rêves

Ça faisait plusieurs mois que je me disais que je devrais aller me promener dans les rues de mon quartier. Mais je trouvais toujours le moyen de remettre cette activité à plus tard pour toutes sortes de raisons, plus vaines les unes que les autres. J'ai fini par faire part de mon projet à ma mère et à l'inviter à m'accompagner, histoire de me donner une forme d'obligation à tenir parole envers moi-même. C'est ainsi que nous avons entrepris de nous balader dans le Parc de l'île-de-la-Visitation. J'avais envie de voir un endroit qui serait à peu près resté identique au souvenir que je m'en faisais.

Si effectivement, j'ai trouvé un parc bien préservé, je dois me rendre à l'évidence que mes souvenirs eux, le sont pas mal moins. Du moins une partie d'entre-eux. Je ne sais pas pourquoi, j'avais dans l'idée que mes grands-parents paternel avaient un jour changé de domicile durant mon enfance. J'en étais totalement persuadée. À un point tel que je pouvais identifier un immeuble et une adresse correspondant à ce souvenir. Ma mère me dit que c'est faux. Comme elle était adulte et moi enfant, je crois que sa mémoire est beaucoup plus fiable que la mienne sur ce sujet. N'empêche que ça remet en question beaucoup de choses que je crois savoir parce que ça met en lumière les biais de mémoire involontaires qui jalonnent nos parcours de vie.

Bien entendu, je sais très bien que parfois, surtout quand j'écris et pour les bienfaits du texte, je modifie un peu la réalité. Je ne l'annonce d'ailleurs pas toujours, après tout, mon blogue n'étant pas un journal, je peux bien me permettre de jouer un peu avec le réel afin de le faire caser dans la forme que j'ai choisi de lui faire adopter. Mais d'autres fois, je me rend compte que les souvenirs se tordent et se teintent sans vraiment qu'on s'en aperçoive et on fini par ajouter à ce faux réel des couches et des couches d'impressions qui finissent par en faire une réalité jusqu'à ce que celle-ci soit calmement révoquée par un veto maternel. Troublant.

N'empêche que, mis à part, ce rêve (parce que je ne sais pas comment nommer autrement cette invention de ma pensée) qui a volé en éclat, j'ai passé un très bel après-midi à discuter à bâtons rompus avec ma mère tout en profitant d'un site magnifique. Au retour, pour tester mes théories, nous avons emprunter le boulevard Gouin qui est une rue que je trouve totalement fascinante dans cette partie de la ville car elle possède le charme suranné des vieux villages de cartes postales qu'on ne croit pas rencontrer ici. Bien entendu, aux maisons d'antan s'additionnent des bâtisses de tout acabit qui n'améliorent pas nécessairement le paysage, mais j'aime beaucoup m'inventer (cette fois sciemment), une vie de village d'une époque depuis longtemps révolue.

En somme, j'ai passé une bonne partie de la journée en voyage. En voyage dans mes souvenir erronés, dans le passé, le mien et celui de la ville et aussi dans un bout de campagne à deux pas de grosses autoroutes sans que j'en ressente ne serait-ce qu'un peu la présence.

Ce qui m'amène à penser que je devrais me botter les fesses un peu plus souvent pour aller arpenter ce quartier que j'aime à tous les jours un peu plus, pour ses particularités, son histoire et ses habitants.

Il y a des choix comme cela, que l'on ne regrette pas.


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jeudi, novembre 08, 2018

Transport en égoïsme

J'ai la chance d'avoir plusieurs trajets possible du travail à la maison et l'inverse. Avec le temps, j'ai appris lesquels choisir selon mes heures de déplacement. Par exemple, lorsque je travaille de jour, il est plus simple et plus rapide de me rendre à la station Fabre pour attraper le 45 vers le nord parce que cet autobus roule à une fréquence de 10 minutes, en théorie. C'est donc le trajet que j'avais choisi hier, mais j'ai été bien mal avisée de le faire.

D'abord, il ventait à écorner les bœufs tandis qu'une fine pluie s'abattait sur les quidams pris comme moi à l'arrêt. Inutile de sortir le parapluie, ceux qui s'y risquaient voyaient les leurs se retourner à tout bout de champ. La lecture n'était pas non plus recommandée, pas plus que l'utilisation du téléphone pour patienter. On ne pouvait qu'attendre. C'est bien entendu dans ce genre de circonstances que lesdits autobus se font rares. Alors, plutôt que 10 minutes, j'ai du patienter quelque chose comme 25 minutes avant de voir arriver la bête, plus que bondée.

Se faufiler à l'intérieur tenait de l'exploit. Je me suis donc retrouvée coincée près de la première porte arrière à me faire rentrer dedans à chaque arrêt quand quelqu'un essayait de sortir. Dans ce genre de situation, je fais toujours bien attention à prendre le moins de place possible, en commençant par placer mon sac à mes pieds et en évitant de sortir téléphone ou livre. Il faut savoir vivre en société.

Mais, ce n'est pas le cas de tout le monde. Je venais de me dénicher une place quand je me suis aperçue qu'à deux bancs de là, une dame tirée à quatre épingles utilisait deux espaces. Un pour elle et un pour son ses sacs (deux incluant sa sacoche). Malgré le fait que le chauffeur, hurlait à chaque arrêt de svp circuler vers l'arrière, elle ne semblait pas du tout se sentir concernée. Même que lorsqu'une dame âgée lui a demandé de libérer l'espace pour qu'elle puisse en profiter, Madame Quatre-Épingle a répondu que non, qu'elle ne voulait pas se sentir compressée par ses sacs. J'en ai conclu que la jeunesse n'avait pas l'apanage du manque de savoir vivre. J'ai voulu me lever pour céder ma précieuse place à la vieille dame qui en avait visiblement besoin, mais elle a refusé arguant que mon siège était juché un peu trop haut pour ses moyens.

Pendant ce temps, une jeune femme jouait sur son téléphone, son gros sac-à-dos bousculant tout le monde autour d'elle pendant qu'elle s’accotait sur une barre de soutient, la monopolisant à son usage exclusif pour mieux profiter de ses deux mains pour jouer à sa partie de poker en ligne. Elle avait une espèce d'attitude super nonchalante, pas du tout alerte aux signaux de ceux qui voulaient circuler autour d'elle. À un arrêt, un homme l'a enguirlandée copieusement en français puis en anglais tandis qu'elle levait sur lui des yeux perdus en lui demandant « es-tu raciste? » Ça n'avait strictement aucun rapport, même si les deux personnages n'avaient effectivement pas la même couleur de peau.

Moi, j'étais découragée devant cet étalage d'individualisme patent.

Aujourd'hui terminant à la même heure que la veille, j'ai tenu à effectuer le même trajet comme pour m'assurer de briser le mauvais sort et comme de bien entendu, je n'ai pas attendu ni non plus croisé de femme, vraiment, mais alors là, vraiment mal élevée.

dimanche, novembre 04, 2018

Choc de valeurs

Il y a certains types de personnalités avec lesquelles j'ai de la difficulté à composer. Ce ne sont, généralement pas de mauvaises personnes, juste des gens qui heurtent tellement mes valeurs que je dois perpétuellement me tourner la langue dans la bouche 7 fois avant de parler. J'appelle cela des allergies humanitaires.

Tenez cette jeune fille qui fréquente la librairie. Elle porte perpétuellement une moue boudeuse et ça ne lui prend pas d'encouragement pour laisser aller de petites doses de venin sur un paquet de sujets. Souvent, elle est frustrée par ses patrons ou professeurs et c'est généralement parce que l'un deux ne lui a pas accordé la valeur qu'elle croit avoir. Elle fait partie de ces jeunes qui pensent que leur droit est d'obtenir au moins la note de passage. Même si elle n'a pas mis les efforts qu'il faudrait pour réussir un examen ou un travail.

Hier, son sujet de récrimination était ses patrons parce qu'elle s'est fait dire qu'il était inadmissible qu'elle soit en retard, même de quelques minutes. Je ne sais pas pourquoi elle me prend pour sa confidente, d'habitude je suis plutôt transparente avec ce type de personnalité et il est assez évident que je ne les prise pas particulièrement. M'enfin, il semblerait qu'avec elle j'ai complètement raté mon coup. Bref, elle pestait allègrement sur ses méchants patrons parce qu'on lui reprochait ses retards. Elle me disait : « Je ne comprends pas, qu'est-ce que ça leur fout que j'ai cinq ou six minutes de retard? Anyway ils ne me paient pas ces minutes-là! » Il va sans dire que j'étais interloquée. Pour moi, la ponctualité est une valeur cardinale.

Comme je sais d'expérience qu'elle attend de moi une réponse, j'ai continué à classer mes jeux en pensant à ma réponse. J'ai fini par lui dire que selon moi c'est parce qu'un retard même minime avait un impact sur les horaires et la charge de travail de ses collègues et que par respect pour l'ensemble de son équipe de travail, il me semblait important de respecter les horaires qui lui étaient impartis. Elle me regardait de ses grands yeux ronds totalement incapable de comprendre les concepts que je trouvais pourtant clairs. Je n'ai pas poussé plus loin la discussion, après tout, j'étais au travail et elle n'est pas mon amie, mais je me suis demandé quand quel espèce de milieu elle avait grandi si pour elle il était si compliqué de comprendre que sa liberté s'arrêtait là où celle des autres débute.

Heureusement, ce travers n'est pas si répandu, en fait des retardataires il y en a toujours eu, sauf que jusqu'à cette discussion, tous les retardataires que j'ai connu étaient au courant que ce non respect de l'horaire n'est pas leur plus grande qualité, si je peux l'exprimer ainsi.

Entre vous, moi et le barreau de chaise, je ne suis pas certaine d'avoir hâte à la prochaine fois où elle viendra me trouver pour déverser son fiel tout en me disant en même temps que je fais peut-être minimalement œuvre utile en la confrontant dans ses convictions...

Seul l'avenir nous le dira.

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jeudi, novembre 01, 2018

Halloween

Je ne peux pas prétendre que je sois une grande adepte des déguisements. Depuis longtemps. Oh, je le fais de temps à autres quand des amis donnent une fête costumée pour une raison ou une autre, mais je ne suis pas de celles qui prennent un plaisir fous à concocter un personnage pendant des heures voire même des jours. Ce qui fait qu'il m'arrive d'oublier que c'est Halloween le jour J. En fait, j'y pense un peu parce que j'en entends parler à la radio, mais on dirait que l'information me rentre par une oreille et sort directement par l'autre.

Par conséquent, Halloween est une journée pour moi lors de laquelle je vais de surprise en surprise. Hier par exemple, j'ai croisé un homme avec un trou de balle dans le front à 6 heures du matin et il m'a fallut un bonne seconde avant de comprendre que c'était un déguisement. Dans le métro, j'ai vu quantité de personnages plus ahurissants les uns que les autres et à tous les coups je devais me remémorer qu'on était jour de fête pour éviter de trop dévisager les personnes qui avaient pris la peine de se déguiser.

Près de la librairie, il y avait bien quelques personnes costumées parmi les employés ou la clientèle, mais disons qu'ils faisaient office de courageux. Et traditionnellement, Halloween est une une journée pas mal morte en librairie, la plupart du temps. Tout le monde est pressé d'aller habiller ses propres petits monstres ce qui fait que les jeunes familles qui forment le gros de notre clientèle ont brillé par leur absence. Moi, j'étais complètement plongée dans mes mises en marché de nouveautés qui me tombent dessus comme une tonne de briques, alors, bien entendu, j'ai eu le temps d'oublier qu'on était le 31 octobre avant la fin de la journée.

J'ai été rappelée à l'ordre aussitôt arrivée sur la Promenade Fleury. À croire que les employés de tous les commerces avaient l'obligation de se costumer. Il y avait des monstres et des créatures fantastiques, partout autour de moi pendant que des hauts-parleurs sur la promenades faisaient entendre les trames sonores les plus connues des films d'horreur. J'ai beau n'en avoir vu à peu près aucun, je peux facilement identifier la plupart d'entre-elles et les associer au bon film. Entre deux pièces musicales, la rue résonnait de rires déments ou de cris perçants. Disons que ça vous met une atmosphère.

Je ne me souviens plus si, dans mon enfance, la rue était à ce point animée, ce que je sais cependant c'est que je ne pouvais plus oublier que jour on était et quelle fête on soulignait. Parce que même avec les fenêtres et les portes fermées, j'entendais des bribes de l'animation sonore à l'extérieur. Je ne peux pas prétendre que ça me faisait peur, ça m'amusait plutôt.


Et je me suis dit qu'à tout prendre, je préfère de loin une soirée d'Halloween un peu trop bien appuyée à tous les bruits nocturnes que j'ai enduré au cours des neuf dernières années.

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