dimanche, juillet 31, 2016

Exagération, quand tu me tiens

Je crois que je peux affirmer que je suis née conteuse. J'ai toujours adoré les histoires, surtout celles d'avant le dodo dans ma petite enfance. Mais pas seulement. En fait, c'est une qualité que je partage avec mes frères et ma sœur. J'ai des souvenirs d'enfance, lorsqu'on se faisait garder et que nous écoutions attentivement la gardienne nous lire les albums que nous avions à la maison et que nous connaissions par cœur. Nous avions aussi beaucoup de disques qui avaient le même rôle.

J'étais tellement impatiente de pouvoir lire à mon tour pour découvrir les mots sans avoir besoin d'un adultes pour me les traduire. Pas tant parce que ce n'était pas bien fait, mais bien parce que j'étais lasse d'avoir à attendre que ce soit l'heure du conte, elle n'arrivait jamais assez vite pour moi.

Je me rappelle encore de la première fois où j'ai lu, une phrase toute seule. C'était de la magie. L'image au dessus des lettres m'aidait, bien entendu, mais j'avais décodé moi-même les signes mystérieux. Après cette première réussite, le reste a été très vite et pas tout à fait un an plus tard, je lisais un premier roman qui ne contenait presque pas d'images.

Je ne sais pas vraiment à quel moment j'ai commencé à écrire des histoires, mais je sais que je n'avais pas encore quitté l'école primaire. Même dans mes journaux intimes, j'organisais la vérité comme disait ma mère. Je la magnifiais, mais je finissais invariablement par écrire un post-scriptum qui m'expliquait à moi-même que j'avais exagéré.

Ce trait de caractère, je l'ai gardé, voire même cultivé. Le sens de l'exagération, je veux dire. Tellement que ma supérieure immédiate, dit à qui veut l'entendre, qu'il faut diviser par cinq tous les chiffres que j'avance. Tout cela pour dire que, comme j'amplifie tout, il arrive que lorsque je n'amplifie pas, les gens ne me croient pas tout à fait.

Alors, quand j'affirme que je suis aussi souple que du bois mort, je présume que la majorité des gens se gaussent un peu de l'expression sans y attacher d'importance. Sauf que c'est l'exacte réalité.

La semaine dernière, je faisais un casse-tête. Quand je tombe là-dedans, je m'y lance à fond. J'ai une table à café sur laquelle je fais aller mes doigts et mes méninges en me chantant l'air de Pruneau qui « cherche, cherche dans sa tê-ê-te, où vont les morceaux de son casse-tête ». Et je peux faire cela des heures durant. Généralement, je perds tout sens du temps. Je dois me mettre des alarmes afin d'éviter de me coucher trop tard, pour tout avouer.

Alors donc, la semaine dernière, je faisais un casse-tête et je me suis étiré un muscle en voulant aller placer une pièce dans un coin dudit casse-tête. Pas un muscle du bras ou de la main, non, ce serait bien trop normal. Non, je me suis étiré l'aine gauche. Bien comme il faut. J'ai passé trois jours à avoir toutes les peines du monde à marcher et mes nuits étaient quasi blanches (sans l'aide de mes voisins) parce qu'à toutes les fois où je roulais sur le dos en dormant, je me réveillais avec l'envie de hurler à la lune.

Fa que, la prochaine fois que vous m'entendrez dire que je suis aussi souple que du bois mort, ayez une petite pensée gentille pour ce manque de souplesse que je qualifierais, disons, d'handicapant...

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jeudi, juillet 28, 2016

Une chanson à détester

Je ne sais pas si vous avez déjà eu l'impression qu'une certaine pièce musicale avait été conçue uniquement pour vous tomber sur les nerfs? Dans mon cas, c'est Nothing esle matter de Métallica. Je n'ai jamais particulièrement aimé ce groupe et la toune me tombait sur les nerfs à l'époque de mon collégial, son côté sirupeux et mièvre n'avait pas su me charmer.

Une dizaine d'année après sa sortie, cette chanson est revenue me hanter, cette fois, par le biais d'une voisine en peine d'amour. En plein moins de février elle faisait jouer en boucle la foutue chanson. Pendant plusieurs jours, elle m'a presque rendue folle. Je l'avais avertie souvent, mais elle ne semblait pas comprendre qu'il y a de la basse dans cette chanson et que ça réverbère le son assez intensément. Et puis, quatre heures consécutives d'une chanson unique, ce serait assez pour tomber sur le système de n'importe qui, surtout si ça ce répète dans le temps. J'avais fini par appeler la police, de concert avec d'autres habitants de l'immeuble tout aussi tannés que moi de sa musique et des demandes polies qui n'aboutissaient à rien. Elle m'avait traitée de tout et n'importe quoi, le jour où elle avait eu une contravention salée. Mais elle avait finalement compris.

Hier soir, j'ai eu le droit à une interprétation à tue tête de tout l'album sur lequel figure cette chanson. Comme, ça avait lieu pendant les feux d'artifices, j'ai supposé que c'était la trame de la présentation de la soirée. Mais non, c'était une lubie de mes voisins anglophones. Ceux pas rassurants du tout avec le bulldog. Ils étaient audiblement très maganés. Je crois qu'il y avait quatre personnes sur le balcon (aussi bien dire dans ma chambre en terme de distance), trois gars et une fille.

Dès que les feux se sont terminés, ils ont éteint la musique, du moins, ils l'ont sensiblement baissée. C'est là qu'ils se sont mis à s'engueuler. En fait, un d'entre eux s’engueulait tour à tour avec les autres. Les gars au départ, parce qu'il n'y avait plus de bière, je pense. Un moment donné, ma voisine du dessus a voulu rentrer chez elle et les gars trop soûls lui lançaient des insanités. En autres parce qu'elles les ignoraient. J'aurais fait la même chose à sa place, franchement j'aurais eu beaucoup trop peur d'eux pour leur parler. Finalement, un mec du voisinage leur a dit que la jeune fille était rentrée chez elle et d'arrêter d'hurler comme cela parce qu'il était rendu pas mal tard pour tout le monde (il était un peu passé minuit). Et soudainement, je l'entend dire : Men! T'es un gros %$/!* de pervers! , You're a pervert! Parce que le gars en question avait décidé de se branler en public (enfin, c'est ce que j'ai compris, je ne suis pas allée vérifier ma perception ).

Après, à peu près tout le monde est parti, sauf la fille et le pervers. Il se sont engueulés copieusement jusqu'à trois heures du matin. M'empêchant ainsi de dormir. Et non, je n'ai pas appelé la police et je ne suis pas allée leur dire qu'ils étaient désagréables et dérangeants. Quelquefois, se taire est la meilleure sécurité.

Tout ça pour dire, que j'ai une raison de plus de détester cette chanson précise et que la prochaine fois que je l'entendrai, je ne pourrais pas faire autrement que de réentendre en boucle la trame sonore de ma soirée, ce dont je me serais bien passé.

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dimanche, juillet 24, 2016

Envie de bouger

Je crois bien que j'aime ça l'été. D'abord, il y a plein de choses nouvelles à expérimenter. Je suis né à l'automne de l'automne et mes premiers contacts avec le monde extérieur se sont faits dans les bises hivernales. Mes parents avaient tellement peur que j'aie froid qu'ils me mettaient milles pelures sur le dos, c'est le genre de truc de grands qui vous limite singulièrement les mouvements. Et puis, j'étais vraiment petit dans ce temps-là, je ne pouvais pas vraiment découvrir le monde par moi-même.

Mais l'été, c'est différent. D'abord, il y a le grand bain. Pas celui dans la maison, l'autre, celui de dehors. Il y a plein de monde dedans, en même temps. Des fois, Grand-mamie me tient et je bouge bien fort les bras et les jambes en avalant beaucoup d'eau au passage pendant que Maman me dit : « Nage, Zazou, nage! » Je ne sais pas trop ce que c'est que nager, mais Maman et Grand-mamie rient beaucoup et me disent plein de bravo quand mes bras et mes jambes ont tout éclaboussé autour d'eux.

Et puis, près du grand bain, il y a la petite maison. Je l'aime la petite maison. Je peux en faire le tour comme je veux. Je suis rendu super bon pour courir à quatre pattes. Je vais vite, vite, vite. C'est beaucoup plus drôle ainsi. En plus, il y a plein de choses que je peux attraper dans mes petites menottes pour me mettre tout seul, sur mes deux pieds. Ça c'est la chose la plus amusante au monde, être debout! Bien mieux que d'être pris dans une chaise ou pire encore être mis sur le dos pour changer ma couche ou mes vêtements, ça c'est vraiment, vraiment plate. Je gigote toujours beaucoup et Grand-mamie m'appelle alors « ver à choux ». Je ne sais pas ce que c'est un ver à choux, mais si ça veut dire ne pas vouloir rester sur le dos, alors je le suis.

Aussi, dans la petite maison, il y a un grand divan bleu et plein de coussins. J'aime beaucoup être sur le divan bleu parce que je peux jouer à être debout et me laisser tomber sur les fesses sans que ça fasse mal. J'ai découvert que si je me laisse tomber fort, je rebondis; ça me fait beaucoup rire.

Mais-là, je suis un peu intrigué par les adultes de mon entourage. En effet, ils me disent continuellement : «Zazou, fait ceci ou fait cela ». Moi je tousse. Je tousse très bien. Je leur montre souvent d'ailleurs. Je fais aussi des « Brrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr » de temps en temps, mais ce n'est pas mon intérêt. J'ai de l'énergie à dépenser, moi. C'est bien plus drôle de bouger, de me lever, de me laisser tomber, de manger tout seul (même s'il faut subir l'épreuve de la débarbouillette après), d'aller battre des bras et des jambes dans le grand bain. Faire des facéties comme « ba-ba » ou « pa-pa » ce n'est pas mon activité préférée. Je vais devoir m'y mettre, je présume, mais je vais marcher avant, par exemple.

De toute manière, tant qu'a faire des sons, j'aime beaucoup mieux chanter. Je le fais tous les soirs avec Maman ou Papa. Après l'histoire, ils me chantent toutes mes chansons préférées et j'en ai beaucoup. Je ne veux jamais m'endormir; tout d'un coup que je manquerais quelque chose, mais à la fin, je me rends et je chante avec eux. Très fort, jusqu'à ce que je m'endorme, épuisé.

Oui, j'aime ça l'été, découvrir le monde qui m'entoure aussi.

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mercredi, juillet 20, 2016

Chapeau, Melon

Je dis souvent que ma première amie a été ma cousine. Ce n'est pas tout à fait exact. En réalité, mon premier ami était Caïd, le chien de mon père qui vivait avec nous à ma naissance. Je n'en ai pas vraiment de souvenirs, sinon des impressions et je sais que j'en ai parlé longtemps après son départ pour la campagne parce qu'il ne cadrait pas dans notre appartement au premier étage d'un duplex. Je me souviens qu'il était mon ami et c'est le plus important.

Chez mes grand-parents maternels, il y avait aussi un gros chien, une chienne en réalité, qui s'appelait Cléo. Je crois qu'elle avait appartenu à un de mes oncles, mais elle vivait toujours chez mes grand-parents quand j'étais toute petite. Elle est morte, j'étais fort jeune, dans ma tête, ça coïncide avec la mort de mon grand-père, d'ailleurs, j'ai longtemps pensé que c'était son chien et qu'elle l'avait accompagné dans une espèce de déménagement qui faisait en sorte que je ne les reverrais plus jamais.

Dans tous les cas, je ne me rappelle pas avoir été particulièrement triste de ces disparitions que je ne comprenais pas vraiment. Bien heureuse insouciance enfantine.

J'ai eu plusieurs animaux de compagnie par la suite, souvent des animaux familiaux qui nous ont tous quittés, un jour où l'autre. Leurs départs ne m'aura pas touchée plus qu'il n'en faut. J'en étais venue à croire que j'avais un certain problème d'attachement avec les bêtes. Je dois avouer que je trouvais généralement que les gens exagéraient largement leurs histoires de deuil d'animaux.

Jusqu'au jour où j'ai emménagé dans l'appartement que j'habite actuellement. Il y avait alors deux chats en résidence et l'un d'entre eux m'a adoptée. Littéralement. Impossible de lui fermer ma porte, le jour comme la nuit, il devenait intenable. Notre cohabitation se passait de la façon suivante : il venait se faire flatter une minute ou deux, ensuite il se couchait sur mon lit pendant que j'utilisais le divan, idéalement sur mon oreiller pour y semer plein de poils longs. Il se déplaçait vers le pied du lit quand j'allais me coucher, jusqu'à ce que je sois endormie, alors il allait s'installer sur le divan pour terminer sa nuit. Dès que je commençais à me réveiller, le matin, je l'entendais sauter en bas du divan et je savais que je n'avais pas beaucoup de temps avant d'aller le nourrir, sans quoi il entonnait une sérénade à réveiller les morts.

J'ai pleuré ma vie quand il a fallut l'euthanasier parce que ses reins avaient cessé de fonctionner. Je l'ai cherché, vu, attendu, des semaines durant.

Aujourd'hui, c'est ma sœur et son amoureux qui pleurent un animal qui les avait adopté. Un gros chien blond, qui était, je dois le dire, un amour de chien. Obéissant, gentil, drôle, mais un peu gourmand. Tellement drôle en fait que j'ai écrit deux textes en me plaçant de son point de vue parce que sa manière de nous regarder me laissait voir une telle intelligence et un amour si inconditionnel pour ses humains que je ne pouvais pas résister à la tentation de le décrire, de raconter cet ami fidèle.

Ce soir, je ne peux que dire : « chapeau, Melon, tu auras eu une belle vie de chien, et surtout tu auras été un un super compagnon pour ceux qui t'aimaient ».

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dimanche, juillet 17, 2016

Trajectoires

C'était un de ces matins à l'aube grise. J'étais debout depuis trop longtemps et il était beaucoup trop tôt pour le commun des mortels. Les rues étaient vides, totalement désertées. Trop tard pour la plupart des fêtards pas encore couchés, mais bien avant l'heure où les bambins ne se lèvent. Pourtant, j'arpentais déjà les rues de Montréal en route vers le premier métro de la journée, pour aucune raison valable sinon que j'avais mal dormi à cause de la chaleur pesante qui lovait la ville depuis quelques jours.

Au coin des rues Amherst et Robin, deux jeunes hommes visiblement amochés étaient assis sur le bord du trottoir, les jambes bien étalées dans l'artère principale vidée de ses habituels occupants. Ils étaient beaux dans leurs approches maladroites pour se draguer. Je sentais, à distance toute l'émotion contenue dans les sourires échangés et les mains qui tâtonnaient l'espace entre elles. J'avais détourné le regard pudiquement, parce que j'avais l'impression de leur voler un moment privilégié.

Quelques pas plus loin, rattrapée par les lumières hallucinantes des néons du métro, je descendais lentement les marches bétonnée quand j'ai été dépassée par une jeune femme radioactive. Vraiment. Elle était vêtue de vert et de noir, cheveux inclus, même si une mèche blonde platine tranchait l'ensemble, évidemment volontairement. Elle portait une salopette dont les bretelles pendaient sur ses hanches et entre lesquelles on pouvait voir un panneau vert fluorescent bardé de l'insigne de la radioactivité. Elle se déplaçait à une vitesse folle, comme si elle courrait le plus vite possible pour échapper à ces éléments chimiques qui la menaçaient.

Cette vision étrange m'avait convaincue que mon insomnie passagère avait été partagée par au moins une autre personne : on ne peut pas déambuler attriqué ainsi sans s'être longuement préparé et elle n'avait absolument pas l'air d'une fille qui venait de passer la nuit debout. Mais bon, je me trompais peut-être, après tout ce n'était qu'une interprétation.

Entre elle et la guérite, il y avait, bien entendu, quelques marginaux tendant la main, mais comme la matinée était fort jeune et estivale, ils étaient beaucoup moins nombreux que durant les matins d'hiver qui ressemblent à la nuit. Mais il y avait cette femme, bizarrement allumée qui accostait tous les duos qui croisaient sa route en leur demandant ce qu'ils pensaient du bonheur et en leur offrant un poème en échange de leurs confidences.

J'avais pris la décision de sortir à la station de métro de mon enfance, pour tuer le temps, parce que je savais bien trop que si je me rendais au travail de si bonne heure, je ne pourrais faire autrement que de travailler justement. Je m'étais installée sur un banc du parc Ahuntsic pour terminer le roman qui traînait dans mon sac. J'arrivais au dernier chapitre quant un enfant d'environ six ans s'était exclamé : « maman regarde, c'est le BGG! Comme le film qu'on a vu hier! » J'avais relevé les yeux, pour voir la lumière briller dans les siens. Je lui avais tendu le livre en lui demandant : Si je te le donne, le liras-tu » Et il m'avait répondu sur un ton recueilli : « Oh oui, Madame, avec plaisir ».

Je lui avais abandonné le volume, ayant l'air d'être particulièrement généreuse, mais je savais qu'il me restait bien assez de temps pour aller chercher la fin de l'histoire dans une copie du magasin, avant le début de mon quart de travail.

C'est un vieux truc d'adulte pour partager la littérature.

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jeudi, juillet 14, 2016

Bang Bang!

J'ai dans la tête une chanson interprétée à l'origine par Cher, mais qui a été reprise en français à de multiples reprises. La version que j'aime est celle de Stéphanie Lapointe et il me semble à l'heure actuelle qu'elle est une trame de fond très pertinente. Il s'agit de la chanson Bang bang.

Malheureusement, ce qui se passe autour de nous ce n'est pas un jeu qui jette à terre, temporairement, les protagonistes touchés par les balles. Ce n'est pas non plus une métaphore pour illustrer la trahison de l'amour qui s'est éteint. C'est la violence réelle, à bout portant, qui ne fait pas de quartier.

Bizarrement, quand ça se passe aux États-Unis, même si c'est beaucoup plus près que chez-moi, je réussi à me convaincre que ça ne m'arrivera pas. Parce que, aussi absurdes, violentes, sanglantes, qu'elles soient, je peux toujours mettre ça sur le dos de l'amour presque maladif que les Américains ont de leurs armes à feu. Mon esprit reptilien peut me rassure en me disant que ces armes, au Québec sont beaucoup moins faciles d'accès et que de l'autre côté de la frontière qui longe le sud de ces pays.

Quand, par ailleurs, on s'attaque, par trois fois, à des zones éminemment touristiques, là j'ai peur. Et beaucoup de peine. Quand j'ai entendu le premier fil de presse à ce sujet, ma gorge s'est serrée et mes yeux se sont remplis de larmes.

Et puis, il y a le symbole de la date. Que l'acte soit commandité ou non, le fait que la frappe ait eu lieu le jour de la fête nationale des Français sur leur propre territoire, ça me met le cœur en charpie. Est-ce que la conclusion que je dois tirer de toute cette affaire c'est que désormais il sera interdit d'afficher quelque forme de fierté nationale sous peine d'être ciblé par des détraqués?

Je suis lasse de cette violence, lasse de la peur. Lasse de la planète que nous donnons en partage aux générations futures. Lasse des désenchantements.

Et surtout lasse du claquement brusque des fusils qui se déchargent pour tuer des gens aussi innocent que moi, mais qui étaient à la mauvaise place au mauvais moment.

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dimanche, juillet 10, 2016

Revendiquer le réel

Je suis la fille de mes ancêtres et porte en moi quelquefois leurs traits, leurs qualités, leurs défauts, leurs valeurs, leurs cultures, l'éducation qu'on m'a offerte et bien d'autres choses encore.

Je puis en reconnaître l'essence, la valeur et même l'importance dans mon propre cheminement. Mais je crois que je suis devenue ce que je suis à travers les mes expériences, les décisions que j'ai prises qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Peut-être même que j'ai pris plus de pouces dans ma croissance identitaires à travers mes échecs que j'ai pu en prendre à travers mes réussites. J'ai essuyé beaucoup d'échecs. Scolaires en premier lieu. Tellement que je me suis longtemps perçue comme pas très performante dans ce domaine et personne n'a été plus surprise que moi de réaliser qu'en fait, je me classais largement au dessus de la moyenne en terminant mon baccalauréat.

J'ai aussi connu mon lot de travers professionnels. Mes ascensions ne se sont pas toutes faites en lignes droites. La plupart du temps, cependant, j'ai remis l'épaule à la roue, admettant mes erreurs, mes travers pour mieux les faire évoluer dans le sens où je me voyais aller. Ça n'a pas souvent été facile, mais je l'ai fait du mieux que je le pouvais.

J'ai eu ma part d'échecs amoureux aussi. Mon célibat plus que prolongé en faisant foi. Malgré les pressions sociales je suis restée fidèle à mon âme romantique quitte à ne pas trouver de compagnon de vie parce que je n'avais pas envie de troquer les conventions à l'Amour, celui que l'adolescente que j'ai été l'avait rêvé.

Je me sais largement plus encline à avouer mes défauts qu'à m'accorder du crédit. J'ai le censeur intérieur qui parle bien fort et qui se ligue souvent avec un syndrome de l'imposteur. Surtout quand j'écris. Je suis émue jusqu'à la moelle quand on me fait des compliments sur mes textes, même s'il m'arrive régulièrement de ne pas vraiment y croire. En tout cas, pas sur le coup. Il me faut parfois du recul avant de pouvoir regarder un texte dans le blanc des yeux et lui dire qu'il n'est pas si anodin que cela, au bout du compte.

Alors quand on me dit que mon talent je le dois à telle ou telle personne de mon arbre généalogique, ça me tue. Bien entendu, je ne suis pas la première de ma lignée (directe ou indirecte) à manier la plume et j'espère que je ne ne serai pas la dernière à le faire non plus. Sauf que je me suis frayé un sentier à force de mots, de persévérance et de sensibilité. Donc, quand on m'annonce que mon talent vient des autres, j'ai l'impression de me faire spolier mon être pour qu'il soit remis à ces gens qui partagent ou ont partagé avec moi, ce moyen d'expression.

Je suis reconnaissante de tous les dons qui m'ont été faits avant ma naissance, mais je revendique ma propre manière de dire le réel tel que je vis.

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jeudi, juillet 07, 2016

Le problème avec l'imagination

Mettons les choses en perspective, avant de débuter : je sais que ma sœur est une super maman et que ma mère est une fantastique grand-maman. Je n'ai absolument aucun doute sur ces deux assertions.

Hier, j'avais un rendez-vous chez le dentiste aux aurores. Vraiment. Pour un nettoyage annuel que je n'avais pas eu depuis un peu plus de vingt ans, si mes calculs sont exacts. En plus, je travaillais, la veille jusqu'à 21h00, ce qui m'a amenée à m'endormir quelque part entre minuit et une heure du matin. Alors mettons que le réveil à 5h45, était plutôt abrupt.

Il existe peut-être quelques personnes parmi mes lecteurs qui ignorent que je suis une fan finie de tennis depuis des années et que je suis particulièrement fan d'un certain tennisman canadien depuis qu'il est sorti des rangs juniors. C'est Wimbledon en ce moment, alors je passe mes journées de congé rivée à l'écran parce que j'aime ça. Donc, en revenant de chez le dentiste, la fatigue au corps, j'ai écouté la fin de match de mon joueur et débuté l'écoute du suivant, sur lequel, je me suis endormie.

Je ne garde que rarement des souvenirs de mes rêves nocturnes, mais lorsque je fais la sieste, j'en garde presque toujours toute l'intensité.

Ainsi, durant cette sieste, aussi imprévue que nécessaire, j'ai rêvé. J'ai rêvé que ma sœur avait perdu son bébé à la piscine. Dans mon imaginaire déglingué, c'était la piscine trois pieds du Centre-Claude-Robillard. Je serais fort surprise d'apprendre que ma sœur et mon neveu y soient allés depuis la naissance de celui-ci. M'enfin... Donc elle avait perdu son bébé. Simplement, comme ça. Elle l'avait mis à l'eau et ne s'en était pas préoccupé plus qu'il ne le faut. Exactement comme quand on perd une chaussette en faisant le lavage.

Toujours dans mon rêve, je n'avais été avisée de la perte quelques 10 jours après l'événement que personne (c'est-à-dire, ma mère et ma sœur) ne semblait faire grand cas. Et moi je pleurais et je pleurais. Je demandais à ma mère pourquoi on ne m'avait pas informée de la disparition du poupon et elle m'avait répondu : « c'est pas grave, Jean-Lou n'est pas perdu ». Qui était Jean-Lou? Je n'en avais pas la moindre idée. J'en connais bien quelques uns, mais ça faisait fichtrement longtemps que je ne leur avais pas consacré une pensée. J'avais posé la question à maman qui m'avait répondu que c'était un enfant que ses parents touchaient. J'avais rétorqué, de manière véhémente, que mon neveu était régulièrement touché, et ma mère m'avait répondu que ma sœur était négligente avec ses affaires.

Je me suis réveillée là-dessus. Avec les joues marbrées de sillons de larmes, le cœur battant à cent milles à l'heure et les idées totalement confondues. Pour moi, ce rêve était la réalité. Et ça m'a pris quelques minutes avant de comprendre,que rien n'était plus faux. Il aura fallut que mon cerveau embrumé se raccroche au fait que ma sœur avait mis une photo sur les réseaux sociaux, entre la soit-disant perte de son enfant et ce matin-là, pour que me raccroche à cette image et que je me sente enfin soulagée pour la santé et la sécurité de mon neveu.

Depuis, j'ai reçu deux photos et une vidéo du plus beau petit garçon du monde et mon imaginaire débridé est complètement rassuré.

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dimanche, juillet 03, 2016

Ni magicienne ni sorcière

J'aurais tellement aimé pouvoir répondre à tes questions, connaître les paroles qui auraient su t'apaiser. Je me sentais aussi démunie ce jour-là que tous les jours d'avant lors desquels nous nous buttions à mon ignorance. Tu te dressais devant moi, pugnace, bien décidée à m'extirper une date limite à la douleur, une recette presque magique que tu pourrais suivre minutieusement et ainsi t'assurer d'une belle réussite, malgré tout.

Je ne suis qu'une femme, pas une magicienne ni une sorcière. Je n'ai de pouvoirs que ceux de mon audition, de ma sensibilité et de mon amitié. Les peines d'amour, tu vois, ne se gèrent pas techniquement. Surtout quand la décision ne nous a jamais appartenu. On se sent, à tous les coups, baignés d'absurde tandis les interrogations s'amoncellent et que les réveils de trois heures du matins se répètent inlassablement.

J'aurais aimé pouvoir te dire qu'on peut cesser d'aimer sur commande. C'est rarement le cas. Les seules histoires que je connaissent qui relatent ce genre de choses, je les ai croisées en fiction. Dans la réalité bien simple et bien bête, malgré les trahisons, les déceptions, les peurs, les doutes, ce n'est jamais aussi simple. Quand on s'est laissé sauter dans le vide qui nous a conduit à l'autre, la remonté se fait généralement sur un mur qui n'offre pas de prises et lorsqu'on a pris la décision de faire le plongeon, on a toujours soigneusement pris soin de ne pas apporter d'échelle avec soi parce qu'on s'était entièrement impliqué dans cette descente qui nous semblait une ascension.

J'aurais aimé pouvoir te dire qu'il existe une date de péremption. Qu'au bout de Z temps de relation, si tu divises par deux la durée, que tu multiplies par huit l'effort, au bout d'un temps Y, tu n'y penserais tout simplement plus. Je ne peux pas. Je ne pourrais même pas te promettre qu'une nouvelle âme sœur pourrait être une réponse indiquée à ton mal-être. Je ne dis pas que ça ne se pourrait pas, simplement que je ne peux pas promettre les effets d'une telle rencontre sur la peine qui te chavire encore trop souvent à ton goût.

J'aimerais pouvoir te dire qu'une discussion à cœur ouvert entre celui qui est parti et toi serait une solution. Mais je sais, intimement, depuis plus de la moitié de ma vie que ce n'est pas vrai. Je sais qu'il ne te dirait, jamais ce qu'il faudrait pour que tu trouves une certaine paix dans ses explications. Pas parce qu'il est plus nono qu'un autre, mais bien parce que les seules réponses qui trouveront grâce à tes yeux seront celles qui auront émané de toi. Toutes les recettes et les échéances que tu demandes si fort elles sont en toi. Ce ne sont pas les mêmes que les miennes en pareilles circonstances, ni celles de personne d'autre.

C'est le problème avec l'existence, et peut-être sa beauté aussi : on la vit collectivement, mais on est toujours tout seul à relever nos plus grand défis.

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