dimanche, février 25, 2018

Maman

Maman,

J'ai été la première à te donner ce nom. Ce qui crée, je crois, un lien unique entre nous. Tu étais pour moi, la plus belle, la plus forte, la plus sage, la plus formidable aussi. Je te voyais de mes yeux neufs avec tout l'amour que je pouvais te porter. Nous étions quatre dans ce cas, et si parfois les jalousies inhérentes à la fratrie nous ont un peu bousculés, j'ai toujours su que l'amour restait fermement planté dans les racines de tous les êtres que nous étions.

J'étais tellement convaincue d'avoir la meilleure maman du monde que je t'amenais mes amies tristes ou écorchées pour que tu les consoles et les soignes comme tu savais si bien le faire pour moi.

Je te vois, encore aujourd'hui, comme une femme généreuse de son amour, de son temps, de sa patience et de ses valeurs. Il me semble que ces caractéristiques ont toujours été au cœur de ta vie, même dans ta vie professionnelle, tu t'étais choisi un métier qui mettait l'humanité au cœur de ton existence, et même si ton nom ne figure pas en tête de celles qui ont construit le Québec; les femmes de la génération d'Éléonore peuvent te remercier d'avoir abattu des barrières afin de leur permettre d'avoir plus d'option dans la manière dont elles peuvent donner naissance.

Ce n'est pas rien.

Et même lorsque tu n'allais pas très bien toi même, quand ton bébé était à l'autre bout de l'univers et que le pays des zombies te faisait les yeux doux, tu t'es dressée pour moi comme un roc dans la tempête parce que ma propre faiblesse te faisais assez de peine pour que tu en oublie la tienne. Si ce n'est pas du courage, de l'amour et du partage, je ne sais pas comment on peut appeler cela...

Je crois que je reconnaîtrais ta maison n'importe où, même si tu déménageais ou changeais complètement le décor simplement parce que tu as le chic d'inclure chaleur et simplicité à ton quotidien et que pour une fille, même grande, ce genre de repère ne se perd jamais.

Cette année, tu étais prête à passer ton anniversaire sous silence pour laisser toute la place à Coccinelle. Mais tes filles, elles, trouvaient que tu méritais au moins un beau salut pour souligner ce passage symbolique.

Je te souhaite beaucoup de bonheur et de santé pour les années à venir en osant même ici étendre mes ailes d'aînée pour joindre les voix de mes frères et de ma sœur aux miens.

Joyeux anniversaire, on t'aime tous très fort.

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jeudi, février 22, 2018

Deux minutes avec Sonia

Je suis née à une époque où toutes les télévisions n'étaient pas en couleurs. Le câble était une denrée rare et l'internet n'existait pas pour la plupart des gens. Les albums de musique se vendaient comme des petits pains chauds et il n'était pas rare de voir des files se masser devant les portes de chez Sam ou des Archambault pour la sortie attendue d'un titre en particulier. Les foules y étaient alors tellement impressionnantes que cela faisait les manchettes.

J'ai connu la grande nuit des vidéo. Par personne interposée et jour interposés aussi parce que nous n'avions pas le poste à la maison. Mais des amis l'avaient et j'avais pu en regarder une partie sur les cassettes bêta d'une de mes amies. J'étais à l'école primaire à l'époque, mais je m'en rappelle encore très clairement.

Plus tard, il y eu une émission à CBC les soirs de semaine qui nous permettait de voir les vidéos de nos artistes favoris. C'était une grand messe que personne ne pouvait se permettre de manquer sous peine de passer à côté de toutes les discussions du jour suivant et d'être irrémédiablement rejeté par nos pairs.

Et puis, il y a eu Musique Plus.

C'est presque impossible de faire comprendre qu'elle en était l'importance à des jeunes d'aujourd'hui. Tout le monde écoutait Musique Plus et connaissait ses animateurs. Ils étaient des vedettes au même titre que les personnes avec lesquelles ils faisaient des entrevues. Le samedi après-midi, les ados se massaient devant les larges vitrines de la rue Sainte-Catherine pour essayer de voir ce qui s'y passait. Et quelquefois même, on se revoyait passer en espèce de trame de fond lors d'une de nos émissions favorites.

Même si nous n'avions pas le câble chez-nous, j'étais tout aussi bien informée de ces sujets importants que le reste de mes congénères parce que des amies l'avaient et que comme à peu près tous les reportages était souvent rediffusés, on faisait des rattrapages de fin de semaine pour rester dans le coup.

Évidemment, j'ai vieilli et avant même la fin de mon cycle secondaire, Musique Plus et les vidéos avaient perdus de l'importance à mes yeux. N'en demeure pas moins que c'était un genre d'institution qui a sans doute marqué plus d'une personne de ma génération.

Les temps ont changés, l'étoile de Musique Plus a pâli. Les animateurs ont tour à tour perdu leurC micros, leur visibilité, certains plus drastiquement que d'autres sauf que leurs voix ont laissé des traces permanente dans ma mémoire et que je les reconnais toujours au premier mot qu'ils prononcent dans des entrevues de plus en plus rarissimes.

C'est sans doute pourquoi, j'ai reconnu Sonia Benezera au premier coup d’œil lorsqu'elle a mis le pied dans le magasin. Elle était très maquillée, sortant visiblement d'un tournage, ce qui me faisait plaisir pour elle. Elle cherchait désespérément un mouchoir pour rajuster le maquillage qui coulait à cause de le petite pluie qui tombait dehors. Je me suis empressée de lui en tendre un et entre deux de ses éclats de rire bien connus et m'a fait comprendre à quel point tout ce maquillage était ridicule même si nécessaire, se moquant d'elle-même en toute simplicité et avec une bonne humeur chaleureuse.

J'ai toujours pensé qu'elle devait être une femme très gentille pour arriver à tirer les confidences des artistes, ce qui avait fait sa renommée à une autre époque.

Maintenant, je sais qu'elle est encore mieux en vrai qu'à la télé.

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dimanche, février 18, 2018

Le grand tricoteur

La salle était vaste et pleine à craquer. Construite il y a quelques dizaines d'années, elle donnait l'impression aux spectateurs juchés dans les balcons qu'ils tomberaient en se penchant un peu trop vers l'avant tandis que le moindre mouvement du bras les faisaient s'accrocher les un les autres. Sur la scène, deux guitares un tabouret, des lumières rappelant les vitraux des églises et un homme, seul.

Sous mon regard ébahi, il malaxait les mots, les pétrissant à son rythme et selon les besoins du conte. Il les étirait, les regardait sous toutes les coutures, les transformait à coups de calembours d'images de malentendus et de bien entendu. J'avais devant moi un tricoteur d'une espèce rare dont les aiguilles filaient à une vitesse vertigineuse.

Après avoir annoncé les couleurs et la teneur des propos qu'il tiendrait, il s'était mis à digresser, laissant l'impression d'avoir laisser échapper tout un rang des mailles qui tenaient sur ses aiguilles pour partir dans des directions qui n'avaient rien à voir avec l'ouvrage entamé. De temps à autres, il reprenait une maille du premier récit, comme par accident et regardait d'un air distrait la direction que prenait son ouvrage. Si, sans aucun hasard, des rires venaient égayer l'histoire, il s'en amusait à gorge déployée comme un gamin qui rit avant d'avoir atteint la finale de sa première blague.

Il prenait parfois des pauses en chansons. Pour nous permettre, je crois, de rentrer un peu plus dans l'intimité des créatures fantasques si ce n'est fantastiques qui gravitaient tout autour de lui. Une porte latérale donnant accès à la sensibilité que les amoncellements de mots d'esprit auraient pu faire oublier au public captif.

Et puis il revenait dans les graves, remettant l'ouvrage en première place, en lui décernant un regard un peu surpris comme s'il n'était plus tout à fait certain de ce qu'il était en train de fabriquer. Et les digressions qui suivaient s'additionnaient d'impossibilités soudainement presque rendues crédibles par la force des personnages qui s'élevaient dans le ciel noir de la salle. Secouant son travail à coup de nouvelles personnes plus géantes que les précédentes

Et puis, quand il fut presque devenu impossible de comprendre de quelle manières toutes ces choses pourraient faire un récit, sauf peut-être le village, il s'était levé avait secoué le tricot qui s'était accumulé à ses pieds et l'avait tranquillement déroulé pour faire voir le portrait d'ensemble. Il m'était alors apparu évident qu'aucune maille n'était tombée par erreur ni aucune rattrapée à contre-cœur. Je pouvais voir une magnifique tapisserie travaillée avec patience, minutie et amour.

L'amour d'un village, des gens qui y vivent, y ont vécu et y vivront, mais surtout un amour de la langue qu'il torture et manie avec une fausse désinvolture qui suggère en fait une attention à chaque syllabe, sinon à chaque mot utilisé.

J'en suis sortie les yeux brillants le cœur léger, bien heureuse d'avoir aussi ce médium pour trouver en moi ou autour de moi de belles histoire à raconter.

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mercredi, février 14, 2018

Soirée de concert

Avec une amie, je vais parfois voir des concerts de musique classique. Ce que nous avons fait hier. Nous nous étions donné rendez-vous à la Station Guy-Concordia pour souper avant le spectacle. Comme nous avions envie de bonne bouffe asiatique, nous avons avisé un boui-boui vietnamien qui ne payait pas de mine et nous y sommes installées pour manger.

On s'est rapidement rendues compte que la serveuse ne parlait pas un traître mot de français et qu'elle baragouinait tout juste l'anglais. Je dois dire que j'étais quand même un peu irritée qu'elle ne soit même pas capable de nous dire quelque chose comme « désolée, je ne parle pas français ». avec le recul, je suppose qu'elle ne savait pas quelle langue nous parlions. Tout cela pour dire que si la bouffe était convenable, le service lui était lamentable. Tsé quand tu dois mimer les ustensiles pour en obtenir avec ton assiette, c'est un peu limite. Par esprit de contradiction (de ma part, en tout cas) nous avons évité le plus possible de parler en anglais, même si mon amie et moi en étions tout à fait capables.

Quand nous sommes allées régler nos factures, la demoiselle nous a dit : « No tip, no tip! ». Je l'ai regardée un peu surprise et j'ai omis de laisser du pourboire. Je n'en aurais pas beaucoup laissé de toute manière. M'enfin, je n'ai compris que dans la salle de concert qu'elle avait sans doute voulu me dire que le pourboire n'était pas inclus supposant sans doute que si je ne parlais pas anglais, je ne venais pas d'ici. Je pense que j'ai été encore plus choquée de ma découverte tardive que de tout le reste. Et il est sans doute préférable que je n'aie pas compris plus tôt la situation parce que j'aurais probablement été pas mal bête. Mais l'absence de pourboire aura pourvu à ma colère à retardement.

Au concert, nous avions de belles places dans la première rangée du balcon. Ça nous donnait une vue imprenable sur les musiciens et sur le reste de la salle, ce qui me donnait un angle impeccable pour faire de l'observation. J'adore ça! Le premier spécimen qui me soit sauté au visage, c'était un homme âgé assis à quelques place de la mienne qui a dormi à poings fermés durant toute la première partie du spectacle.

Le second personnage à entrer en scène était un homme habillé comme s'il assistait à un concert de métal, avec ses jeans et sa camisole qui mettait sa bedaine de bière en valeur. Celui-là, je crois n'être pas la seule à l'avoir remarquer. Il détonnait pleinement sur l'ensemble des convives. Parce que la majorité d'entre eux étaient assez âgés et ont gardé l'habitude de se mettre sur leur 31 pour aller voir un spectacle.

Mais si l'homme détonnait dans sa tenue vestimentaire, visiblement c'était un fan et un vrai. Il applaudissait à tout rompre à la fin des pièces, debout au premier rang, les yeux brillants et le sourire aux lèvres.

Je crois que son bonheur était le plus beau spectacle à regarder.

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dimanche, février 11, 2018

Mauvaise lune

Avoir deux ans en hiver, ce n'est pas si chouette que cela, je pense. C'est vrai quoi! Il me semble que, depuis mon anniversaire, je passe d'un rhume à l'autre avec presque pas de répit entre deux. Ce qui veut aussi dire que mon caractère est moins égal qu'en d'autres moments; mettons que j'ai les larmes de crocodiles faciles.

Quand je fais de belles siestes, je suis super de bonne humeur, il n'y a rien à mon épreuve et je m'amuse avec les amis de la garderie et avec mon papa. Ensemble, lui et moi, on construit des engins de gymnastique dans le salon (on mes les coussins des divans par terre pour que j'y fasse des culbutes) et aussi des cabanes pour que j'ai des coins bien cachés et secrets pour me dissimuler. Ça j'aime ça beaucoup. Une journée où j'étais de bien belle humeur, il m'a amené dans un centre de jeux et on a fait tout plein de choses super comme sauter dans des ballons. J'ai appelé Grand-mamie et Tatie pour le leur raconter, j'étais tellement content d'avoir fait cela avec lui!

Et deux jours plus tard, évidemment, un autre rhume m'est tombé dessus. Je ne suis même pas allé à la garderie pendant presque toute la semaine. Je suis resté avec Maman à la maison. Je n'avais pas le goût de faire grand chose, mes jambes me faisaient mal et je parlais avec une petite voix aiguë tout le temps en passant du rire aux larmes avant d'avoir le temps de dire ouf. Et je n'ai plus du tout de patience. Quand je demande quelque chose, je veux avoir la réponse tout de suite. Quand on me répond que quelque chose arrivera plus tard, je ne suis pas d'accord et je pleure.

Tenez par exemple, ce matin, je me suis réveillé très très tôt. Alors j'étais mort de fatigue au dîner donc j'ai chipoté dans mon assiette sans manger vraiment et je suis aller faire ma sieste. Et en me levant, je voulais être tout de suite dans la maison de Grand-mamie. Ça ne me tentait pas d'attendre tout le trajet en voiture. Alors je le criais à Maman qui s'impatientait un peu. Et je demandais constamment « Il est où Francis? » tandis que la réponse « en chemin » ne me satisfaisait pas du tout.

Chez Grand-mamie, tout ce que je voulais c'était d'être avec elle et personne d'autre. Je ne voulais pas qu'elle parle aux autres, j'étais là et je voulais que tout soit moi, moi, moi. Surtout, je voulais manger du poulet. J'avais faim. Même si les grands me disaient que le poulet n'était pas cuit et qu'il y avait des craquelins et de l'humus à manger en collation, je voulais le poulet et juste le poulet. Alors je chignais.

On a fini par manger le poulet, j'en ai pris trois assiettes et j'ai pris mon bain en chantant, parce qu'une fois ma bedaine bien remplie, je vais toujours pas mal mieux. Et puis je suis allé me lover entre mes parents sur le divan en chantant « Alléluia » de Léonard Cohen. C'est mal nouvelle chanson préférée et je trouve que c'est une bien belle berceuse pour m'endormir.

Dans l'auto j'ai gardé les yeux grands ouverts en fredonnant toutes sortes d'airs que j'aime. Après, je suis tombé comme une roche dans mon lit, bien content faire un beau gros dodo avant de profiter du prochain demain.

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jeudi, février 08, 2018

Question de rapidité

Déjà au téléphone, ça avait été ardu. L'homme avait une voix ténue et il parlait très lentement. Il voulait savoir si on avait un animé japonais en particulier avec le boîtier en carton qu'il y a parfois sur ce genre d'objet. Il avait beaucoup insisté sur ledit carton, s'assurant trois fois plutôt qu'une que j'avais bien compris sa demande. Je lui avait offert de faire une mise de côté, mais il n'était pas tout à fait certain de trouver le courage de se déplacer jusqu'à notre succursale en cette journée de neige.

C'est ainsi que vers la fin de la soirée, quand j'ai croisé un petit homme chaudement vêtu, comme quelqu'un qui connaît l'hiver de l'intérieur, j'ai tout de suite su que c'était l'homme des animés japonnais. Il avançait aussi lentement que son débit de voix et malgré le fait que le magasin allait fermé dans pas si longtemps, il ne donnait pas le moins du monde l'impression d'être pressé. Je lui avais indiqué la section des animés dans laquelle il avait fouillé avec minutie.

Après avoir fait ses choix, il s'était dirigé vers la caisse et ma collègue et moi avons franchement dû étouffer un certain nombre de rires qui auraient été fort malvenus. Tout était long. Poser ses gants sur le comptoir, sortir son argent, bien calculer le montant qu'il nous remettait, examiner la facture pour s'assurer qu'elle ne contenait pas d'erreur. Le tout en nous racontant un paquet de petites historiettes sur ses aventure récente dans le monde extéieur Mettre ses achats dans son sac plastique réutilisé, ranger le tout dans son sac-à-dos et reprendre tranquillement le chemin de la porte, pendant qu'une petite file se créait derrière lui parce qu'évidemment, il n'y avait qu'une seule caisse ouverte d'autant que par jour de tempête, ouvrir deux caisses ne nous serait pas vraiment passé par l'esprit.

Ceci étant dit, il était éminemment sympathique. C'est d'ailleurs pour cela que ma collègue et moi ne voulions pas du tour rire. Il nous amusait parce qu'il était différent et nous rappelait un personnage de dessin animé que nous apprécions toutes les deux, cependant il était tout à fait le genre de client qu'on aime beaucoup.

Bref, il allait nous quitter quand il avait avisé la table de soldes d'hiver et s'était décidé à y fouiller un peu se rapprochant ainsi dangereusement de l'heure de la fermeture en toute innocence.

Et rebelote, la transaction lente à la caisse pour un livre trouvé au hasard de ses pérégrinations. Pendant que deux femmes retardataires s'étaient engouffrées dans le magasin pour dénicher tout ce que nous avions en terme de licornes, attendaient patiemment que monsieur termine de tout payer et tout remettre méthodiquement dans ses sacs avant de finalement reprendre le chemin de son domicile.

Au final, c'est par une journée de demie tempête que je suis sortie le plus tard du magasin dans les dernières semaines. Pas parce que la journée avait été particulièrement occupée, au contraire, mais bien parce que les quelques courageux qui avaient décidé de nous visiter, s'étaient en quelque sorte donné le mot pour le faire le plus tard possible et que l'un deux n'avait visiblement que la vitesse lente dans son registre.

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dimanche, février 04, 2018

Un pas en arrière

J'ignore combien de personnes habitant au Québec cet hiver qui ne sait pas que les routes sont dangereuses cet hiver, la première idée que j'avais était en fait les routes sont de la marde, mais ça a l'air qu'il y a encore des innocents qui ne savent pas que la conduite est un privilège et que ça impose quelques responsabilités.

Je suis une piétonne peureuse, une cycliste prudente et une automobiliste inexistante. Dans des conditions atmosphériques comme celles qui nous occupent actuellement, ces attributs m'ont probablement sauvé la vie, il y a quelques heures.

Je suis allée souper chez ma mère. Un petit repas entre nous. Seules toutes les deux comme ça faisait longtemps que nous n'avions pas pris le temps de le faire. Pour ma part, ce genre de repas est une pause dans l'existence. On n'a qu'un mère dans la vie et le rapport que l'on a avec elle a quelque chose d'unique et de rassurant. En tout cas, pour moi.

Je me rendais donc, à pied, à la station de métro Sauvé après un bel épisode mère fille précautionneusement dans la moulée qui tombait du ciel et qui encombrait la chaussée. Comme je l'ai mentionné plus haut, je suis une piétonne peureuse. Ce qui fait que j'ai tendance à attendre que les voitures soient bien arrêtées avant de m'avancer dans les intersections, surtout lorsque celles-ci comportent plusieurs voies.

C'est ainsi que j'ai attendu que les voitures soient bien immobilisées sur la rue Lajeunesse avant de la traverser. Il y avait des véhicules dans les deux premières voies et tandis que j’apercevais, un coin de rue plus haut, une voiture dans la troisième voie quand je m'y suis engagée. C'est plusieurs secondes de marche. J'atteignais la troisième voie lorsque la voiture que j'avais vue au loin est apparue dans mon champs de vision pendant qu'un autre véhicule allant dans la même direction que moi avançait et l'a percutée de plein fouet.

J'ai tout vu, j'ai même eu le temps de reculer de trois pas avant l'impact. Rien de bien méchant, un peu de tôle froissée mais rien de plus. Une fois en sécurité sur le trottoir, le conducteur de la voiture qui allait dans le même sens que moi s'est précipité hors de son véhicule avec un énorme accent hispanophone, s'est précipité sur moi pour s'assurer que j'allais bien. Après quoi il m'a demandé si j'acceptais de lui laisser mon numéro de téléphone au cas où mon témoignage aurait de la valeur.

Pendant ce temps, la conductrice de l'autre voiture disait qu'elle avait manquer de break (ses mots, pas les miens) et invectivait l'homme qui voulait appeler la police en lui disant : « Ben là, ton char yé juste rayer, regarde le mien ».

J'ai retenu mes commentaires, mais je peux affirmer que, pour une fois, la fautive était davantage pénalisée que l'autre partie. Sérieusement, elle n'avait aucune raison de ne pas s'être arrêtée à temps, à moins d'avoir attrapé son permis de conduire dans une boite de quaker jack.

En conclusion, tous les usagers de la routes devraient savoir que lorsque le ciel du Québec nous offre de telles giboulées, le seul moyen d'en sortir vivant est de redoubler de prudence, on ne sait jamais à quel point des réflexes élémentaires peuvent nous sauver la vie.

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jeudi, février 01, 2018

Je veux ça!

L'autre soir, on est allé souper chez des amis, mais avant on a fait un petit détour pour aller voir Tatie à son travail. J'avais très envie de la visiter : après tout, ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vus tous les deux. Mais quand on est entrés dans le magasin, mes yeux ont été attirés par toutes sortes de choses plus intéressantes les unes que les autres.

D'abord, il y avait de jolies figurines de dinosaures, de dragons et même de lions. J'essayais de toutes les prendre en même temps dans mes petites mains, mais je n'y parvenais pas très bien alors j'en déposais une par terre le temps d'attraper la suivante et ainsi de suite. En un rien de temps, je me suis retrouvé debout au milieu d'une mer de figurines tandis que Maman disait d'un ton un peu exaspéré : « Oh Zazou! Qui va ramasser tout cela maintenant? »

C'est à ce moment que Tatie est arrivée. Elle m'a fait un grand sourire et s'est penchée pour me parler, mais moi je me suis réfugié derrière les jambes de Maman, comme si je ne connaissais pas du tout Tatie. C'est que ce n'était pas l'endroit habituel où la voir, et dans les endroits pas habituels, j'aime juste Maman et Papa et peut-être aussi Grand-Mamie, mais elle n'était pas là.

Maman voulait qu'on aille voir des livres un peu plus loin, mais je n'en avais pas du tout envie. Autour de moi, il y avait tout plein de trucs à voir et à toucher juste à une hauteur parfait pour un petit garçon. Alors, je passais d'un étalage à l'autre, très concentré en appuyant sur le plus de boutons possible pour voir ce que cela allait déclencher. Des fois, c'était de la lumière, d'autres de la musique. L'un dans l'autre, tout était intéressant. En chemin, j'ai même croisé des toutous, dont un lion exactement comme le mien. Ils étaient très beaux et très doux, mais pas aussi intéressants que les jouets qui font de la lumière et du bruit.

Alors quand Papa a fini par venir nous rejoindre, Maman et Tatie sont parties regarder les livres. Cette activité ne me tentait pas tant alors je suis retourné là où ces jouets si intéressants étaient rangés. J'ai pris le premier à la hauteur de mes yeux et j'ai trottiné jusqu'à Papa en lui disant : « Je veux ça! ». Papa a dit non. Alors j'ai cherché Maman des yeux, mais je ne la voyais plus. J'ai un peu hurlé son nom jusqu'à ce qu'elle revienne près de nous et je lui ai dit : « Je veux ça! » Maman a aussi dit non en m'expliquant que le magasin ce n'était pas comme la bibliothèque et qu'on ne pouvait pas partir avec tout ce qu'on voulait parce qu'on le voulait qu'il fallait payer et que Maman et Papa n'avaient pas les sous à dépenser pour ça.

Mais moi, je voulais ça. Alors je le criais bien fort pendant que mon Papa m'attrapait d'une main ferme en me hissant presque à la hauteur de ses épaules tandis que je me débattais comme un joli petit diable hurlant : « Je veux ça! » Et le ça en question était resté dans la main de Tatie qui agitait l'autre en me faisant des bye-bye et en m'envoyant des bisous. Elle m'a dit: « Je t'aime » ce qui m'a un peu surpris, en tout cas assez pour que j'arrête de crier.

C'est bien gentil des « je t'aime », mais ce n'est pas ce que je voulais. Moi, je voulais « ça », mais ça a l'air que je vais devoir m'en passer.

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