dimanche, janvier 27, 2019

Naître du deuil

Un des plus grands deuils que j'ai eu à faire dans ma vie a été celui de la maternité. J'ai toujours aimé les enfants, toujours aimé catiner, longtemps pensé que je serais mère. Ce qui ne s'est pas avéré. Dans la vingtaine, j'ai eu des amoureux stables, mais pas assez pour qu'on pense à fonder une famille et depuis... Bien depuis, je suis célibataire. Et ça fait longtemps que j'ai décidé que d'élever des enfants toute seule n'était pas un défi que j'avais envie de relever.

Je ne juge pas celles qui le font. Bien au contraire, je les admire profondément. Je n'ose imaginer la quantité de patience, de calme et de renoncement qu'elles possèdent pour y arriver. Ce ne sont pas là mes premières qualité. La patience en particulier. Il m'a toujours semblé que si je m'étais aventurée dans pareil projet toute seule, j'aurais passé mon temps épuisée et colérique à faire passer mes humeurs sur le dos de cette fictive progéniture.

D'ailleurs, la plupart des mères célibataires que je connais ne l'étaient pas quand elles ont eu leurs enfants. Pour la majorité d'entre-elles, il y avait un projet de couple au départ qui s'est cependant étiolé au cours du temps. Ce que je constate, par ailleurs c'est que mes appréhensions à une maternité à temps complet en solitaire recèle exactement les écueils qui m'y ont fait renoncer.

Tous les jours, j'entends les mêmes de femmes exaspérées qui ne paraissent pas être en mesure de s'adresser à leurs enfants qu'en leur criant après. Je n'entends pas les textes, les murs ne sont pas à ce point perméables, mais j'entends les intonations. Et quand on les entends à chaque jour, on comprends que même les femmes les plus patientes finissent pas s'épuiser à essayer de remplir toute seules tous les rôles de la famille. C'est beaucoup trop pour une seule personne, visiblement.

Je ne pense sérieusement pas que j'y serais arrivée et je crois surtout que si je l'avais fait ce n'aurait pas été pour les bonnes raisons. Parce qu'au moment où je sentais que je devais me presser si je voulais créer une famille, j'aurais voulu rencontre quelqu'un qui me sauverait de mes dettes et qui prendrait soin de moi à ma place, par conséquence, je n'étais absolument pas outillée pour prendre soin de quelqu'un d'autre pour toute sa vie.

Je crois que j'avais aussi assez peur du rejet pour ne pas avoir envie d'essayer de rencontre quelqu'un. À la place, je me suis reconstruite tranquillement. J'ai payé mes dettes, une à une avec une patience que je ne me connaissais pas. Je suis devenue une leader, je me suis reconnectée avec moi-même, j'ai recommencé à écrire, à faire des casse-têtes et même, un peu, à colorier. Et je suis devenue, enfin, l'adulte que j'ai toujours su que je pourrais être, même si pendant longtemps, je crois, j'avais cesser d'y croire.

Ce qui me fait croire que de grands deuils peuvent créer de belles naissances.

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dimanche, janvier 20, 2019

L'homme de la porte

Au moins cinq fois par semaine, depuis plus de deux ans, je vois le même homme tenir la porte du métro Jean-Talon. J'ai l'habitude des marginaux qui s'improvisent un emploi pour gagner avec un minimum de dignité un peu de sous. Dans mon ancien quartier, ils étaient particulièrement nombreux. Ce faisant, j'en reconnaissais bien quelques uns, mais je ne peux pas dire que j'avais établi aucune forme de relation avec aucun d'entre eux.

Avec cet homme, c'est différent. Il toujours au même endroit et est le seul à s'y installer. Après tous ces mois, nous nous reconnaissons mutuellement. Il me salue sans plus espérer que je lui donne quoique ce soit, sauf un regard et un sourire. Je crois, je crois seulement, que cette attitude fait la job. Par ce que si nous sommes très nombreux à franchir sa porte quotidiennement, peu d'entre-nous prennent la plein de le saluer. Je n'ai jamais vu personne lui donner d'argent, cependant, il doit en obtenir parce que j'ai pu souvent voir les effets sur lui d'une consommation récente de drogue et je reconnais désormais son pusher, même si je fais semblant que je n'ai aucune idée de ce qu'il fait dans le secteur. Une fille se protège comme elle peut des vautours de ce monde.

Cet été, je me suis souvent inquiétée pour l'homme de la porte. Parce qu'il faisait si chaud et qu'il est pratiquement toujours habillé comme si on était quelque part au début du printemps. Je lui ai donné un bouteille d'eau, un fois. Ça m'apparaissait une bonne idée sous la canicule. Et si j'essaie de ne pas trop gaspiller de plastique dans ma vie, je trouvais que dans ce cas précis, c'était de l'argent bien investi dans un bouteille. Il était content, ce jour-là. Il me l'a rappelé tout le reste de l'été.

Depuis quelques temps, une vraie bise hivernale enveloppe la ville. Mais je l'ai vu tous les jours à sa porte. Pas très tôt le matin, pas quand le soleil est couché non plus, mais dans le cœur du jour, il est fidèle à son poste. Je sais qu'il ne fréquente pas les refuges. Pas que je le lui ai demandé, mais à force, on finit par un peu connaître ces étrangers. Et au nombre de fois où j'ai vu les policiers à vélo où les agents du métro lui parler, j'ai fini par comprendre ce genre de choses.

Alors bien entendu, je commençais à me demander sérieusement si je le reverrais jamais après la bordée de neige qui nous est tombée dessus. Pas tant à cause de la neige, mais du froid mordant qui l'accompagne, tout à fait étrangement. Je n'ai absolument aucun souvenir de tempête précédente lors desquelles il faisait froid. Et là, il fait froid de chez froid.

Je m'approchais du métro hier, en fin d'après-midi avec presque dans l'idée de lui demander s'il avait un plan pour la nuit quand j'ai vu la brigade de travailleurs sociaux l'aborder. Trois personnes qui le connaissaient manifestement avaient entrepris de le convaincre de passer la nuit au chaud. Je ne sais pas s'ils ont réussi, j'ai passé mon chemin soulagée de savoir qu'on essayait de lui donner une option.

Et j'ai bien dormi en imaginant qu'il avait accepté.

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jeudi, janvier 17, 2019

Une bête curieuse

Dans l'immeuble où j'habite, il y en gros, deux types de locataires : des personnes seules ou de jeunes familles qui, à ce que je me suis laissée dire, ne restent jamais très longtemps à cette adresse. Je suis moi-même une nouvelle arrivante dans ce milieu. Mais je m'y suis intégrée comme une main dans un gant fait sur mesure. J'ai été accueillie avec gentillesse par les occupants qui y sont depuis longtemps, parce que, je suppose, ils me reconnaissent comme l'une des leurs.

Une fois cela établi, je ne peux pas dire que j'ai largement fait connaissance avec les autres occupants, mais j'en reconnais plusieurs, sur la rue où à l'épicerie. À vrai dire, mon premier contact avec la majorité d'entre eux a eu lieu quand nous sommes retrouvés devant l'immeuble à cause d'une alarme d'incendie. On était collectivement en pyjama ou à peu près, ce qui ne nous présentait pas nécessairement les uns aux autres sous nos meilleurs jours. Ceci était dit, ça nous a permis de nous lancer des petits coups d’œil complices quand on se croisait dans le vrai monde.

À l'étage du dessus, il y a plusieurs personnes qui y sont depuis fort longtemps, dont une femme que j'appellerai Suzie. Je ne l'ai pas vue très souvent. Nous avons des horaires divergents et nos appartements ne donnent ni sur les mêmes couloirs ni sur le même côté de l'immeuble. Mais le jour de Noël, je l'ai croisée alors que je remontais une brassée de linge. Elle était assise dans l'escalier, un gros sac poubelle sous les fesses et elle descendait (dévalait) l'escalier de cette manière. Bien entendu, j'avais eu le goût de rire, mais je m'en étais abstenue. Après tout, sa situation n'était pas enviable, et elle ne pratiquait pas cette descente dans le simple but d'avoir du plaisir. En réalité, elle avait une jambe cassée et elle trouvait beaucoup moins difficile de parcourir les étages de la sorte plutôt que de se battre avec ses béquilles pour arriver à destination. Ce jour-là, elle était accompagnée d'une femme lui ressemblant beaucoup, qui lui apportait un support moral sans doute bienvenu.

Il y a quelques jours, on s'est revues à la salle de lavage. Moi, je suis régulière comme une horloge et j'utilise toujours les machines tôt le matin, un jour de semaine. Je ne l'y avait jamais vue. Elle était entrée dans la pièce quand je venais d'abaisser la porte de la laveuse. Elle m'avait fait une petite face dépitée en me demandant si j'avais l'intention de faire sécher mon linge après. J'avais toute suite compris l'enjeu, il y a deux laveuses et une sécheuse. Et visiblement, elle n'avait pas l'intention de remonter ses étages entre les cycles de lavage. Je l'avais rassurée en lui disant que je pouvais très bien attendre deux heures avant de revenir mettre mon linge à sécher.

J'ai alors eu l'impression d'avoir réussi un rite de passage. Parce qu'elle s'était aussitôt présentée, m'expliquant qu'elle restait ici depuis vingt ans et me racontant les us et coutumes des habitants de longue date de notre immeuble. C'est ainsi que j'ai appris l'histoire d'à peu près tous ceux qui sont partis en même pas cinq minutes, tout à fait surprise d'en apprendre autant en aussi peu de temps. Tandis qu'elle déplorait de ne plus rien savoir depuis que le concierge avait changé parce que celui d'avant expliquait toujours qui partait et qui arrivait à ceux qui voulaient bien l'entendre.

Je l'avais trouvée un peu belette, tout en étant immensément sympathique.

Le l'avais laissée à son lavage, plutôt amusée, en me disant que je ne perdait rien pour attendre qu'elle trace de moi une esquisse aussi vive que précise la prochaine fois qu'elle parlerait à une voisine de palier que je ne connais pas.

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dimanche, janvier 13, 2019

Championne des belles façons

Lundi dernier, j'ai commencé la garderie. Oui, oui. Et j'en suis bien contente. J'aimais beaucoup être toute seule avec Maman, parce que Maman c'est la plus belle, merveilleuse, gentille personne au monde. Mais j'avais envie d'avoir des amis. Et juste quand je suis arrivée à la garderie, j'ai vu qu'il y avait plein d'amis dont une de mon âge qui marche à quatre pattes, exactement comme moi. On s'est reconnues dès que j'ai été sortie de mon habit de neige et je suis partie jouer sans un regard en arrière pour ma mère. Après tout, je n'avais aucune raison d'avoir peur, mon frère y va tous les jours et rentre à la maison après. J'ai donc sauté dans l'aventure sans aucune espèce d'hésitation.

Je suis une jeune personne rieuse et souriante. J'aime les gens. Même ceux que ne vois rarement. Si mes personnes de confiance (Maman, Papa, Zazou et des fois Grand-Mamie) accueillent des gens chaleureusement, je ne vois pas pourquoi je ferais autrement. Alors tout à l'heure, chez Grand-Mamie, je suis allée voir à la porte quand ça a sonné. Là, il y avait Francis et Tatie. Je le sais parce que Maman l'a dit, mais je ne les reconnais pas encore. Je ne les vois pas assez souvent pour dire que je me souviens d'eux d'une fois à l'autre, mais ils ne me font pas peur, ça c'est certain. Alors je les accueille de mon sourire le plus éblouissant et ils semblent très satisfaits.

J'aime beaucoup être indépendante, aller où je veux comme je le veux. Généralement pour trouver des bras qui accepteront de me prendre si je fais d'assez belles façons. Et je suis pas mal championne des belles façons. Alors je réussi pas mal tout le temps à trouver une paire de bras charitables, jusqu'à ce que je décide que c'est assez et que je veux retourner me promener. Si je vois un chat, par exemple, c'est certain que je veux aller le voir. Martini, le chat de Grand-Mamie il ne me laisse pas beaucoup faire. Je peux à peine le toucher et il va aussitôt se cacher. Je trouve ça bien dommage parce que je voudrais tant lui donner des bisous. J'adore donner des bisous. J'en donne à Yata, mon chat à moi, et à mon lapin, et à mon chien et à Maman et à Papa et à Zazou.

Des fois aussi, j'en donne à d'autres personnes. Tenez aujourd'hui, j'ai beaucoup joué avec Tatie. Elle m'a fait rire au souper parce qu'elle parle comme moi. Et elle joue avec moi un peu, même si elle joue aussi avec Zazou qui est, aujourd'hui, un super héros. Et puis, elle m'a fait danser, elle a aidé Papa à mettre mon pyjama, en me faisant des beaux sourires très chaleureux. Je me sentais en confiance et surtout, je voulais lui montrer que j'avais apprécié ses efforts et sa gentillesse. Alors quand elle m'a remise à Maman, je lui ai fait un sourire dévastateur et je lui ai donné un bisous. Je crois qu'elle était ravie parce qu'elle m'en a donné un aussi

Couchée dans mon lit, je suis déterminée à passer une bonne nuit, parce que demain je retourne à la garderie. Mais ça se peut que je me réveille une fois ou deux, ou quatre, juste pour m'assurer que Maman est près de moi.

Bientôt, je serai assez grande pour dormir d'une traite toute la nuit. En tout cas, je l'espère.

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jeudi, janvier 10, 2019

Toquade imposée

Quelque fois, on loupe son arrêt de métro parce qu'on est dans la lune, ou trop concentré sur le livre que l'on lit. Ça m'arrive assez régulièrement et quand je suis sur le chemin du retour, il existe à la station suivante un autobus fiable que je peux prendre pour rentrer à la maison. C'est plus long et j'ai une bonne petite marche à me taper de l'arrêt à chez-moi, mais je perds beaucoup moins de temps à suivre cet itinéraire qu'à revenir sur mes pas, surtout quand il est pus de 21 heures le soir. Parce que c'est exactement ce qui m'est arrivé ce soir, je me suis retrouvée plongée dans les balbutiements de mon adolescence, devant une image vive d'une scène que j'ai vécue il y a plus de 30 ans.

J'ai changé deux fois d'école durant mon parcours secondaire. La première fois, j'étais bien jeune et j'allais rentrer en secondaire 2. J'étais fébrile et heureuse de ce changement à l'époque si je m'en rappelle bien. Je ne connaissais pas encore les airs de la maison et on m'avait désigné une porte comme celle de l'entrée des étudiants. C'était donc vers elle que je me dirigeais par belle journée de fin d'été. J'avais bien quelques appréhensions, je ne connaissais après tout personne dans ma nouvelle école, mais comme je suis généralement positive, il me semblait qu'il ne serait pas trop difficile de rencontrer de nouvelles personnes et de me faire des amis. De fait, je ne me trompais absolument pas à ce sujet précis.

J'étais rendue à l'arrêt d'autobus du collègue quand un ado était descendu dudit autobus me bousculant presque au passage, avançant avec toute la confiance d'un ancien, mais arborant un visage qui trahissait un très jeune âge. Il ne pouvait pas être bien plus vieux que moi, je n'imaginais pas qu'il puisse être en secondaire trois où quatre. Alors, j'avais décidé que je devais tomber amoureuse de lui, prenant notre rencontre fortuite comme un signe. Il n'était pas particulièrement beau, mais il répondait précisément à l'idée que je me faisais de l'adolescent de mon âge duquel il me semblait que je devais tomber amoureuse. Ce qu'il peut y avoir d'étrange dans la cervelle d'une jeune fille... Et dire que je trouvais cela normal.

Honnêtement, lui ne s'était jamais rendu compte qu'il avait croisé ma route. Il ne m'avait pas vue et ne s'apercevrait de mon existence que des mois plus tard. Nous n'étions pas dans la même classe, ni même sur le même étage. Et je n'étais pas une personne des plus populaires tandis que lui faisait indéniablement partie de la gang de notre année. Mes chances étaient donc très minces et de toute manière, je sais très bien aujourd'hui que nous n'avions pas grand chose en commun. Ma toquade auto-imposée aura duré presque toute cette année scolaire-là.

Nous n'avons jamais été amis lui et moi, mais on a bien fini par échanger quelques mots de temps en temps. Au début, j'étais impressionnée par ce que j'imaginais être lui. Et puis, je me suis rendue compte qu'il n'avait pas une discussion très stimulante et qu'il ne s'intéressait pas à grand chose en dehors du sport. C'est avec cette expérience que j'ai appris les danger de se fabriquer un personnage factice à partir d'une personne réelle.

Et j'ai bien pris soin, par la suite, de rencontrer les gens dans ce qu'ils sont avant d'en tomber amoureuse.

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dimanche, janvier 06, 2019

Faire frémir mes blues

Je dirais que je n'ai pas vécu le temps des fêtes le plus convivial de mon existence. Ni le pire loin s'en faut. Il fut une époque où j'appréhendais cette période de l'année avec beaucoup de réticence, mais heureusement pour moi, j'ai changé et pris un certain nombre de décisions qui me rendent la vie plus simple, si je puis l'exprimer ainsi.

N'empêche que, ces dernières semaines se sont déroulée sous un voile d'inquiétude. Pas pour moi, mais la santé de ma maman, n'était pas au beau fixe et ça a forcément des incidences sur la manière dont ses enfants, même grands, vivent une période supposément de réjouissances. Elle va mieux, sans être complètement rétablie, à mon immense soulagement. Alors, les fêtes ne se sont pas exactement déroulées comme c'était prévu, puisqu'elle n'avait pas l'énergie qui l'anime habituellement et que nous avons dû annuler un souper, ce qui n'est pas grave, mais qui peut en décevoir certains. En tout cas, moi, ça m'a déçue parce que j'aime beaucoup ces rencontres familiales.

Ce n'est pas la seule choses qui ait mis du plomb dans mes ailes. À chaque année, nous embauchons du personnel supplémentaire pour le cette période très achalandée de l'année et à chaque année, il faut mettre un terme à certains liens d'emploi, parce que nous n'avons plus besoin d'autant de personnel etc. Par une erreur de circonstances tout à fait inhabituelle, j'ai eu l'odieux de le faire pour tous les employés que nous avons dû laisser partir. Ordinairement, la tâche se répartie entre tous les membres de la direction. Pas cette année.

J'ai beau l'avoir fait plusieurs fois dans ma vie, je ne peux pas dire que je sois friande de ce genre d'exercice. Il y a des blessures que l'on inflige à des gens qui ne le méritent pas, ou si peu. Et même lorsqu'il est temps de signifier à quelqu'un qui ne cadre absolument pas dans l'équipe, qu'on ne poursuivra pas l'aventure ensemble, ce n'est ni aisé ni agréable. On dirait que moins les gens sont à leur place dans une entreprise, moins ils sont compétents, plus ils sont surpris d'être remerciés de leurs services. Et parfois, parfois ils tentent de nous faire changer d'idée et en deviennent presque verbalement violents.

Et puis, une amie a perdu une parente qu'elle aimait beaucoup. J'ai personnellement rencontré la dame en question à une occurrence. Cela faisait longtemps qu'elle vivait avec la sclérose en plaque, mais elle m'était apparue comme une femme chaleureuse et animée et je savais que mon amie avait une tendresse toute particulière pour cette femme résolument forte dans son adversité. Si la situation ne me touchait pas directement, la peine de mon amie oui.

Alors, je dirais que j'avais un peu les blues de mon temps des fêtes 2018-2019 quand une alerte musicale sur mon téléphone a changé la donne. L'alerte signalait un message tout simple de quelqu'un qui disait, dans un groupe de discussion, à quel point cette personne se sentait heureuse et fière de nous compter parmi ses amis.

Pas grand chose, juste une pensée joyeuse pour faire frémir les bourrasques de mes blues.

Et je l'en remercie.

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jeudi, janvier 03, 2019

2018

Ah 2018, j'ai erré pendant plusieurs jours à me demander que penser de toi. Tu auras été, une année mitigée, même si au bout du compte, je dirais que tu auras été très profitable. Pas tant monétairement que dans tous les autres aspects de ma vie.

Tu auras débuté, ou presque, par la très jolie fête d'anniversaire de Maman, lors de laquelle nous avons, sans doute pour la dernière fois, été capables de réunir quelques membres de la génération précédant la sienne. Un beau et touchant moment qui l'avait totalement prise par surprise et complètement réjouie.

Il y a aussi eu l'arrivée de la Coccinelle, ma nièce, qui sourit avec confiance au monde, heureuse d'y participer, sans urgence mais avec une bonne détermination. Mais ça, évidemment, ce n'est pas au cours de ses premiers jours que nous l'avons su, c'est tout au long de l'année que nous avons tranquillement découvert une petite fille qui aime aimer et qui se sent souverainement en sécurité du moment où sa mère, son père ou son frère sont à portée de vue.

J'ai aussi vu la fin d'une situation très toxique. Ce n'est pas de mon fait, mais les aléas de la vie ont fait en sorte que cette épine dans mon pied est tombée d'elle même. Je mesure chaque jour à quel point c'était inconfortable, même si j'arrivais à sillonner dans des eaux troubles sans vraiment laisser paraître l'étendue du malaise dans lequel j'évoluais. Et ça fait un bien fou.

2018, tu es aussi l'année où j'ai assisté au mariage d'un couple d'amis que j'aime de tout mon cœur et qui ont célébrer leur union en toute résonance avec ce qu'ils sont profondément. Pas de grande messe, pas de robe hors de prix ni de réception à faire des jaloux. Juste une belle cérémonie, vraie et apaisante dans un décors qui leur ressemblait tant qu'on l'aurait cru créé pour eux.

Mais tu auras aussi été une fin d'année mouvementé, pleine de sons de toux un tantinet inquiétants et des heures glauques à l'urgence ce qui comporte, bien entendu, des festivités de fin d'année un peu chamboulées pour dire le moins. Tellement que j'ai eu bien de la peine à remonter le fil des événements de l'année entière comme si les deux dernières semaines étaient garantes de tout.

Mais ce matin je me suis souvenue que ton plus haut fait aura été de me voir m'établir toute seule dans un petit appartement. J'avais si peur de m'ennuyer, si peur de ne pas savoir m'occuper de moi, de ne pas être bien. Mais je me trompais. J'étais rendue à ce passage, semblerait-il parce que non seulement je survis tout à fait convenablement à ma solitude, mais en plus je la cultive. Je n'ai même pas branché ma télévision, elle sert davantage d'accessoire décoratif que d'objet de consommation. Je fais des casse-têtes, je lis, je cuisine, je perds mon temps sur mon ordinateur ou sur mon téléphone. Et lorsque je m'ennuie trop, je fais le ménage. En somme, je me suis fabriqué un petit nid qui me ressemble et qui me permet d'être juste bien où je suis.

Alors, oui, au final, 2018 je dirais que tu auras été une année enrichissante, même si je ne peux pas dire que c'était parfait...

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