mardi, juin 28, 2005

Parler d'amour

Sur son blogue, Catherine nous invite à nourrir sa plume en lui écrivant. Je triche un peu et je lui écris d’ici, de toute manière, je sais qu’elle va me lire.

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Salut Cath,

Depuis le mois de mars nous avons eu maintes discussions concertant le concret de mes intérêts affectifs. Parce que je me suis accrochée à une relation virtuelle. Terriblement impalpable mais que je suis toujours convaincue aujourd’hui d’avoir aimé et d’avoir été aimée. Un jour tu m’as dit : « Oui, c’était peut-être de l’amour à ta façon ». Depuis je me questionne.

À quel moment peut-on parler d’amour?
Faut-il absolument avoir une relation dans laquelle on voit live autrui pour se dire amoureuse?
L’amour part-il des sens ou du cœur?
Mes amours platoniques et romantiques ont-elles toujours été vaines de significations?
L’amour doit-il blesser?
Peut-on être amoureuse au point de ne pas vouloir happer trop rapidement l’autre dans une relation charnelle au risque de passer à côté?
Où se situe la frontière entre l’amour et l’amitié?
Pourquoi peut-on dire de quelqu’un qu’on n’a jamais rencontré, ou presque, « c’est mon ami(e) » mais pas « je suis amoureuse de cette personne-là »

Peut-on marcher pendant des années sur des eaux ou hésitent, rêves, réalité, fantasmes et solidité?e t'envoie mes interrogations parce qu’elles resurgissent souvent dans ma tête et que les réponses que j’y appose ne sont probablement pas les tiennes. J’aimerais bien savoir ce que tu en penses.

Bises

Mathilde xxx

PS : Si d’aventure d’autres visiteurs de ce site auraient envie de répondre à mes questions, n’hésitez pas!

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Pour ceux que la curiosité piquent, la réponse de Catherine est ici.


samedi, juin 25, 2005

La babouchka

J’ai dans la peau des traces de doigts. Celles de ces hommes que j’ai invité à caresser ma peau. J’ai dans ma chair des lacérations : celles de celui qui s’y est servi sans mon consentement. J’ai sur la nuque le picotement des yeux lourds de ceux qui voudraient me voir tournée vers eux, mais que je n’ai pas envie d’aborder.

J’ai dans le cœur les images bousillées de toutes mes espérances abandonnées. J’ai des rêves qui se ternissent aux mesures des secondes. J’ai des désirs de chaleur humaine pour palier à celle de l’été. J’ai des sourires ancrés dans des souvenirs pas si lointains. J’ai des paysages désertiques sur mes périodes noires. Et l’obsédant de savoir que j’ai refusé des amours parce que je ne me sentais pas à la hauteur de ceux qui me les offraient.

J’ai sur mon épiderme une marque de vent et le poids d’une bouche qui ne s’est pas effacée à temps. J’ai dans le cœur des résurgences blessées qui se dressent en barricades entre moi et les autres. J’ai des relations amicales intenses. Des relations virtuelles qui me protègent des meurtrissures du concret. Des relations charnelles vides de sens. J’ai l’impression d’être une babouchka éparpillée sur une table sans plus savoir quels sont les morceaux à assembler. Je ne suis qu’une foule de compartiments hermétiquement clos. Et même lorsque j’ai l’air de faire un tout, je ne suis qu’une poupée de bois contentant d’autres poupées entourées de vide.

J’ai sur le bord des lèvres des mots à crier, mais personne pour les recevoir.

vendredi, juin 24, 2005

Chroniques dans le pot de fleurs

1- La nouvelle locataire
2-
Le peuple de la terre
3-
Résidence estivale
4- Le coup de soleil
5-La pantoufle
6- Un hibiscus amoureux

Salut Marie,

*Je boude*. J’ai pu envie de parler à maman. Elle ne comprend rien. Elle est convaincue que c’est parce que tu n’es pas venue me voir cette semaine. Quand même, je ne suis pas complètement bébé. Je comprends que c’est difficile pour toi de voyager et que les autobus et Allo-Stop ne prennent pas de plantes, aussi belles soient elles, parmi leurs passagers. J’étais triste de ne pas te voir, sauf que ça allait.

Ce qui m’a mis dans tous mes états c’est que ton domestique soit venu à Montréal et qu’il ne soit même pas passé me voir. Pas de photo, pas de message chuchoté à mes pistils. Rien. Moi qui me faisais une joie d’une longue discussion à bâtons rompus avec lui. Parler de toi, savoir comment tu t’adaptes à ton nouvel environnement, échanger des confidences avec lui, le rendre messager de mes mots. Quelque chose quoi! Il n’est même pas venu. J’avais tellement espéré cette discussion que j’en suis tout flétri de déception. En plus, maman m’a dit qu’il était super gentil ce Charles là. Je sais bien qu’elle me l’a dit pour me rassurer quand à ton bien être quotidien sauf que je trouve que c’est encore plus plate de ne pas l’avoir rencontrer!

Maman à dû épuiser toute sa réserve de câlins et de mots doux pour moi. Je n’ai pas encore décidé quand je lui reparlerais. Il fait gris aujourd’hui. Il n’y a pas un bruit dehors, c’est fête et ça paraît. C’est encore plus calme qu’un dimanche. Il n’y a qu’elle qui se soit levée dans le voisinage parce qu’elle travaille. Sa librairie n’est pas fermée. Les patrons doivent croire que c’est un service essentiel... Aujourd’hui, parce que je suis encore un peu en colère, je me dis : « bien fait pour elle! » Mais Dédée m’a fait remarquer hier que je vais finir par me sentir coupable d’avoir été méchant. Je déteste ça quand elle à raison elle!

Bref,

Bonne Saint-Jean!

Je suis un hibiscus amoureux et transi.

Bisous

Roger xxx

jeudi, juin 23, 2005

Un tigre...à six pattes?

Tigretaure

Hier soir, c'était la projection des finissants de Dessin Animé 2D au cégep du Vieux-Monty...étant une ancienne finissante, j'y suis allée, évidemment! C'était vraiment bien, leur courts métrages...ça me donne la nostalgie de travailler l'animation 2D, de lâcher les ordinateurs et de dessiner un peu plus sur papier!

Alors, voici ma première pièce post projection, un tigretaure de style plus réaliste. J'espère que vous allez apprécier! : )

Regards

L’été n’était pas arrivé sur nous que déjà je sentais son effet. Comme un rayon de lune posé sur moi et me sortant d’une certaine noirceur. Une écharpe de soie qui me faisait paraître différemment, jolie sûrement.

Je ne me suis jamais trouvée belle. J’ai les joues trop rondes et les yeux trop petits pour mes propres critères de beauté. Avec ce corps sans hanches et ces épaules tombantes. Avec les surplus de poids qui s’accumulent en cercles concentriques au tour de mon ventre, me laissant des jambes encore un peu petites et m’ayant déjà fait dire que je suis la digne descendante du bibendum Michelin. Non, je ne me trouve pas belle. Pas horrible non plus.

Malgré cela, j’ai heurté des hommes parce qu’au premier regard ils ont été frappés. Je me rappelle un adolescent se racontant mes regards comme autant de promesses muettes d’un avenir possible quand j’essayais de me montrer réservée parce que l’élan de lui vers moi, je le sentais mais ne le partageais pas. J’ai aussi un jour sonné à une porte, innocemment, pour vendre je ne me rappelle plus quel machin et le gars qui m’a ouvert a tout simplement déboulé un escalier devant mon apparence et m’a illico invitée à sortir.

Je me suis terrée dans un manque de confiance délirant durant presque 5 ans, au cours de ma période dépressionnaire, durant lequel je me sentais franchement laide. Mais depuis juillet dernier, c’est différent. Je ne me trouve toujours pas belle, mais je me sens différente. Et j’attrape quelquefois des regards qui me le confirment. Je sais que je côtoie certains hommes qui me trouvent belle. Je lis des appréciations que j’aurais autrefois refusées. Et je sens que je peux faire mal. Parce que nonchalamment je distribue des sourires, une part de moi et de mon intimité sans me soucier des conséquences puisque je ne les vis pas moi-même. J’ai été prédatrice sans égard pour les hommes que j’ai fréquentés. Comme s’ils n’avaient pas la possibilité d’être heurtés au passage. Comme si les blessures d’amour propre et de sentiments étaient ma chasse gardée.

J’ai joué avec les hommes en enfant égoïste pour me rassurer sur mon potentiel de séduction. Paradoxalement, j’ai pleuré ma rage d’être celle qui se lance à cœur perdu dans une relation qui n’avait de réel que mes fantasmes.

Je ne suis pas un ange. Simplement une femme qui s’est acharnée à se réconforter dans le regard des autres.

*Pis si j’en vois un ou une qui me dis que je suis belle, je l’étripe. Ce texte n’est qu’une réflexion sur mon rapport à la séduction. Pas une demande d’approbation de mon apparence extérieure!*

lundi, juin 20, 2005

Trois dollars et quelques sous

Voici mon texte pour le Coïtus impromptus de cette semaine.

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08h30 dimanche matin. La rue Saint-Denis est déserte. Quelques voitures passent en éclaboussant l’employée qui attend de se faire ouvrir la porte, déchirant ainsi le bruit du silence. Elle a froid et serre sa veste sur elle. Ses idées sont embrouillées. Elle a trop bu hier. Il est trop tôt pour les lendemains de veilles.

L’employée a les larmes aux yeux tant le froid et la fatigue la harcèlent. Aussi ne remarque-elle pas tout de suite l’étrange jeune homme qui s’approche sur le béton mouillé. Il a les yeux trop grands ouverts, une démarche hésitante, et quelque chose de profondément triste s’en dégage. Il passe devant l’employée, se retourne quelques pas plus loin avec une question muette dans les yeux. Question qu’elle n’arrive pas à déchiffrer. Il fait encore quelque pas vers le sud. C’est à ce moment qu’elle remarque qu’il n’a pas de chaussures. Et que sa démarche est liée à ses pieds gelés. Le cœur de l’employé se serre. Elle comprend que c’est sans doute le résultat d’une soirée trop éthérée.

Coin Marianne, il s’arrête de nouveau. Il revient vers l’employée et lance : «Sorry miss, I’m lost. I don’t know where I am. I came from New Jersey yesterday to spend the week end in Montreal. I lost my shoes... ». L’employée le regarde en fouillant ses poches. Elle lui dit dans son meilleur anglais : « I would like to help, but I just have three dollars and twenty cents in my pocket.» Elle lui fait un sourire triste. Et lui repart vers le sud. Sautillant sur le bout des orteils pour ne pas avoir trop froid aux pieds.

Ce n’est que lorsqu’il disparaît de sa vue qu’elle se met à pleurer.

samedi, juin 18, 2005

Une voix, la nuit

Quelquefois on est le point de chute de quelqu’un. Un endroit qui réconforte.

Un soir, j’ai eu ce téléphone d’une amie qui avait le vague à l’âme. Cette amie m’avait été référée par une tierce personne. Cela m’a fait sourire. Parce que la tierce personne m’a fait penser à moi, dans mon enfance, qui disais à mes amies en larmes : «Si tu pleures, viens voir ma maman, tu vas voir, elle console bien.»

J’ai eu ce sentiment d’être la personne qui console. Celle qui sait poser les mots et ses oreilles sur les douleurs d’autrui. Et plus encore, d’être pour celui qui a créé la mise en contact de ce moment précis, la meilleure personne pour consoler, quelle que soit la situation. Parce que lui savait, pour m’avoir parlé ce jour-là, que j’étais moi-même passablement à l’envers. Lui est la personne au centre de mon quotidien depuis un certain temps. Il voit toutes mes humeurs, tous mes travers et trouves souvent le moyen de me voir mignonne quand je suis ridicule. J’ai eu ce sentiment qu’il me «prêtait» à quelqu’un d’autre, parce que je suis moi, et que dans ses yeux à lui, et dans son cœur aussi sans doute, je suis une femme-mère-héroïne; une personne ressource. Un être ressourçant.

Et pourtant, je suis loin d’être parfaite. J’ai des peurs irraisonnées souvent. Je panique totalement lorsqu’il y a une panne d’électricité en ville. À 32 ans, j’appelle encore ma mère pour lui dire que j’ai peur. Ce n’est pas mignon, c’est absurde. Parfois aussi, je m’énerve royalement. Je m'énerve dans ma franchise, mes déclarations intempestives. Je m'énerve de ne rien cacher et de ne rien garder pour moi. Je m'énerve de ne pas être capable de jouer une game. Je m'énerve de ne pas être hypocrite. Je m'énerve de m'attacher à qui il ne faudrait pas. Je m'énerve de compulser les rencontres de bar pour oublier. Je m'énerve de n'être pas capable de toucher celui qui m’émeut, quand je le vois, et de m'étendre pour un quidam qui ne m'importe pas.

Ce soir-là, j’ai été une oreille, une voix douce une présence pour quelqu’un qui en avait besoin.

J’ai dû réviser mon jugement : je suis probablement la pire censeur de mes travers tout personnels. Je ne suis pas parfaite, mais je suis suffisante pour les gens que j’aime. Assez en tout cas pour qu’un ami pense de moi que je suis celle qui protège des marées montantes de nos désespoirs trop souvent quotidiens.

mercredi, juin 15, 2005

Mercredi midi

Le thème de la semaine, pour le Coïtus impromptus, c'était Un mercredi midi à la taverne du coin. J'ai jamais beaucoup fréquenté les tavernes. Mais je me suis souvenue de la Taverne Michel, avec son Bienvenue au dames qui donne l'air d'être le nom de la place. Je me suis rappelé des midis ou l'on allait, clandestinement, y faire notre tour. L'histoire qui suit est à cheval entre la fiction et la réalité. Et, entre vous et moi, je ne sais pas moi-même où est la frontière.

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Elles sont cinq. Cinq à s’engouffrer dans la taverne en catimini. C’est assez drôle de les voir rentrer. Vérifier que personne ne les a vues pénétrer dans cette pièce trop enfumée. Joe et moi, on sait très bien qu’elles ne sont pas légales. Qu’elles n’ont pas l’âge pour fréquenter une taverne. Mais le mercredi midi, de toute manière y’a personne. Personne d’autre que Mousse qui a déjà la tristesse dans sa bière, Jack l’Irlandais qui n’a jamais parlé un traître mot de français, même s’il le comprend très bien, et Monsieur Bégin qui nous raconte ses vieilles histoires en dilapidant son chèque de pension de l’armée dans les machines de Loto, en espérant que personne ne s’en soit encore rendu compte.

J’attends toujours qu’elles soient passées avant de quitter ma fenêtre pour aller les rejoindre. En silence, dans mon coin. Il y a la grande brune au visage si parfait que c’en est presque difficile à croire. Il y a la petite blonde qui saute partout et qui rigole. La grande timide qui s’inquiète toujours de se faire prendre ou d’arriver en retard au prochain cours, il y a la fille à lunettes qui désamorce et fait rire. Et il y a la joueuse; celle que les autres suivent ici, celle qui passe l’heure à taper les balles sur la table de billard, inlassablement.

Elles sont quatre à venir regarder la joueuse taper ses balles depuis septembre. Tous les mercredis midis. Le mois de juin est avancé; Joe pis moi on sait qu’elles ne seront plus là très longtemps, la fin des classes sonnera la glas de leur chaleur dans notre antre. Plus de rires convulsifs en pointant du doigt la bancale pancarte Bienvenue aux dames qui n’a jamais été ôtée du fronton. Plus de secrets narrés tellement fort que tous les gars de la place les connaissent. Plus de soleil au milieu de la semaine.

Elles sont cinq. Elles vont nous manquer.

lundi, juin 13, 2005

Entre vouloir et être

J’aurais voulu lécher les larmes qui rigolent sur tes joues en autant d’interminables ruisselets empreints de tes détresses. Surtout celles que tu n'as pas versées. Sécher de mes pouces les hoquets de tes pleurs en gardant ta joue apposée sur ma main. J’aurais voulu mordre ta paume, pour te montrer que je suis là.

J’aurais aimé prendre ton cœur entre mes doigts et le protéger des palpitations qui le heurtent, le mettre en sécurité. J’ai espéré passer ma main dans on dos, doucement, pour apaiser tes torrents intérieurs.

J’aurais voulu atteindre dans ta chair les éclats volés de tes aspirations malmenées. Te présenter une île sur laquelle tes espérances seraient possibles. Être le bouclier de tes démons et le havre de tes insatisfactions. J’aurais aimé te dire que les possibles sont réels et que point n’est besoin de se flageller pour les erreurs passées et les plaines à reconstruire.

J’ai espéré être une lanterne, mais me suis laissée prendre dans les brouillards. Aujourd’hui c’est ta voix qui me guide dans le méandre de tes inconscients. Dans les brumes de ces éléments déchaînés; je me suis perdue, je t’ai perdu. J’ai oublié qui tu étais et qui tu voulais devenir en tentant de substituer à ta moelle ce que tu n’es pas.

J’ai tenté d’être une fée et je me suis réveillée meurtrie de n’être qu’une femme.

samedi, juin 11, 2005

De l'eau sur ma peau

Le temps est écrasant d’humidité.

Je suis prise en ville. Avec une légère brise qui n’arrive pas à assécher ma moiteur. Je voudrais être en Estrie plutôt qu’à Montréal et partir au lac Fraser avec des amis. Sur la roche, loin de la turbulence des familles qui crient et courent dans tous les sens. Je rêve d’un lac et de silence. Et de la fraîcheur de l’eau sur ma peau. Je ne veux pas des piscines chlorées de Montréal. Je n’ai pas envie d’être parfumée de chimique.

J’ai le corps lourd et gourd. Ma poitrine est pesante et blessée. Des marquent rouges la ceinturent. Je sais que je vais devoir endurer ce calvaire durant toutes les canicules de l’été qui s’ouvre. Mes doigts sont enflés et mes bagues m’irritent. Mais je ne peux plus les ôter, prise qu’elles sont sur les boudins de mes extrémités. Des perles de sueur trempent mon dos et se font rigoles entre mes seins. J’ai la tête sans dessus dessous, je ne suis plus le fil de mes pensées. Il fait trop chaud pour manger. Je me nourri de café froid et de cigarettes.

Je voudrais sortir de la ville. M’évader loin du bitume qui concentre la chaleur. Vivre dans un courant d’air qui m’est interdit pour cause de chat. Chat qui d’ailleurs ne semble pas avoir compris que ce n’est pas le temps de coller. C’est une drôle de bête, Dédé. Elle n’a de cesse que de trouver un bout de peau pour y poser la tête. D’ordinaire mes bras sont son refuge. Cette nuit, cela ne suffisait plus. Il lui fallait l’espace complet de mon postérieur. Sous ma robe de nuit. Je me suis réveillée détrempée. Et exaspérée un peu aussi.

Je suis lasse, comme si j’avais couru un marathon. Lasse comme si je n’avais pas dormi depuis des jours. J’ai une infection à l’œil gauche, ce qui me donne un regard torve. Je rêve de campagne et de la douceur de l’eau sur ma peau. Je suis prise à Montréal et Dieu que je voudrais en sortir.

jeudi, juin 09, 2005

Tout frais!

Mei

Pour faire ça rapidement, voici Mei la louve dans son lit, que je viens de terminer à l'instant, donc, il est tout frais sortit de Photoche! : )

Sous réverbère

Le thème de la semaine pour le coitus impromptus est Histoire érotique sous réverbère. Thème ayant inspiré bien des gens, les contributions sont aussi nombreuses que variées. Pour ma part, je me suis astreinte à pondre une contribution, parce qu'à ce jour je n'ai manqué aucune semaine. C'est avec une certaine gêne que je vous partage mes mots. Je crois que ma sensualité fait inexorablement partie de mon privé.

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La nuit s’est drapée sur la ville. Il ne reste plus que moi. Moi et la lumière blafarde des réverbères habitant les secondes qui s’écoulent pour frapper l’ennui.

J’ai ton corps dans la peau et ta peau sous les doigts. Quelques fragments d’épidermes rongés sous mes ongles. Un humide baiser sur mes fébrilités émotives; parfum d’interdit de mon imaginaire concentré. Fantasme de salive parsemant l’humidité d’un moment chargé de sens, sous les songes infinis des silences partagés. Mon pied sur ta hanche, balayé des questions de tes phalanges.

J’ai rêvé de tes lèvres sur les miennes, de ta langue sur ma peau, des tes silences dans mes absences. J’ai rêvé d’une morsure à mon oreille, d’une expiation dans mon cou, de mains sur mes courbes. Sans savoir comment approcher le continent de tes sens. J’ai imaginé le feulement de ta voix dans son animale dextérité.

J’ai rêvé les couleurs de tes spasmes. Oublié l’inassouvi des distances. Senti l’odeur d’une brise sur ma poitrine dressée, imaginé une marque dans mes chairs.

La nuit s’est drapée autour de moi cependant que je me vrillais dans le manque.

lundi, juin 06, 2005

Chroniques dans le pot de fleurs

1- La nouvelle locataire
2-
Le peuple de la terre
3-
Résidence estivale
4- Le coup de soleil
5-La pantoufle

Bonjour Marie,

C’est qu’il s’en est passé des choses depuis une semaine! Maman m’a dit que tu t’étais trouvé une fenêtre fantastique pour dominer toute la ville de Québec de ta splendeur. Wahou! Je t’imagine bien dans tes hauteurs. Comme tu dois aimer et comme cela doit être intéressant de voir toutes ces gens et ces êtres se mouvoir sous ta fenêtre! Je n’ai malheureusement plus de perspective aussi intéressante puisque je me suis retrouvé sur le plancher des vaches pour cause de soleil intempestif. Mais, je t’en ai déjà parlé.

J’ai une nouvelle pantoufle! Grand-mère est venue aider maman à me transpoter samedi. Si tu savais comme je suis heureux de pouvoir laisser s’étendre mes racines dans tout cet espace! Quel confort. Elle est vraiment jolie en plus : terra cotta. J’aime beaucoup. Dédée trouve que ça me donne un genre. Et puis, je me suis mis à frétiller de nouvelles pousses d’un vert très tendre tout en bourgeonnant à qui mieux mieux, au grand plaisir de maman.

Il est aussi arrivé une série de malheurs. Tout d abord, les plantes de madame Coloc se sont fait infester de pucerons : il y en avait partout. Certaines d’entre elles se sont vues donner de grands bains, jusque dans les racines. Je peux te dire que j’en ai entendu râler jusqu’en bas. Ouf! Je suis fort aise d’y avoir échappé. En plus, Shirley, tu sais l’autre hibiscus? Eh bien, elle a été un peu inondée par inadvertance et elle s’est toute fanée. Quand grand-mère est arrivée pour mon changement de soulier, elle a décrété qu’il fallait couper les cheveux de Shirley. Maman s’en est chargée… Résultat? La pauvre Shirley est complètement tondue, ça lui donne un air de skinhead. Cependant, la petite est orgueilleuse et déjà elle s’est mise à faire du vert tendre, pour riposter. C’est qu’elle n’aime pas ça ne pas avoir de chevelure.

Je dois m’arrêter ici, d’autres que moi ont besoin de l’ordinateur,

À bientôt,

Roger xxx

samedi, juin 04, 2005

Le Plateau s'anglicise

Le Plateau s’anglicise.

Étrangement, ce matin, Monsieur P a traité de ce sujet dans sa chronique hebdomadaire à l’émission Samedi et rien d’autre. En reparler ici c’est comme dire que je suis encore plus fan que fan. Et pourtant, j’ai cette idée de texte dans la tête depuis quelques jours.

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La nuit était tombée sur une journée chaude de la fin mai. J’arrivais de travailler, fourbue. Dans ce début d’été que l’on n’attendait plus, le vent à peine perceptible n’arrivait pas à me laver de ma moiteur. J’étais dans mon fumoir, à lire. Je fus distraite de ma lecture par un bruit, un chuchotement de discussion à quelques pas de moi. Levant la tête, je réalisai que de l’autre côté de la ruelle un homme, sur son balcon, parle à une femme sise sur le balcon d’en face, l’étage d’en dessous.

Les bruits de leurs mots caressaient mes oreilles, emplis de confidences et de tendresse.

Une histoire d’amour se dessinait par galeries interposées.

Tandis que je me demandais pourquoi laisser au voisinage l’occasion d’assister, en première loge, aux balbutiements d’une aventure de sentiments poignants. C’est à ce moment que j’ai compris qu’ils ne se brimaient pas parce qu’ils parlaient en anglais. Pas un anglais troqué comme celui qu’utilisaient mes parents lorsqu’ils voulaient passer outre nos oreilles d’enfants indiscrets. Non, de l’anglais pure laine, bien maîtrisé.

Cela m’a fait sourire. Me rappelant qu’à peine plus au Nord, c’est aussi une famille anglophone : les enfants, qui ne doivent pas avoir beaucoup plus de quatre ans, me le rappellent régulièrement aux petites heures des matins de fin de semaines. Ça me rappelait aussi mon enfance, à l’époque où une habitation d’anglophones jouxtait pratiquement ma cour arrière.

Dans les jours qui ont suivi, j’ai entendu des discussions en anglais tout autour de moi. Sur un balcon, sur la rue, dans ma ruelle, au dépanneur. De l’anglais partout.

Le Plateau s’anglicise.

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Ceci dit, je suis une fois encore d’accord avec Monsieur P. Rien ne sert de paniquer et de crier au loup pour le changement de clientèle de ce quartier. En effet, la plupart des résidents anglophones du quartier parlent très bien le français et les autres le parlent suffisamment pour se faire comprendre.

Je crois que ces anglophones ont traversé la rue Saint-Laurent parce qu’ils n’ont plus peur de nous.

Et je dois dire que j’ai toujours eu un faible pour les anglophones francophiles qui me parlent dans ma langue. Je trouve que ça a un charme fou.

Un autre!

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Voici Camille...une belle renarde française class, esthéticienne de profession, dealeuse d'armes dans ses temps libre! Elle est ici représentée avec son look d'il y a quelques années, quand elle était encore en France, dans le crime organisé (la mafia française...wouuuuh!!).

Elle est le personnage d'un projet que je travaille à temps perdu de ce temps là (étant en fin de session et aimant surtout prendre bien mon temps!)
Veuillez m'excuser si l'image parait très foncée, elle a été réalisée sur mon autre ordinateur avec mon écran légèrement mal calibré.

jeudi, juin 02, 2005

Le bout de papier

Le thème du coitus cette semaine c'est «Un petit bout de papier chiffoné dans la poche arrière de son jean». Je me suis amusée à me faire un clin d'oeil personnel et j'ai griffoné une suite pour mon «Carnet de doute»


Bonne lecture!

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Terré dans les buissons, je regardais la fenêtre illuminée.

Je savais pourquoi j’avais échoué ici. Depuis 3 ans que je traînais le même bout de papier froissé dans la poche de mon jeans, comme pour m’assurer de ne pas faire d’erreur. À force d’usure, le papier était redevenu blanc et tout déchiré. On pouvait encore voir une fine trace d’encre bleue. Cependant, c’était impossible d’en lire les mots. Ce qui, au bout du compte, n’avait plus d’importance parce que j’en connaissais le contenu par cœur : «Marie, 15 rue des Érables ».

Je n’avais jamais osé sonner. Même si je suis passé ici souvent. C’est ce qu’il y a de moche lorsqu’on est populaire. Il faut rester dans la clique. Sinon, gare à la déchéance. Si qui que ce soit m’avait vu aller voir Marie, ou aurait soupçonné que je mourais d’envie de m’asseoir près d’elle à la café, je serais passé de vedette locale à dernier des têtards.

Mais ce soir là, après que j’eu appris la mort de mes amis dans un accident de la route. Après que ma mère m’ait dit qu’il n’y avait plus rien d’eux que des carcasses calcinées. J’ai suivi l’itinéraire de ma poche. Et je me suis terré dans les buissons. Silencieux.

Marie doit avoir de drôles d’antennes. Parce que j’étais là depuis 15 minutes à peine lorsqu’elle est apparue sur le balcon. Elle a traversé la rue rapidement, a tassé les branches, ramassé ma planche et pris ma main comme si c’était la chose la plus naturelle du monde.

On est entrés dans la maison. Dans l’escalier qui mène à l’étage elle a lancé : « Philippe dort ici maman. Tu peux aviser ses parents svp? » Nicole n’a rien dit. D’un hochement de tête elle a acquiescé. Marie m’a tiré dans la chambre, m’a poussé sur le lit et a lové mon trop grand corps dans ses petits bras.

C’est à ce moment qu’elle m’a dit : « Ok, c’est beau, je suis là, tu peux pleurer maintenant ».