jeudi, juin 28, 2018

Quand le Manitoba ne répondra plus

Ça y est, je suis en vacances. M'enfin, si on peut appeler les prochains jours des vacances étant donné mon déménagement imminent, en pleine canicule. Je sens qu'on va avoir chaud, mais comme le soulignait une amie, comme j'ai convoqué mes aides-déménageurs tôt, on devrait s'en sortir par trop mal.

Mais bon, déménager, n'est pas ce qui me stresse vraiment. Là où j'accroche c'est que comme j'ai tergiversé rien que bien en masse avant de sélectionner une compagnie pour me fournir internet je vais être complètement coupée du monde durant un bon quinze jours. C'est épeurant. Oh, je vais sans doute trouver le moyen de mettre mes textes en ligne, j'ai près de moi, des gens qui ont ce service et qui pourront sans doute me dépanner pour que je puisse me brancher quelques secondes histoire de mettre en ligne les textes bihebdomadaires et le petit message que je met en ligne dans Facebook pour y inclure un lien vers mon blogue.

Mais de nos jours, tout passe par l'internet : en tout cas, la grosse majorité des communications que je fais. J'ai bien peur de me retrouver isolée dans mon nouveau monde à peu près autant que les colons qui débarquaient sur nos rivages il y a quelques centaines d'années. Ben oui, j'exagère, je sais bien. Il me restera encore les appels téléphoniques, sauf que je sens que je vais avoir l'impression d'être terriblement vintage avec des appels plutôt que des communications internet. Il y aura aussi les textos pour me garder un peu dans l'air du temps, n'empêche que...

Une des choses qui me fait le plus peur d'aller vivre seule c'est justement d'être coincée dans ma solitude. Alors, je lance une nouvelle bouteille à la mer : mes amis si vous avez une soirée de libre dans la prochaine semaine, textez-moi, venez visiter mon nouveau logis, j'aurai, je crois, grandement besoin d'une communauté tissée serrée pour passer à travers ces premiers jours parce que je me connais, je vais trouver très difficile d'être seule avec moi-même sans télé ni internet pour me donner le faux sentiment que je suis un peu moins seule qu'il n'y paraît.

L'air de rien, dans 48 heures je sauterais dans la piscines de mes peurs. Heureusement pour moi, j'ai toujours aimé l'eau et je sais nager. Sauf que ça ne change rien au fait que j'appréhende ces moments où je n'aurai que moi avec qui discuter, sans même un colocataire dilettante avec qui briser le mur du silence de temps en temps.

Paradoxalement, je crois que j'opère tous ces changements pour le mieux et que pour la première fois de ma vie, je serai chez-moi et vraiment chez-moi. J'oserais même croire que ce sera une étape au moins aussi importante que celle d'avoir enfin terminé de payer mes prêts étudiants, même si dans ce cas, je ne m'en étais pas trop aperçu sur le coup. Cependant, je mesure quotidiennement le degré de liberté supplémentaire que cet achèvement m'aura apporté.

En conclusion, je dirais, en toute honnêteté que j'ai un grosse trouille colorée devant les jours qui s'ouvrent devant moi, mais que j'ai quand même passablement hâte de découvrir la femme que je serai une fois ce passage franchi.

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dimanche, juin 24, 2018

Mission accomplie

Avoir vécu à Sherbrooke durant toutes ces années comporte ses avantages, à part le fait que j'y ai rencontré des gens formidables. J'y suis devenue experte ès déménagement parce que disons que j'ai souvent eu la bougeotte lors de mon séjour dans cette ville. C'était en partie de ma faute, en partie un effet collatéral d'une vie estudiantine rythmée au pas d'un système coopératif qui faisait en sorte que les logements se remplissaient et se vidaient aux quatre mois.

Donc, quand vient le temps de m'emboîter, je suis plutôt efficace. La plupart du temps. J'ai pogné un nœud aujourd'hui, contre : je me suis heurtée aux pots de plastiques d'une armoire tellement bien remplie de pièces éparses que ça m'a pris une heure et demie en faire le tri. Sans exagération. Ce n'était pas du tout prévu dans mon plan de match, ni le fait qu'ancien colocataire partirait avec mon feutre noir (qu'il croyait sans doute être sien) ce qui fait que je me suis retrouvée avec rien pour identifier mes bien. Trouver un endroit ouvert où ce genre de chose se vend un 24 juin au Québec est, mettons, plutôt impossible. J'ai fini par en obtenir un du dépanneur du coin, parce que les proprios sympathiques ont décidé de me faire une fleur.

Bref, après ces deux incidents j'ai fini par commencer à faire quelque chose sur le sens du monde. J'ai rempli une quarantaine de boîtes de livres cd et dvd au total et quelques sacs de vidanges de textile. Je me suis aussi échinée à essayer de nettoyer une bibliothèque que je me dois de déclarer perte presque totale. Oh, elle tient toujours, mais j'ai fumé à ses côtés durant les 20 dernières années alors, elle est dans un état, pour dire le moins, lamentable.

J'ai aussi dû m'arrêter quand les nouveaux locataires ont commencé à prendre place dans l'appartement parce que les gros morceaux qui étaient ailleurs que dans ma chambre ne pouvaient pas tout à fait se bouger tout seuls. Autre preuve que j'ai manqué ma coche en cette journée personnel du festival des boîtes empilées. Évidemment, je me sentais cheap d'être encore là quand ils sont arrivés, pourtant je sais que je ne devrais pas parce que j'ai payé le loyer jusqu'au 30 et qu'il me reste encore 6 jours avant l'échéance tandis qu'eux n'y ont pas mis un sou. Mais ceci est un autre débat.

Finalement, j'ai terminé mon labeur 8 heures après l'avoir débuté. J'étais épuisée et courbaturée. Je me suis aperçue que le soleil était pratiquement couché et que je n'avais rien mangé depuis 9h30 ce matin. J'ai aussitôt attrapé un tournis tout en ne me sentant pas le courage de faire un détour par un fast food et en ayant aucune espèce d'envie de manger gras.

Néanmoins, je peux dire « mission accomplie ». Mes déménageurs n'auront pas de mauvaises surprises samedi, ni dans la lourdeur des boîtes ni dans leur dimension.

Si vous saviez à quel point j'ai hâte d'être enfin arrivée à destination...


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mercredi, juin 20, 2018

Opérer un changement

Dans quelques heures, je vais fermer mon ordinateur sur neuf ans de ma vie. À mon réveil, demain, il n'y aura plus d'internet dans le secteur, plus de télé, bref, absence de plein de petites choses qui débutaient mon quotidien.

Neuf ans. C'est l'endroit où j'ai vécu le plus longtemps si l'on oblitère la période lors de laquelle j'ai résidé sous le toit familial. Je n'aurais pas cru, quand j'ai aménagé ici que j'y resterais si longtemps. Après tout, c'était un peu une erreur de circonstances : je voulais quitter une relation de colocation qui devenait désagréable avant de perdre une amie (pari réussi) et la personne chez qui j’emménageais désirait buter de chez lui un colocataire importun. Et comme, à l'époque, je n'avais pas de crédit, une dette d'études dont il me semblait impossible de voir la fin, c'était pour moi une situation parfaite.

Aie-je été heureuse ici? Je ne saurais répondre. Je n'ai pas été malheureuse en tout cas. Mais je n'étais pas non plus chez-moi. J'étais un autre qui avait fermement implanté ses racines avant mon arrivée. Ceci n'est pas une critique, simplement un état de faits. Si l'envie lui prenait de faire une nouvelle décoration dans un corridor ou dans une pièce, il ne lui passait pas par l'esprit de me demander mon avis sur la chose. Par ailleurs, il ne me venait pas d'avantage à l'idée de lui dire que je n'aimais pas toujours ses choix : je me sentais pas tout à fait concernée. Où plutôt, je reconnaissais sa préséance sur l'appartement.

Ceci étant dit, je ne suis pas une martyre des dernières années de ma vie. J'avais besoin pour pouvoir étendre mes ailes. Ici, j'ai pu avoir un passeport parce que j'avais les moyens de me le payer. Ici, j'ai voyagé. Dans des tous inclus, c'est possiblement réducteur, j'en suis consciente, mais j'aime le côté « prise en charge » de ce genre de formule. J'aime la plage et surtout j'adore l'eau depuis aussi longtemps que je me souvienne. Jouer dans l'eau c'est la chose qui m'est le plus agréable. Alors mettez moi une plage, de l'eau chaude, un bon livre et beaucoup de temps, forcément, je m'épanouis.

Et surtout, à mon arrivée ici, je n'avais pas de crédit, j'avais besoin d'espace financier pour me refaire un peu. J'y suis arrivée, sans trop m'en apercevoir, donc sans heurts et c'est, à mon avis, ce qu'il a de plus important.

À l'aube, demain matin, j'aurais terminé ma résidence ici. Mon déménagement personnel attendra quelques jours de plus. Je quitterai l'appartement avec ma grosse valise pour aller camper sur le divan maternel parce que j'ai la chance d'avoir une maman généreuse qui m'accueillera dans son quotidien avant que je finisse par déplacer mes pénates.

J'opère un tournant majeur dans mon existence, que je le veuille, ou non.

Et je crois, qu'au bout du compte, j'en ai envie.

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dimanche, juin 17, 2018

Les voyageuses de livres

L'activité avait pourtant bien mal commencé. Par un malentendu majeur, pour dire le moins. J'avais demandé de l'aide pour rapporter des boîtes à la maison afin de pouvoir, un moment donné dans un avenir rapproché, commencer à faire mes boîtes. Mais comme c'est souvent le cas dans un appel à l'aide dans un réseau, j'ai un peu tourné les coins ronds dans ma demande et la Sauterelle qui y a répondu avait compris que je voulais de l'aide pour faire mes boîtes.

Nous avons découvert hier, pendant que je m'apprêtais à ficeler toutes les dites boîtes (150) avant de quitter le travail, qu'on s'était mal comprises. Alors rebelote le taxi. Il me semble que je n'en ai jamais pris autant dans un laps de temps aussi rapproché. M'enfin, comme la température était radieuse à Montréal hier, j'ai pu avoir une grande voiture sans attente supplémentaire et j'ai pu rapatrier ici toutes les précieuses boîtes que j'avais soigneusement sélectionnées au cours du dernier mois.

Comme la Sauterelle avait libéré sa journée du dimanche pour moi, je l'ai convié à un brunch matinal et elle m'a relancée en me proposant d'aller porter les livres dont je voulais me départir avec moi. J'ai aimé l'idée tout en lui soulignant que sans voiture, ce serait bien lourd. Elle m'a alors soumis l'idée d'utiliser nos valises pour rouler les livres vers une autre destination que mon futur logis. J'ai pensé que la suggestion était bonne et c'est ainsi que nous nous sommes retrouvées attablées sur une terrasse pour un déjeuner plus que copieux en fin de matinée.

Après ce joli moment de détente, nous sommes revenues chez moi prendre empaqueter les livres que j'avais préalablement triés. Je n'étais que passée à travers les livres grands formats. Je ne sais pas trop par quel miracle nous avons réussi à tout caser dans nos valises, mais toujours est-il que, beauté du hasard, un autobus montait vers Mont-Royal dans les minutes qui suivaient. J'ai rapidement trouvé preneur, même si je ne pouvais pas en obtenir une somme sonnante et trébuchante. Honnêtement, cela m'importait peu. Pour moi, l'essentiel était de faire en sorte qu'ils trouvent un prochain lecteur. Et je dois avouer que nous avons été soulagées de nous délestées du poids qui encombrait nos valises aussi rapidement que possible, parce que franchement, elles n'avaient jamais été aussi difficiles à manier, malgré leurs roulettes.

Ensuite, notre plan était de commencer les boîtes. Mais nous avons fait la découverte que le ruban gommé deux pouces était aux abonnés absents dans mon quartier. Après cette déconvenue, nous avons mon amie m'a offert son restant de ruban, sauf que celui-ci se trouvait à Verdun. On s'est alors dit que tant qu'à y voyager, on pourrait faire un autre voyage de livres avec les formats poches, cette fois-là. On a eu beaucoup de plaisir à faire le tri, parce que je me suis surtout départie d'une multitude de romans rouges (je dirais une centaine, sans exagérer beaucoup) ce qui nous a permis de beaucoup nous amuser des titres et des pages couverture desdites œuvres.

On a fini la journée sur sa galerie, épuisées, à boire tranquillement du Bonheur. Ça été une magnifique journée qui me donnait un peu l'impression de me substituer à La petite marchande de prose de Pennac. Malgré le fait que moi, je n'édite pas, j'ai tout de même voyager des livres, jusqu'au prochain lecteur, que je ne connais pas.

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jeudi, juin 14, 2018

En retard

Fa que c'est l'histoire d'une fille qui est arrivée au travail avec 1h30 de retard ce matin.

Comment aie-je réussi un tel exploit? En finissant par être vraiment mêlée dans mes changements d'horaire.

À la fin du mois dernier, une gestionnaire a quitté la succursale. Forcément, son poste a été affiché. Mon directeur a produit un premier horaire pour le mois, un horaire un peu vaporeux, si je puis dire étant donné que nous avions une visons partielle des effectifs des semaines à venir. Par chance l'embauche a bien été. Ce qui fait que nous avons rapidement eu droit à une nouvelle version de l'horaire de gestion.

Et puis, des formations se sont ajoutées, à la fois pour certains membres de notre équipe et pour des gens de d'autres succursales qui venaient se faire former chez-nous ou que nous allions former ailleurs. Ce qui forcément impliquait d'autres modifications à l'horaire. Et puis lundi soir, la nouvelle gestionnaire a remis sa démission. Par conséquent, nous avons eu droit à une nouvelle version de l'horaire.

Ce qui fait que je me suis un peu emberlificotée dans toutes ces versions et que j'étais convaincue que je commençais mon quart de travail à 13 heures aujourd'hui. J'ai donc été très surprise de recevoir un appel de mon boss à 9h07 qui se demandait bien où j'étais. J'étais chez moi, occupée à ne rien faire d'important sinon boire un café quand il m'a annoncé que j'aurais dû être au travail à 8 heures. J'étais sidérée. J'ai regardé l'horaire que j'avais noté dans mon téléphone et selon cette dernière retranscription, j'étais prévue à l'horaire à 13 heures, mais visiblement je m'étais emmêlé les pinceaux.

Alors j'ai appelé un taxi tout en sautant dans des vêtements propres, me brossant les dents et mettant un à peu près lunch dans mon sac. J'ai fini par arriver au travail 30 minutes après l'ouverture, assez gênée de la situation. Par chance pour moi, une employée qui reste très près et qui a les clefs s'était déplacée pour ouvrir les portes avant mon arrivée, ce qui fait que les portes ont été ouvertes avec un petit vingt minutes de retard. J'en dois une à cette personne, je vous le dit.

J'ai passé la matinée à essayer de reprendre le pas les minutes que j'avais manqué plus tôt dans la journée. Ça me donnait l'impression d'être continuellement sur le fil, ce qui qui n'est pas particulièrement agréable pour commencer une journée. Et de temps à autres, j'étais prise d'un irrésistible fou rire à cause de la situation.

Je déteste être en retard, mais tsé tant qu'à l'être, aussi bien l'être pour la peine. Au moins, ça fait une histoire à raconter.

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dimanche, juin 10, 2018

Détours matinaux

Quand j'ouvre le magasin la fin de semaine, je dois y être à 7 heures pour faire entrer les gens qui font le ménage. À cette heure, les transports en commun sont, disons, peu fréquents. Je dois donc quitter la maison à 6h10 au plus tard. Il y a bien longtemps que j'ai découvert que ça me prend plus de temps de prendre la ligne verte puis la ligne orange que de marcher jusqu'à Berri pour cause d'espace temps entre les transferts. Mais, il y a le 125 qui peut me permettre de gagner du temps.

Il y a deux semaines, un samedi matin, il pleuvait des cordes. J'étais détrempée après avoir fait deux pas. Je m'étais donc réfugiée sous un auvent pour attendre l'autobus (il n'y a pas de cabine à cet endroit). Je grelottais dans mes vêtements mouillés quand j'ai vu l'autobus tourner sur la rue De Lorimier pour se rendre vers Sherbrooke. J'avais levé les yeux pour constater qu'en effet, un détour était prévu, mais le site de la STM n'avait pas juger bon de l'indiquer. Je n'avais plus le temps de marcher jusqu'au métro Berri sans arriver en retard à destination. Alors j'avais appelé un taxi pour me rendre à bon port. C'est fâchant comme début de journée, je trouve.

Hier matin, j'ai vu le même autobus effectuer le même détour. Sauf que m'étant récemment fait prendre, je prends désormais la peine de vérifier si un détour est indiqué sur le site ou sur l'arrêt et il n'y avait rien. Je ne sais pas pourquoi le chauffeur a pris la décision de s'en aller sur Sherbrooke, laissant tous les passagers potentiels moisir à leur arrêt, il n'y avait pas de détour indiqué sur les trois arrêts que j'ai franchi à à la course pour essayer d'attraper le 45 qui me permettrait d'aller vers le nord afin de perdre le moins de temps possible.

J'ai été chanceuse, le chauffeur m'a vue arriver et il m'a attendue. Dire que j'étais furieuse contre la ligne d'autobus 125 est un euphémisme. J'avais une énorme envie de déverser mon fiel sur le chauffeur du 45, mais il n'était aucunement responsable de mes malheurs, alors j'ai laissé tomber l'idée. Je lui ai toutefois demandé s'il avait de l'information sur un détour impromptu de cette ligne. Et, évidemment, il n'en avait pas.

Arrivée à la station Fabre, j'ai renoncé à prendre le métro parce que les passages sont vraiment trop rares sur la ligne bleue à cette heure. J'ai donc marché à vitesse grand V jusqu'au magasin pour finir par arriver avec un petit 5 minutes d'avance sur l'heure d'ouverture, sauf que je devais accueillir une nouvelle gérante et que je lui avait dit que je serais là 15 minutes plus tôt. Ça froissait sérieusement mon sens du professionnalisme qui n'a été freiné cette fois que par mon sens de l'économie, parce que franchement, je n'ai pas envie de payer des taxis à toutes les fois où un autobus ne passe pas.

Bref, ce matin, je n'ai pas pris de chance, j'ai quitté la maison à 6 heures et j'ai marché jusqu'à Berri pour finir par arriver à la même heure que lorsque je prends l'autobus.

Cette ligne de bus, franchement, fera partie des nombreuses choses que je laisserai derrière moi avec grand plaisir lors de mon déménagement prochain.

J'ai cependant le pressentiment que je vais pester au moins autant au sujet de la ligne 140...

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jeudi, juin 07, 2018

Le roi de la montagne

Il y a environ deux semaines, j'écrivais sur ce nouveau voisin qui avait installé des hauts-parleurs à l'extérieur de son domicile, afin de faire partager ses goûts musicaux au voisinage, dans un large élan de générosité (!?). Dans ma très grande innocence, je m'imaginais être la seule à en vivre les désagréments étant donné que sa musique ne joue pas si fort. À preuve, mon colocataire dont la fenêtre est de l'autre côté de la porte d'entrée, ne l'entendant absolument pas.

J'ai récemment été détrompée parce que ledit voisin a été harangué vertement par ma voisine du dessus

Au moment des événements, mon colocataire et moi étions en train de terminer la vaisselle dans la cuisine lorsque notre activité vespérale a été perturbée par des hauts cris provenant de l'avant de l'édifice. Mus par une espèce de curiosité malsaine, lui et moi nous sommes installés sur le bord de mon lit pour écouter, discrètement la joute.

La jeune fille était furieuse, pour une raison que nous ignorons toujours. En substance, cependant, elle disait au voisin qu'il était un personnage désagréable qui s'était déjà chicané avec tout le monde en un très court laps de temps et qu'il était certainement temps pour lui de finir par se mettre dans la tête que ses habitudes ne convenaient pas à l'environnement immédiat. Elle affirmait rester dans le secteur depuis sa naissance et avoir de bonne relation avec l'ensemble du voisinage et que beaucoup de gens lui avaient partager leur irritation généralisée.

Dans ma chambre, coloc et moi retenions nos fou-rires en nous étonnant de la proximité de la voisine avec le reste de la faune. L'homme lui répondait qu'elle ne se mêlait pas de ses affaires et qu'il avait bien le droit de vivre sa vie comme il l'entendait. Elle lui avait rétorqué que c'était vrai tant que le reste de l'univers n'en était pas dérangé. C'est à ce moment que j'avais compris que son système de son était étendu à la cours arrière, là où donnent la plupart des fenêtres des chambres des locataires de notre rue et de celle d'en arrière. Il n'y a pas de ruelle derrière chez-moi, ce faisant la proximité des résidences forme une espèce de caisse de résonance faisant en sorte que beaucoup de gens bénéficiaient, contre leur gré, des goûts musicaux du nouveau voisin.

Bref, la jeune femme l'a entretenu de respect, d'art de vivre et tutti quanti, à ma grande hilarité parce qu'elle n'est pas la personne la moins bruyante à ma connaissance, loin s'en faut. Elle a finit par quitter la scène en montant bruyamment ses marches, toujours furieuse, tandis que pour se venger, le voisin mettait sa musique à plein volume comme pour prouver son point. Sauf que la police est débarquée dans les minutes qui ont suivi et que tout le tintamarre s'est brusquement arrêté.

Depuis, il ne met la musique à l'extérieur que lorsqu'il y est, et pas très longtemps. Je soupçonne fortement le reste du voisinage de le gracier de regards noirs à toutes les fois où il s'y essaie.

Je n'ai jamais vraiment eu l'impression de faire partie de le même espèce que la plupart des gens qui habite autour d'ici, tandis que cet homme bruyant semble partager beaucoup de codes avec cette faune. Visiblement, il vient d'apprendre à ses dépends que s'intégrer au voisinage ne veut pas nécessairement dire de s'imposer en roi de la montagne...

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dimanche, juin 03, 2018

Deux heures et demie avec Mathilde

Aujourd'hui, j'ai fait quelque chose que j'aurais dû faire il y a bien des années. Effet collatéral de mon déménagement imminent, j'ai vidé mes classeurs. M'enfin, j'en ai vidé un des deux. Par conséquent, j'ai passé deux bonnes heures avec moi. Toutes sortes de versions de moi que j'avais un peu oublié.

Ces classeurs contenaient essentiellement des notes de cours que j'ai déménagé pendant vingt ans. Et si je me suis posée longuement au même endroit dans les dernières années, ce ne fut pas du tout le cas dans mes périodes précédentes. Disons que j'avais la bougeotte, pour faire une histoire simple, même si souvent, ces mouvements de meubles et de ma personne étaient pratiquement obligatoires.

En pensant à mon futur logis, je me disais que je devais me défaire de mes classeurs parce que je n'aurai pas vraiment l'espace pour les caser de manière soit discrète, soit en harmonie avec le décor que je fais et je défais dans ma tête depuis quelque chose comme deux mois. Comme souvent, quand on vide des silos de conservation de nos petites choses, on croit savoir ce qu'ils contiennent, mais on se retrouve bien souvent devant beaucoup de surprises.

J'avais oublié que j'y avais rangé toutes les photographies que j'ai en ma possession, ou presque. Des amoncellement de débuts de textes, à l'époque où j'écrivais tout à la main avant de le retransmettre (ou pas) à l'écran. Il y avait aussi tous mes journaux intimes et mes vieux agendas scolaires que je garde parce que je trouve assez amusant d'y plonger le nez pour me retrouver face à face avec ces Mathilde que je ne suis plus tout à fait, mais qui ont contribué à faire la femme que je suis actuellement.

Il y avait aussi toutes sortes de documents officiels dont je devrai me départir avec précaution. J'ai donc entrepris de faire des piles : ce que je garde, ce dont je dois disposer et ce qui se recycle. Heureusement, je pouvais recycler la majeur partie de mes avoirs. Des notes de cours, des photocopies de toutes sortes de textes auxquels je m'abreuvais lors de mes études. Le genre de chose sur lesquelles je n'ai pas posé les yeux depuis quelque chose comme quinze ans. Ces feuilles amassaient tranquillement de la poussière sans demander leur reste, je le savais très bien. Je sais aussi qu'il y a très longtemps que j'aurais dû les mettre aux rebuts, mais je crois que tant que je n'avais pas fini de payer mes dettes, j'étais incapable de poser le geste qui sortirait de mon quotidien, les preuves de ma vie universitaire.

Mais là, c'est fait. Deux gros sacs de récupération plus tard. Et un constat navrant à l'arrivée : je ne peux pas me départir des deux classeurs; je dois en conserver un pour y ranger mes petites choses personnelles dont je ne désire par faire l'étalage devant les visiteurs à venir.

Ce qui fait que j'ai recommencé à jouer à Tetris dans mon cerveau pour trouver une place pour un classeur dans mon appartement.

Il y a de quoi m'occuper l'esprit pendant de longues heures.

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