Quand j'étais toute
petite, je m'imaginais que la coquille des escargots ou la carapace
des tortue étaient leurs maisons. Comme dans un truc meublé avec
une cuisine, une salle à manger, une salle de jeux, au moins une
chambre et tutti quanti. J'ai passé des heures à essayer de voir
lesdits appartements dans les coquilles vides d'escargots que je
ramassais les jours de pluie. Je croyais, à mon illusion dur comme
fer.
Je trouvais tout à fait
charmant l'idée de transporter toute sa maison sur son dos et de ne
jamais se sentir de trop, nulle part.
J'ai presque fini par
vivre cette vie, particulièrement dans mes années sherbrookoises.
J'ai tellement déménagé, quelquefois même à plusieurs reprises
dans la même année. J'avais fini par me faire un pécule de trucs à
transporter d'une maison à l'autre et surtout par emballer mes
avoirs d'une manière à ce point efficace, que je puis dire sans
exagérer que ça ne me prenait plus qu'une journée pour tout faire,
à la fin.
Quand j'ai fini par poser
mes meubles dans cet appartement du village, je croyais y passer une
année, peut-être deux. Jamais, depuis que j'ai quitté la maison
parentale, je n'ai habité au même endroit aussi longtemps. C'est
donc devenu chez-moi. Pas un appartement dans lequel j'habite,
chez-moi.
Mais voilà qu'il y a
deux étés, la voisine du dessus qui avait laisser son fils faire
ses premiers pas, jouer aux autos, pratiquer inlassablement les mêmes
premiers accords de piano, faire du tricycle, courir d'un bout à
l'autre du six pièces et surtout monter et descendre inlassablement
les escaliers qui traversent mes fenêtres sur ses tongs de bois,
vestiges de ses origines asiatiques, a cédé son logement.
J'en ai déjà parlé,
ici, depuis ce temps, les dernières scènes du cinquième acte se
sont multipliées. L'impression d'avoir un troupeau d'éléphants en
colères qui piétine mes soirées, aussi. Je ne sais même pas de
quoi les locataires ont l'air. Je sais cependant, qu'officiellement,
c'est une fille qui a le bail parce que je connais les personnes qui
restent en haut de chez-elle.
Vendredi soir, il y a eu
une petite fête chez cette voisine. Ce qui veut dire beaucoup
de bruit. Même en temps normal, c'est bruyant, quand il n'y a que
deux ou trois personnes. Mais les petites fêtes elles, sont quelque
chose et surtout, ne se terminent jamais avant des heures indues.
J'ai fini par me coucher avec des bouchons dans les oreilles,
histoire de survivre à ma nuit.
Je
ne dors jamais bien avec des bouchons, j'ai l'impression d'avoir les
oreilles qui explosent. Je me suis donc réveillée, samedi matin
comme si c'était moi qui avais fait la rumba toute la nuit, pas du
tout reposée. Comme dans pas du tout.
Je
réfléchissais donc à la possibilité d'aller me présenter à la
voisine en question pour lui dire, en gros qu'elle m’emmerde
particulièrement, mais de manière plus polie, évidemment, quand la
musique est partie. Il était dix heures du matin. J'étais surprise
qu'elle soit déjà levée étant donné que ses derniers invités
étaient partis autour de 4 heures. Et puis, il y avait exagération
et exagération, les verres s'entrechoquaient au son de la basse
extrême. J'ai donc pris mes cliques et mes claques et je suis
montée, pour m'apercevoir que le bruit venait du troisième étage.
J'ai cogné, expliqué que je vivais un inconfort total et le gars
s'est excusé et m'a dit que c'était sa riposte à la voisine
sandwich. Il a baissé un peu sa basse, pas assez pour que que je la
perçoive plus cependant, en fait juste assez forte pour qu'il soit
certain d'empêcher notre inopportune de dormir.
Je
me demande quand est-ce que je vais trouver le courage d'aller lui
dire qu'elle est insupportable, et pas seulement d'en parler ici.
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