La société des poètes disparus
J'étais
une adolescente romantique et rêveuse. Un peu poète, très drama
queen et un brin
intense. J'étais donc un public parfait pour Dead
poet society qui est
sorti en 1989, alors que j'avais 16 ans. Je me souviens qu'au départ
je n'avais pas envie d'y aller parce que les gens qui m'en parlaient
me disaient tellement que j'aimerais cela que j'avais peur d'être
déçue. Alors j'ai longtemps tergiversé avant de finalement m'y
rendre, avec ma mère, au Beaubien, si je me souviens bien.
Dire
que j'ai été renversée n'exprime pas justement mon état au sortir
du cinéma. Ce film m'avait parlé comme si chacune des scènes
étaient à moi seule destinée. Je me reconnaissais dans le
personnage principal, dans son côté artiste et allumé, et je
bénissais le ciel d'avoir des parents qui n'avaient pas prévu, pour
aucun de leurs enfants, un chemin à suivre pour leur plus grand bien.
Je me sentais libre de choisir ma propre voie et je dirais que je
l'ai compris et intégré à cette époque. Ça m'a tellement
interpellée que je suis allée le revoir deux fois au cinéma, que
je me suis acheté la trame sonore et me suis procuré le livre que
j'avais moins aimé parce qu'il s'appelait le
cercle des poètes disparus
comme en France et qu'il me semblait que c'était un peu moins le
film que j'aimais tant.
Je
ne sais pas combien de fois je l'ai vu au total, mais il y a
certainement quelques dizaines dans le décompte. En français au
départ, puis en anglais, parce que je connaissais le film par cœur
et que j'espérais améliorer mon anglais par cette pratique. Ça a
plutôt bien fonctionné, et aujourd'hui, je peux affirmer que je
suis à l'aise en anglais en partie grâce à ce film.
Par
conséquent, lorsque j'ai vu qu'on présentait une version théâtrale
de ce texte à Denise
Pelletier, j'ai toute
suite eu envie de voir cette nouvelle version. Avant même que je
puisse inviter une amie à m'y accompagner, elle me lançait
l'invitation. Alors, nous y sommes allées.
Non,
je ne suis pas sortie de la salle bouleversée comme l'adolescente
que j'ai été l'avait été par la version filmique de la chose.
Mais j'en suis sortie ravie et le cœur content. L'histoire et le
texte avaient été scrupuleusement respectés. Je n'en demandais pas
davantage. Les acteurs étaient excellents et justes. Je pouvais dire
certaines partie du texte avec eux, comme je le fais devant ma
télévision si d'aventure il me prend l'idée de revoir le film.
Mais
le public cible, lui a réagi comme moi à l'époque. Les adolescents
formaient à peu près un tiers du public et on les sentaient vibrer
tout autour de nous comme si un fil invisibles les enlaçaient tous.
La qualité d'écoute était extraordinaire et respectueuse. Et j'en
ai entendu plus d'un pleurer à chaudes larmes aux moments voulus,
comme moi autrefois.
C'était
une belle soirée, bien nourrissante et j'ai bon espoir que beaucoup
de jeunes se questionneront sur le pouvoir et l'importance de leur
libre arbitre.
Ça
fait rêver.
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