mercredi, juillet 18, 2007

Jachère

C'est l'été. Je n'ai pas envie de passer des heures devant mon ordinateur. Alors j'écrirai de manière sporadique dans les prochaines semaines. Mais je suis toujours là et je n'ai nullement l'intention de fermer ce blogue.

À bientôt!

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lundi, juillet 09, 2007

Toucher l'été

Juillet, cette année, est aussi gris que les pires mois de novembre que je me rappelle avoir connus. Au moins. La température instable fait de moi une cycliste bien aléatoire parce que je décide régulièrement d'utiliser les transports en commun plutôt que d'arriver au travail avec un air de chat mouillé. Ce n'est pas très charmant de servir les clients toute détrempée. Cette année, j'avais envie d'été. Envie de me lover dans les rayons soyeux du soleil, de laisser ma peau se dorer au rythme de mes battements cardiaques. Malgré toutes les prévisions des météorologues d'un été torride et sec, il semble que mes beaux plans de farniente sous le signe du soleil tombent à l'eau, c'est le cas de le dire.

Parallèlement à ces appétences de plaisirs épidermiques, je me sens justement des fourmis dans la libido. Rien de tel qu'une saison à me faire des idées fantasmatiques, qui ne se réalisent jamais, pour que je sente poindre en moi la femme requin que j'ai déjà été. Pourtant, je n'ai pas envie de luxure au point de me perdre dans les bras de n'importe quel quidam qui pourrait croiser ma route comme je l'ai déjà fait. Il y a quelque chose de retors dans ce type de rencontre. Quelque chose en moi qui reste toujours un peu en arrière dans ces moments qui n'en sont pas vraiment. Au bout du compte, je fini toujours par passer plus de temps à courir après les morceaux de mon âme que j'ai ainsi dispersés qu'à profiter des instants qui provoquent ces éparpillements.

N'empêche que depuis quelques semaines, j'ai envie de mordre dans la peau d'un autre. La mienne commence à avoir un goût trop connu. Je sens passer sur mon visage, ce regard de prédatrice, ces mouvements imperceptibles pour la plupart des gens qui sont pour moi des indices flagrants de mes désirs inassouvis. Je me vois balayer, nonchalamment, du revers de la main, une quelconque information tandis qu'une invite subtile à aller plus loin dans l'abordage flotte dans l'air de mes temps. Et de sourire, ou de rire de manière un peu trop appuyée, déployant ainsi toute ma gorge pour les morsures à venir; en rêve ou en réalité. Je vois des fossettes qui m'interpellent, là où, il n'y pas si longtemps, je ne voyais rien. Je regarde les courbes et les lignes droites des corps masculins que je croise et j'imagine le dessin des veines qui en sillonnent, selon toute probabilité, leurs tensions sexuelles.

Silencieuse, je me repais de ces images que je laisse monter en moi. Souriant aux aventures que je n'aurai pas puisque le seul imaginaire m'emmène bien plus loin que les paroles qui ne sont pas échangées. Et je me dis que tout n'est pas perdu si ma chair vibre encore tant et tellement au goûter de ces hasards qui longent mon existence. Le coeur actuellement sans amarres. Le corps en effervescence. Avec des espoirs plein la tête et les mains pleines de promesses à offrir à celui qui me verra telle que je suis, dans tout ce que j'ai de féminité et de bien-être à partager.

Silencieuse je regarde les jours couler, comme des ruisseaux dont je ne connais pas vraiment l'itinéraire, sans me demander où ceux-ci mèneront. Mes épaules sont allégées des poids qu'elles ont porté tout l'hiver comme si le fait de les dénuder, comme si le fait de ne plus avoir à porter les lourds manteaux que les températures hivernales nous obligent à arborer, faisait en sorte que je sois plus libre de mes mouvement et de ma propre sensualité.

Alors, je me dis qu'au fond, c'est peut-être cela, toucher l'été.

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lundi, juillet 02, 2007

Moi (et mon père)

La plupart du temps, lorsque j'arrête d'écrire, ou que je ralenti le rythme de mes publications, c'est parce que je ne vais pas bien. Je me défendrai toutes les fois de visiter de trop près les spleens qui m'habitent, je nierai jusqu'au bout de mon âme, l'évidence. La plupart du temps c'est ce qui se produit. Mais il arrive parfois que ce soit l'effet d'un petit détour du destin. Mon silence actuel est dû à une demande que l'on m'a faite. Une demande en toute innocence. Pour la fête des pères. Une amie m'a enjoint d'écrire un texte sur le sujet. Et je me suis retrouvée pieds et poings liés à mes silences. Prise dans l'étau de la culpabilité, incapable d'écrire. Sur quoi que ce soit, enchaînée à cette question que je ressentais comme une obligation. Malgré le fait qu'il n'en était rien.

Comment, en effet, écrire sur la fête des pères quand on vit dans ma peau? Je n'ai pas de papa. J'ai un père, pas de papa. C'est un homme avec lequel j'ai coupé toute forme de relation depuis quelques années déjà. J'ai passé trois ans à me torturer l'esprit parce que j'avais pris la décision d'arrêter de lui parler. Parce que d'être en relation avec cet homme là me faisait angoisser. Paradoxalement, ne pas l'être me faisait aussi angoisser. Dans la longue spirale qui m'a menée à la dépression, le questionnement sur cette absence relationnelle, la culpabilité inhérente à cet état de fait, me plongeait dans des gouffres de doutes. Comment vivre une mort éventuelle sans avoir pardonné, fait la paix avec cette personne, à qui je dois en partie, ma propre vie? Et cette question revenait sans cesse dans la bouche de mes interlocuteurs. On me disait : « C'est ton père, tu n'en as qu'un. Il y des gens qui n'en n'ont pas du tout, plus du tout, comment peux-tu le rejeter ainsi? » Comment le pouvais-je?

Alors, j'ai pris sur moi de renouer. Décidé de le prendre dans ce qu'il est. Décidé que malgré tout j'étais capable. Ce n'est pas une mauvaise personne. Simplement quelqu'un avec qui je ne suis pas capable d'être moi et d'être bien en même temps. Il y a une impossibilité relationnelle. Entre ma personnalité et la sienne. C'est mon père. Ce n'est pas mon papa. Ce n'est pas une personne vers qui je puisse me tourner quand tout va mal. Pas quelqu'un à qui je puisse dire : « Je me sens impuissante, console-moi ». Il m'a plus que convenablement nourrie, abritée, éduquée. Il a adopté le rôle du père tel qu'il le voyait : pourvoir à nos besoins matériels.

Je suis une petite bonne femme exigeante, fille de mon tempérament vif et passionné. Il m'importe que les relations soient vraies. Que les choses soient nommées. Je ne peux pas regarder une personne jouer à l'autruche toute sa vie, niant toute forme de responsabilité dans tout ce qui ne fonctionne pas dans son existence en lui donnant mon aval en même temps. Je ne suis pas une fille parfaite. Je suis incapable de vivre avec les reproches latents des additions de mes manquements. J'ai compris depuis longtemps que je ne pourrais jamais aimer cet homme de la manière dont il le voudrait. En lui donnant raison sur tout. Je ne suis pas faite de cette fibre-là. D'ailleurs je ne pourrai jamais aimer personne de cette manière. J'aime les gens en tenant compte de leurs qualités et de leurs défauts. Parce que je me sais femme de qualités comme de défauts. Dans mon optique, ce qui fait l'unicité d'un être c'est justement ce curieux mélange qui crée un certain équilibre. Et puis aduler quelqu'un nous met dans une situation de déséquilibre avec laquelle je ne suis pas à l'aise. Malgré le fait que mes passions et mes coups de gueule me placent souvent sur le fil du rasoir. Après un an, j'ai crié « Basta » de toutes mes forces et j'ai ,à nouveau, coupé la communication.

Je ne pouvais pas écrire un texte à l'occasion de la fête des pères pour dire ce que j'ai à dire sur mon propre père. J'aurais eu l'impression de vouloir me faire plaindre. Et ce n'était pas du tout mon but. Seulement, je n'ai pas de papa, je n'en ai plus depuis longtemps. Il n'y pas non plus d'homme dans ma vie qui soit le père des enfants que je n'ai pas. Je suis orpheline de cet espace affectif précis. Cependant, je ne veux pas qu'on me prenne en pitié. J'ai pris la décision que j'étais mieux sous l'opprobre de mes pairs, et celle de mon père que fille soumise d'un amour que je n'arriverai jamais à rendre de manière satisfaisante à ses yeux. Et depuis que j'ai fait la paix avec cette décision, je suis beaucoup mieux.

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