mardi, mai 29, 2007

Chroniques dans le pot de fleurs

24 - Du mouvement, encore

Belle amie,

Je sais bien que ça fait longtemps que je ne t'ai pas écrit. Je pensais à toi souvent tout de même. J'espère que tu le sais. Je suis un peu en colère contre Maman parce qu'elle nous a encore changé de maison. Ça ne faisait pas un an que nous étions installés. Franchement, je trouve qu'elle exagère avec sa manie de la bougeotte! C'est quoi cette idée de vouloir tout le temps changer de place! Pffffff! Mais elle m'a promis que nous allions rester à la nouvelle place pour au moins 700 dodos. Je ne suis pas certain du tout que je la crois. Je commence à être tanné d'avoir à me refaire des amis à tous les ans. Et puis, elle m'a coupé les cheveux. Courts. J'ai l'air d'un petit garçon moi avec cette coupe là! Jusqu'à avant hier, j'avais une belle hauteur, presque cinq pieds. Désormais, je fais un maigre deux pied et demi. Comme si j'avais encore 2 ans! Comment tu veux qu'on me prenne au sérieux maintenant!

Au moins, nous restons toujours avec Juli, ce n'est pas le trop grand ménage dans nos fréquentations. Et puis les deux autres Lew et M viennent nous visiter régulièrement. Les filles voulaient plus grand, semblerait-il. Je ne comprend pas l'intérêt. Du moment où j'ai un perchoir pour voir le soleil en hiver et un balcon en été, je suis heureux. Mais elles, elles voulaient une cuisine avec une grande table pour recevoir des amis. J'ai jamais compris pourquoi les humains passent tant de temps autour d'une table à manger. Comme elles frétillent de vie depuis que nous sommes enfin arrivés ici, je présume que c'est une bonne chose.

J'avais pas très envie de déménager encore cette année. Je ne voulais pas aimer le nouvel endroit, tu sais. Maman dit que c'est mon esprit de contradiction qui prenait le dessus. En tout cas, il ne faut pas que tu le dises, surtout pas à ton hôte, mais je suis bien obligé de t'avouer que c'est pas mal super génial comme endroit. D'abord, j'ai un beau balcon pour l'été, sous un arbre magnifique, au feuillage encore vert très tendre. Peut-être que lui et moi on deviendra ami. Je ne sais pas. Il est si grand qu'il m'intimide, tu comprends. Et puis il est très vieux. Il a plusieurs dizaines d'années et connaît très bien le quartier puisqu'il y a vécu toute sa vie. Il me trouve un peu énervé et folichon. Et puis, je dois dire qu'à part toi, je me suis toujours mieux entendu avec les petites bêtes à quatre pattes qu'avec les autres végétaux.

D'ailleurs j'ai de chouettes nouveaux voisins. Des chiennes. Elles sont fort sympathiques mais je n'aime pas beaucoup quand elles me donnent des bisous : c'est tout mouillé dégueulasse sur mes feuilles. Ouach! Et celle qui reste au-dessus de chez moi a une très longue queue qui fouette, alors je dois me recroqueviller dans mon coin pour éviter qu'elle ne fasse tomber toutes mes feuilles. Déjà qu'il ne m'en reste plus tellement depuis la coupe de cheveux!Il y a aussi un petit garçon. Je pense qu'on pourrait être amis lui et moi. Il est gentil et il raconte pleins d'histoires drôles. Des histoires de dragons et de chevaliers. Je ne sais pas c'est quoi un dragon, mais le garçon m'a raconté que ça crache du feu. Ouf! C'est pas bon pour un feuillage ça!

Je ne t'écrirai pas plus longtemps aujourd'hui. Mais je reviendrai plus souvent à l'ordinateur pour te donner des nouvelles. J'espère que tu te portes toujours aussi bien et je suis certain que tu illumines tout ton coin de rue de ta beauté verdoyante.

Bises,

Ton Roger xxx

Libellés :

dimanche, mai 20, 2007

La courtisane

Cela faisait plusieurs mois déjà que je vivais dans cette petite bourgade isolée que j'avais choisie pour son calme et sa sérénité. Le coût de l'habitation, qu'on m'y avait galamment dénichée, avait aussi contribué à ma décision de m'y installer. Je n'avais pas mesuré, au moment de mon choix, le degré de solitude auquel je me suis heurtée. Moi qui avais l'habitude des nuits endiablées de la métropole, moi qui rayonnais dans toutes les activités sociales dignes de ce nom, j'étais désormais prise dans les filets serrés de cet oiseleur qui m'avait capturée, bien malgré moi. Toutes ses manoeuvres avaient été déployées avec tact et discrétion. Et je ne m'étais aperçu de mon erreur qu'une fois bien établie, perdue dans le fond de ce village au bord de l'eau, où peu de visiteurs ne s'égaraient.

Au tout début, j'avais encore des visites régulières, mais le hasard voulut qu'en plus ce bourg se voit confiné, encore davantage, par des luttes de territoires qui rendaient ardues les allées et venues dans ce bout du monde. Seuls les plus riches, ceux qui pouvaient payer taxes et autres pots-de-vin pouvaient désormais s'y rendre sans encombre. Mon oiseleur en faisait évidemment partie. Quand dans le coeur de la nuit, aux moments où il m'était interdit de fermer l'oeil, j'entendais son pas sur les marches qui menaient à ma porte, mon coeur devenait lourd. Je savais qu'il épierait chaque parcelle de ma demeure à la recherche de la présence d'autres hommes que lui. Je savais qu'il me reprocherait chaque sillons sur les draps de ma couche, chaque odeur masculine qui pourrait encore flotter dans l'air ambiant. Je savais qu'il exigerait encore et encore une fidélité que je lui refusais, malgré les cris, malgré les pleurs.

J'étais la femme de l'ombre, celle que l'on cache. Derrière l'épouse et mère que l'on ne quittera jamais. Celle qui était la femme de sa vie, son choix conscient et éminemment politique. Derrière la maîtresse en règle, celle qu'il était socialement convenable d'entretenir. La riche veuve à la sexualité oppressante qui multipliait les amants de la Haute. J'étais celle qu'il ne s'avouait même pas avoir logé dans sa vie, malgré le fait qu'il était celui qui avait trouvé la maisonnette où je demeurais, malgré le fait qu'il ait ourdi cet isolement avec soin, pendant des mois et des mois, avant que je ne finisse par tomber droit dedans. J'étais la femme à qui il demandait l'amour le plus profond, sans en comprendre les raisons réelles. J'étais la femme à qui il hurlait, en me labourant le corps, « aime-moi! »

J'étais la femme à qui on ne promet rien, mais à qui on demande en échange toute une vie. La femme qu'il ne pouvait s'empêcher de toucher dès qu'il se retrouvait en ma présence. Le coeur de son existence. Encore davantage lorsque je me risquais à quitter mon ermitage involontaire pour retourner voir le monde avant d'en être complètement oubliée. Lors de ces petites incursions dans le monde, chaque fois, même si j'avais pris le soin de le faire le plus discrètement possible, il retrouvait ma trace, retraçait mes pas. Il me jetait des regards noirs, vilipendait tout homme à mes côtés, à coup d'intelligence pétillante, aussi subtile que mesquine.

Peu à peu, même les hommes qui me fréquentaient depuis le plus longtemps se sont fait absents de mon entourage. Moi qui n'avais jamais eu d'amie à cause de mes choix de vie, j'étais totalement seule. Seule avec une colère grandissante dans le fond du ventre. Une colère contre cet homme qui me voulait tout à lui sans rien me donner en échange. Cet homme qui voulait ma peau, mes lèvres et mon coeur en tribut à sa vie désordonnée. Cet homme qui exigeait que je l'aime, de toute mon âme.

Les exigences d'un homme qui ne sait pas s'offrir le luxe d'aimer vraiment sont bien peu de chose dans la vie d'une courtisane. Si ce n'est qu'une source de revenus, l'assurance d'une maison douillette. Je ne sais pas encore combien de temps je le laisserai mordre mes chairs et pleurer sur mon ventre après l'amour. Je m'abreuve de sa folie, de cette passion qu'il ne reconnaît pas, et j'attends patiemment de pouvoir le renvoyer du revers de la main, à tout jamais.

Libellés :

samedi, mai 19, 2007

Les vagues de l'existence

C'est un mouvement fluide, qui glisse sur mon épaule comme une écharpe dont on me draperait doucement. Un geste aussi subtil que lent. Ce sont deux bras qui m'entourent doucement, innocemment, semant, sur ma peau perméable, des marques de fers chauffés à blancs. Ce sont des rires et des paroles murmurées confusément, entre deux verres, entre deux tables qui m'assomment telles des massues. Et le courant électrique qui part de mes pieds pour me sonner l'alarme. Le danger est grand. Trop grand pour une seule personne. Trop grand pour une seule Mathilde, en tout cas. Là, dans le creux de mon ventre, les dents du requin que je porte en moi poussent. Mécanisme de défense puéril. Malgré tout, elles sont là, présentes, sanguinaires et dangereuses. Pour moi comme pour les hommes qui pourraient s'y heurter. Je le sais. Entre ma déception récente et aujourd'hui, je me suis remise à voir clairement les intérêts qu'on me manifeste, de la même manière que je les voyais il y a quelques années, à l'époque où j'ai ouvert ce carnet sur monde.

Je connais les signes, je connais les récifs sur lesquels je risque de me heurter. Je les ai abondamment fréquentés durant quelques mois, il n'y a pas si longtemps. Je connais le poids de la culpabilité quand je sens un regard meurtri se porter sur moi et que je sais que je n'ai rien de plus à offrir que ce que j'avais, un bref moment, laissé tomber. Je n'ai rien de plus a offrir qu'une sensualité de femme enragée, blessée par les accrocs de l'existence et les histoires de coeur qui se muent en histoires de coups. Je suis la femme insaisissable qui sera toujours partie lorsque l'aube pénètre les carreaux des fenêtres. Je suis la femme qui n'en n'est pas une, dispersée quelque part entre mon coeur et mon corps, désormais aux antipodes. Je suis la femme qui ne peut pas se permettre de s'approcher de trop près les hommes qui me touchent parce qu'ils sont des chevaux fous, au courage et à l'affection débridés. Et je sais que je me retrouverais chiffonnées sur les lattes de ma vie, incapable de me relever avant longtemps.

Je suis la femme qui mord dans les chairs qui me sont offertes comme une assoiffée dans un fruit très mur et qui laisse la sève pulpeuse dégouliner sur le bord de mes lèvres. Je vois les sourires qui me sont destinés, j'entends les compliments qui me sont adressés. Je suis féminine et séduisante, belle sans doute aux yeux de quelques uns. Je suis une femmes de désirs et de sang. Je suis ce que nous devrions toutes être, frémissantes et vibrantes, avides de vie et de tendresse. J'ai mal à mes espérances transies, mais je n'arrive pas à avoir mal à mon coeur retranché dans son armure de cuivre. Je n'arrive qu'à rire. Envie de relever la tête, de continuer mon chemin et de tenter le Diable. De loin. Envie de savourer toutes les minutes de bonheur qui me sont imparties, de les goûter jusqu'à ce qu'elles se soient évanouies dans le temps et l'espace.

Envie de chanter aussi faux que je puisse le faire, de sourire encore aux anges comme je le faisais en rêvant un avenir qui n'aura jamais lieu. Envie de croire en moi. Malgré tout. De croire que je suis une femme unique, comme tout être est unique. Savoir jusqu'au bout des ongles que je ne voudrais pas être quelqu'un d'autres ni même avoir une autre vie qui pourrait être plus facile. Parce que connais ma vie, et que c'est un espace confortable. Ma vie est faite de passions de coups de tête et de coups au coeur. Ma vie est riche et mouvante. Ma vie ressemble étrangement à ce que je rêvais d'en faire à 16 ans, dans mon romantisme omniprésent. Ma vie se mesure en rebondissements, en heurts et en intenses moments de plaisir. Appuyée sur des amitiés aussi durables que sincères, sur des élans d'amour profond, sur des cartes joyeuses qu'on m'offre gratuitement, simplement pour me rappeler à quel point je suis une femme bien.

Aujourd'hui, j'ai 34 ans, pas d'amoureux et pas d'enfant. Aujourd'hui, j'ai 34 ans et je me sens féminine et séduisante comme j'en rêvais lorsque j'imaginais ma vie d'adulte du haut de mon adolescence. Aujourd'hui, je sais que je suis en train de réussir le plus grand objectif de mon existence : vivre intensément.

Libellés :

vendredi, mai 18, 2007

Bon anniversaire Mamathi!!

C'est une journée spéciale aujourd'hui...non seulement ça fait très exactement un an que j'ai posté ici, mais en plus, DEVINEZ QUOI!!!

OUIIIIIIIII, deux points pour ceux qui ont eu la réponse sans indice et un point pour ceux qui ont eu la réponse en lisant le titre de mon message de ce matin!!! C'est la fête de MAMATHILDE!!! YEAH!

Donc, pour cet événement spécial, j'ai un cadeau pour elle:

Une branche de millet! : )

Photo Sharing and Video Hosting at Photobucket

vendredi, mai 11, 2007

Vie de poussière

Des fois la vie nous joue de vilains tours. Des fois, on prend un temps fou à réaliser qu'on plaît à quelqu'un. On se dit que ça ne se peut pas malgré tout ce que les gens de notre entourage en dise. Et puis on se laisse convaincre tranquillement. Et on se met à voir les signes, à s'imaginer la suite de la vie dans cet environnement possible. Alors on est porté par une bulle qui flotte quelque part au-dessus du sol. Quelque chose de douillet de d'agréable. Et on rit de cette manière toute particulière qui laisse croire au monde entier que la vie s'ouvre devant nous. Et on se fait dire par chacun que ce printemps particulier nous fait bien. L'estime de soi se met à faire des cabrioles dans le bon sens. On se sent belle, on se sent désirable. On a l'impression que les sommets les plus hauts sont soudainement accessibles.

Et puis il y a cette autre personne sortie d'un passé pas encore tout à fait révolu qui vient faire son tour dans nos plates-bandes. Tout s'écroule alors en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. On se retrouve alors toute seule au milieu d'une grosse peine qu'on ne peut pas vraiment exprimée à qui de droit puisque tout s'est toujours joué dans les non-dits. Un balayage complet, total qui laisse des marques un peu partout. Et l'impossibilité de fuir selon une habitude bien ancrée. Impossibilité parce que la vie a créé des rapprochements trop grands pour que l'évitement complet soit possible. Au fond des tripes, il y a cette rage violente. C'est envie d'hurler « Tu t'es joué de moi ». Sans que les mots ne puissent franchir les frontières des lèvres parce que rien n'avait été établi. L'impression harassante que tout n'était que de la foutaise, pour le plaisir de la drague. Une drague qui aura duré des mois. Et qui se sera terminé sur le pas d'une porte entre les marches d'un escalier en colimaçon.

La nuit devient encore plus longue qu'à l'habitude. Malgré le fait que le jour s'étire de plus en plus longtemps. Et les sanglots nous réveille à 5h00 du matin, violents et sincères. Avec l'envie de dire tout ce qu'on a pas dit. Et une vieille chanson d'Yves Duteil qui nous taraude l'esprit, et nous serre la gorge lorsqu'on la lit à haute voix. Un sentiment de perte, de chute qui n'en fini pas parce que pour la première fois dans les dernières années on avait vraiment l'impression d'avoir trouvé quelqu'un avec qui être bien était possible. Passer de toutes les attentions à l'absence totale d'attention, c'est comme une claque qui vous rougi les joues. Et de savoir que désormais, à chaque jours de la vie, on croisera cette personne et qu'on devra se dire que ce n'est finalement, rien de grave. Et plus encore de savoir que les amis diront qu'il est un salaud quand on sait très bien qu'il est juste complètement honnête et que dès qu'il s'est aperçu de sa méprise, il a été assez intègre pour l'annoncer.

On aura cru, l'espace de quelques mois, que l'amour était possiblement au rendez-vous. On aura cru qu'il était encore possible de construire sur du tangible, et au final, on se sera aperçu que la vie n'est que de la poussière qui finit immanquablement par retourner au sol, d'où elle vient.

Libellés :

mercredi, mai 09, 2007

Aménagements

Hier encore, on marchait dans les rues de la ville en se disant que le printemps n'en finissait pas de se faire attendre. Les arbres étaient à peine verdis par un bourgeonnement discret comme si la nature craignait de nous montrer ses couleurs. Une impression d'attente flottait dans l'air ; une suspension du souffle avant de plonger en apnée dans les mois qui ouvrent l'été. Le mois de mai est arrivé comme un autre continent sur les terres que je foule. Balayant au passage les zestes d'hiver qui s'étaient attardés dans les coins ombragés des cours intérieures. Un élan vital fredonnant des airs grivois aux oreilles attentives. Moi, j'avais les clefs de mon nouveau chez-moi dans mon sac ; une promesse d'avenir sous des cieux particulièrement cléments. Il y a tant à faire lorsqu'on s'installe pour de vrai. Et envie de récurer chaque centimètre de surface habitable qui me tenaillait le sang. À moi qui suis autrement nonchalante et paresseuse à ce sujet. C'est ainsi que j'ai traversé un quart de la vielle en transport en commun, munie d'un balais et d'une serpillière, lestée du poids d'à peu près tous les cd que j'écoute en ce moment, anxieuse, excité et hagarde, simultanément.

Ce n'est qu'arrivée à destination, devant ces espaces vides qui me narguaient, que je me suis aperçue de ma bêtise. C'est plate nettoyer les armoires et les murs d'un logement qu'on va occuper. C'est encore plus plate de le faire toute seule. Mais c'est agonisant quand, en plus, on n'a ni radio, ni musique. Le silence total d'une maison inhabitée qui réverbère, en écho, le bruit de n'importe quel mouvement, aussi petit soit-il. Petites parcelles d'ironie se moquant de l'absence de vie. Écoeure par le vide, je n'ai pas fait long feu, préférant papoter avec le voisinage qui m'accueillait chaleureusement. Alors, tout était à recommence quelques journées plus tard. M'enfin, pas exactement tout ; j'avais tout de même minimalement travaillé. C'est donc armée de rouleaux, de pinceaux et de couleurs vives que je suis revenue commencer à prendre possession de la nouvelle demeure, avec Julie.

On s'est installée dans l'odeur aigre-douce du latex qui colle aux murs. Désorganisées toutes les deux par un manque d'habitude évident. Dans le coin d'une chambre, un matelas posé à même le sol qui nous servirait de lit de camp. Deux enfants ayant la permission rarissime de dormir à la belle étoile. Les yeux pétillants, le rire constant et des cris aussi. Ceux provoqués par ces bruits dont on n'a pas l'habitude et qui font quelque peu sursauter. Ceux qui laissent des crampes dans le ventre de rire. Une fois qu'on a réalisé le ridicule de la situation.

Je me suis réveillée dans une chambre trop blanche, trop grande, après une nuit de sommeil beaucoup plus sereine que ce à quoi j'aurais pu m'attendre. Sans doute rassurée par la présence muette et discrète de ma complice encore endormie. J'ai entendu des petits pieds dévaler un escalier quelque part à ma gauche et je me suis levée dans une superbe matinée. En sortant de la chambre, j'ai constaté que nous avions dormi en toute quiétude en oubliant de verrouiller les accès de ce nouveau logis.

Je suis partie en quête de café, sans savoir ou aller. Alors j'ai pris le pouls de ce quartier, souriant à tous ceux que j'ai croisés. Je suis rentrée à la maison dans les effluves du pain que l'on cuit et je me suis lovée dans un rayon de soleil pour y écrire mes impressions et être heureuse, simplement.

Libellés :

mercredi, mai 02, 2007

Et maintenant, je fais quoi?

Comment on fait, sacramouille, pour se sortir de l'immobilisme? Je me sens à la fois cul-de-jatte et manchot. Incapable d'agir, de poser les bonnes questions, de sortir la réplique qui ouvrirait l'avenir ou refermerait le tombeau de mes rêves éveillés. Je suis là, à essayer de comprendre ce qu'il me dit sans savoir comment interpréter gestes et paroles. Il faut dire que ce n'est pas si facile de faire le tri entre les avalanches d'absurdités qui n'ont d'autre but que de me divertir et une réserve que je sens bien émaner de lui. Cette personne est capable de me livrer une quantité effroyable d'information en un laps de temps ridiculement court. Et ces informations vont dans tous les sens. J'ai souvent l'impression d'être prise dans une porte battante qui s'ouvre et se referme continuellement sur mon nez. Ça vous amoche un faciès.

Hier, je suis allée chercher les clefs du nouvel appartement qu'il avait prises pour nous. Très fier de son coup d'avoir devancé la demande que je lui ai fait par téléphone. Je lui donne donc rendez-vous après le travail pour pouvoir récupérer mon bien et lorsque je me pointe il est tout surpris de me voir. À n'y rien comprendre. J'essaie d'ouvrir une brèche pour qu'on passe un peu de temps ensemble, sur le moment, après tout, nous avons fini de travailler tous les deux, mais il mais il m'envoie illico le ressort en pleine face, m'expliquant qu'il s'en va drette-là. Tout seul. Bon. Je rentre à la maison. Seule. Avec une tornade de questions dans la tête. D'abord, nous avons une dizaine de copies des clefs de l'appartement. Ce dont Julie et moi n'avons absolument pas besoin. Avant que j'aie le temps d'en comprendre la portée, il me dit que ce devrait être des clefs pour nos nombreux amants (qui sont, jusqu'à maintenant, tout à fait inexistants) et qu'on aura toujours la surprise de voir qui est chez-nous lorsque nous rentrerons. Dans le même souffle, il m'annonce qu'il en a gardé un exemplaire pour aller faire pipi dans les coins. Oui, je sais, visiblement il est encore pris quelque part dans sa phase pipi-caca-poil.

Qu'est-ce que je suis supposée répondre à cela moi? J'ai bien pensé à : « Si tu veux un double des clefs tu n'a qu'à le demander, je vais t'en donner ». Mais je n'ai pas eu le temps de dire une telle chose avant qu'il ne me jette pratiquement dehors. J'ai repris mon trajet encore plus confuse qu'avant de le voir. Dans mon cerveau qui compulse trop vite pour moi, je l'entends me faire rire en me disant qu'il est un gars comme cela (qui fait pipi dans les coins). Je le vois me souhaiter la bienvenue dans la coopérative et me dire à bientôt, même après que je lui ai dit deux ou trois fois que je passerais le voir le lendemain. Mais ce qui me chicotte le plus, c'est un minuscule extrait de notre conversation téléphonique. Je ne me rappelle pas comment il a réussit à me lancer cela, mais toujours est-il que j'ai entendu : « tu vas être contente, heureuse même, c'est ta nouvelle vie qui commence à partir d'aujourd'hui, une vie pleine de bonheurs et de rebondissements ». J'étais au comptoir de la librairie en me disant : « Et pour toi, est-ce que c'est aussi une nouvelle vie qui commence? » Je n'ai rien dit, bien entendu, mais je le soupçonne sérieusement d'être passé par ici ces derniers temps. Et de ne pas me l'avoir dit.

Libellés :