jeudi, septembre 28, 2017

L'autre côté de la chance

Y'a des journées comme ça qui donnent l'impression qu'on se soit levé de l'autre côté de la chance. J'ai le rhume, pas un très gros, mais je tousse et je mouche suffisamment pour me faire bien remarquer par quiconque croise mon chemin. La plupart du temps, ce genre de chose m'arrive quand je tombe en vacances ou que je change de travail, comme si le destin voulait s'assurer que je sois totalement à mon avantage à ces moments. Cette fois-ci ce même destin a plutôt misé sur une semaine particulièrement active culturellement pour moi.

Ainsi, lundi j'allais voir Alexandre Desilets. Bon, vous me direz que ce n'était pas la première fois et qu'un petit rhume n'y changerait pas grand chose, sauf que moi quand j'ai le rhume, j'ai les oreilles qui bouchent, invariablement et disons que c'est un peu moins agréable d'aller voir son chanteur favori avec une audition en alternance gauche droite au gré de ses fantaisies. J'ai quand même passé un excellent moment en très bonne compagnie et je dois avouer que ce soir là, mon rhume n'était pas encore tout à fait apparent.

Mardi, par contre, c'était autre chose. Je pouvais à peine faire un mouvement sans tousser et comme c'est la période faste des arrivages des quantités de Noël en succursale, je me devais de m'activer pour faire les casses-tête des cubes et de la mise en marché. En plus, je commençais à être singulièrement fatiguée parce qu'avec la canicule, je ne pouvais m'abstenir de faire fonctionner mon ventilateur, qui m'asséchait la gorge ce qui fait que mes deux dernière nuits avaient été syncopées par des coups de toux qui étaient tout sauf reposants.

Et mercredi, j'avais ma plus grosse journée de la semaine. C'était une journée de présentation des nouveautés en livres jeunesse et en jeux. Je pense que toute la salle de plus de 60 personnes a été à un moment ou l'autre, dérangée par mes quintes de toux. Heureusement pour moi, les gens étaient plutôt sympathiques et empathiques à mon état de santé. N'empêche que ce n'est jamais agréable de se faire remarquer pour de telles raisons.

En soirée, j'allais voir un concert de l'Orchestre de Chambre McGill. Et c'est évidemment pendant la première partie que ma toux s'est largement mise à contribution. En fait, je crois qu'en essayant d'en retenir les première salves parce que je savais que mon voisin du devant était particulièrement intolérant à ce genre de manifestation (il l'avait démontrer avant le début du spectacle), ça avait rendu les quintes encore plus violentes et ledit voisin s'était effectivement retourné pour me dire « Franchement sortez! » Ce que j'avais fait, en manquant de m'étouffer dans ma toux en quittant les lieux.

C'est ainsi que j'ai manqué la deuxième partie du spectacle, celle que j'avais le plus envie de voir, et qui selon la personne qui m'accompagnait valait vraiment la peine d'être vue.

Au prochain concert, peut-être que la chance se décidera a venir avec moi...

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dimanche, septembre 24, 2017

Là-bas

Ça faisait TRÈS longtemps que je n'avais pas vu Francis et Tatie, alors quand Maman m'a dit qu'on allait souper chez Grand-mamie et qu'ils seraient-là, tous les deux, j'étais bien content. C'est que j'avais des histoires à leur raconter, et maintenant que je connais tout plein de mots, eh bien, je deviens un grand conteur.

Évidemment, quand on est arrivés, je voulais juste mon papa et ma maman. Il n'était pas question que je chante, ou que je fasse mes chorégraphies. Je fini toujours par me dégêner et sortir de leurs pattes, autour du souper par exemple. J'ai fini par comprendre que je suis aussi bien de participer aux discussions pendant qu'on mange sinon personne ne s'occupe de moi, et je n'aime pas beaucoup être ignoré. Alors j'ai profité du repas pour raconter à tout le monde que j'avais pris l'avion dans le ciel avec mon ami Édouard pour aller Là-bas.

Pour moi, Là-bas, c'est n'importe où, où je ne me trouve pas. Ça peut être le salon quand je suis dans la cuisine, comme dehors quand je suis à l'intérieur. Ainsi, je disais tout le temps qu'il faisait chaud Là-bas, et les adultes on mis beaucoup de temps à comprendre que je parlais du dehors. Des fois, je trouve qu'ils ne comprennent pas vite, vite.

Bref, dans ce Là-bas en question, on d'abord été logés chez les grands-parents de mon ami, c'était chouette. Il a une toute petite sœur qui s'appelle Margot, moi j'aime Margot. Peut-être que lorsqu'on sera grands, elle sera mon amoureuse, mais j'ai encore beaucoup de temps devant moi pour y penser. Mais c'est plutôt avec Édouard qu'on est allés voir des singes. Ils étaient très proches de nous, sur ma poussette même. Édouard avait très peur. Lui, il a peur de tous les animaux, même de mon chat, sauf que même si je n'ai pas peur de mon chat, les singes sur ma poussette, franchement, ça m'a fait un peu peur et Papa et le papa d'Édouard ne faisaient que rire et pas nous aider. Après, Papa m'a offert un joli singe en peluche sauf que je l'ai perdu la journée même. Le singe existe sur des photos, et je veux toujours voir et montrer les photos.

Au bout de quelques jours, on est allés dans une autre maison, voir la mer. Il faisait trop froid pour que je me baigne dedans, mais c'était très beau. Il m'est arrivé un accident pendant que j'étais à la mer; mon bras droit ne voulait plus du tout bouger. J'avais un problème avec mon coude, ça a l'air. Je l'ai raconté au souper. J'ai répondu d'un « oui » très soulagé d'avoir été rapidement compris quand Tatie a dit le mot difficile (luxation) pour moi. Et ça m'a rappelé qu'au début de mon voyage, j'avais eu des bobos à la bouche, aux mains et aux pieds. Ma bouche et mes mains vont très bien, mais mes pieds perdent encore de la peau. Ça chauffait vraiment beaucoup, je crois que je vais m'en souvenir longtemps.

J'étais content de voir Francis et Tatie pour leur parler de mon grand voyage. Je pense que je vais les revoir un peu bientôt et je sais que même si je ne fais pas d'autre voyage, j'aurais encore de belles choses à leur raconter, surtout que je commence à inventer des histoires de mon cru. Personne ne me crois quand je les raconte, mais j'ai bon espoir, un jour, de rencontrer mon public.

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jeudi, septembre 21, 2017

De généralités en clichés

Cher dilettante,

Tu me fais bien rire quand tu débarque dans un magasin, quel qu'il soit d'ailleurs, avec une idée de cadeau de génie, disons, un peu trop vague. Je ne peux pas traiter de toutes les demandes invraisemblables que mes collègues d'autres commerces entendent, mais je peux facilement traiter de ce que je rencontre dans mon quotidien, depuis près de quinze ans, et quelquefois, je dois dire que ça étrive la patience sur un moyen temps.

Si tu me dis : « Madame, je voudrais que vous me suggériez un roman »; tu dois comprendre que la demande est un tantinet vague. Bien entendu, je te poserai des des questions pour cerner tes besoins. Quel genre de roman : policier, fantastique, québecois, étranger, récent? Pour quel type de lecteur :son âge, son niveau de lecture, ses intérêts ce qu'il a déjà lu bref, n'importe quoi pour aider à trouver la perle rare. Alors, svp, ne te fâche pas contre moi parce que je pose ces questions simples, ce n'est pas parce que je veux, au départ, jeter la serviette. Mais il est possible que je finisse par te planter devant le palmarès pour que tu fasses un choix, si la seule chose que tu puisses me dire pour m'aider c'est que que le livre doit contenir une histoire d'amour mais que ce n'en soit pas la trame principale. Il arrive parfois que même avec la meilleure volonté du monde, il soit très, très difficile de t'aider.

Si tu débarque d'un quelconque ailleurs, il se peut aussi que tes demandes paraissent incongrues. Du genre : « Je voudrais voir vos exemplaires du Petit prince en amérindien, j'achète toujours une copie de ce livre en langue locale quand je voyage ». Bon, l'idée est bonne, mais le problème, c'est que des langues amérindiennes, il y en a beaucoup. Et platement, ce n'est pas précisément les langues d'usage à Montréal, même si je crois qu'il serait tout à fait pertinent que ce genre d'ouvrage soit disponible plus largement, si d'aventure de telles traductions existent, ce dont je ne suis pas certaine, en tout cas, mes recherches ont fait chou-blanc.

Si tu me demandes de la musique indienne, je vais naturellement te diriger vers la section de musique indienne, c'est-à-dire, qui vient de l'Inde. Ne me regardes pas comme si j'étais une crétine finie si ce que tu souhaites c'est de la musique des Premières Nations. Et si nous n'avons pas de section attribuée à ces Nations, il est inutile de me faire les gros yeux parce que je me force à te trouver des albums de créateurs amérindiens qui n'ont rien à voir avec les clichés qui s’égaient dans ton cerveau, mais qui sont exactement ce que tu avais demandé, même si ça ne correspond pas du tout à ce à quoi tu t'attendais.

Ne t'en fais pas cependant, je t'aime quand même, tu me pousse à me dépasser en terme de service à la clientèle, et il arrive même que j'arrive à trouver exactement ce que tu cherches, même si la plupart du temps, je me retrouve confinée aux limites de ma mémoire où à celles des associations d'idées que je suis capable de générer.

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dimanche, septembre 17, 2017

Perséïdes en septembre

Nous avions collectivement oublié de prendre rendez-vous pour l'observation annuelle des Perséides. Évidemment, lorsque l'un d'entre nous s'est manifesté, il ne restait que quelques jours avant le début de l'événement, qui n'est pas si long et comme de bien entendu, il n'est pas si facile de trouver un moment ou 6 adultes ayant une vie active, sont capables de se trouver une disponibilité avec un préavis aussi court. Bref, nous avions mis une croix sur notre activité estivale, mais on s'était dit qu'à la mi septembre c'était l'anniversaire de Lew et qu'on pourrait déplacer l'activité à cette date. Étrangement, ça été super facile d'être toutes disponibles à cette date.

On s'était donc rendues à la campagne par une chaude journée d'été, une des plus belle de la morne saison qui s'achevait sur des souvenirs de grisailles un peu trop fraîches pour que nous puissions dire que nous avions eu un bel été. Malgré le fait que nous ne rencontrons pas bien souvent, la voiture qui emportait trois d'entre nous au lieu du rendez-vous n'avait pas encore atteint les rives de l'autoroute que nous étions déjà largement prises dans les dédales de sujets profonds, vrais et sans aucune forme de bémols pour en adoucir les angles. Ça change agréablement de toutes les fois où nous sommes en représentation dans nos vies et de de répondre sincèrement à la sempiternelle question factice « comment ça va? » pourrait avoir des effets contre productifs, si je puis m'exprimer ainsi.

Arrivée à destination, sans aucune surprise, on s'était retrouvées devant un repas improvisé, préparé et mangé sur le tard, à la bonne franquette, comme si c'est totalement à la dernière minute. Nous étions sortis de table autour de 22 heures et on s'était décidé à se faire un feu en plein air, histoire de profiter de cette belle soirée d'été à la campagne. Pour ma part, c'était ma première sortie rurale de l'été, et le fait d'être loin des festivités du 375ème de Montréal qui m'ont enclavée entre les murs de ma résidence depuis presque trois mois, me faisait un bien fou.

Ont s'était donc rassemblée en arc de cercle autour du foyer extérieur, à boire sans excès et à se parler, mais surtout à s'écouter. Comprenant sans doute mieux dans les silences et les non-dits l'étendue des évolutions, embûches, accros, tournants, réussites et autres considérations que ce que les meilleurs descriptions auraient pu nous apprendre. Et surtout en oubliant de temps à autres de nourrir la conversation pour regarder les étoiles, même si celles-ci ne nous filaient pas au-dessus de la tête, sans que qui que ce soit n'ait eu l'idée de s'en sentir mal à l'aise.

Terrassée par la fatigue, j'avais regardé ma montre presque par réflexe, et je m'étais aperçue que j'étais presque levée depuis 24 heures. J'avais alors annoncé que je rendais les armes et les autres avaient suivi le mouvement vers le sommeil. Le matin était évidemment arrivé trop tôt, nous remémorant les réveils d'autrefois ben lendemain de veille, sans les inconvénients que nous en ressentions à l'époque. On avait laissé le brunch s'étirer comme si le matin n'avait pas d'avenir, pour mordre dans chaque seconde.

Et on s'était séparés en se disant que l'importance de nos traditions n'était certainement pas de les tenir à date fixe mais plutôt de ne jamais oublier d'être intègres et sans trop de filtres les uns avec les autres et de profiter de ces parenthèses dans lesquelles on peu simplement être bien.

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jeudi, septembre 14, 2017

Éclats nocturnes

C'était un soir de milieu de semaine, l'école n'était pas tout à fait recommencée, mais les familles étaient de retour dans le quartier, l'achalandage dans le magasin en faisant foi. Un jeune homme dans un drôle d'état s'était présenté à la caisse pour récupéré une commande qui n'était pas à son nom et il n'avait rien sur lui qui nous indiquait qu'il était autorisé à la récupérer. Je lui avais donc fermement dit que je ne pouvais pas la lui donné simplement parce qu'il affirmait que la personne ayant passé la commande était sa mère.

Il m'avait lancé un regard torve tandis qu'un gros mottons de mucus lui coulait de la narine gauche pour se loger fermement dans sa moustache mal coupée. Une quinzaine de minutes plus tard, je recevais un appel de la dame courroucée qu'on n'ait pas remis son film à son fils. Il était clair qu'elle était soûle, d'ailleurs elle le disait sans ambages, elle ne parlait pas, elle hurlait, sans s'apercevoir du volume hallucinant de son ton. Elle n'écoutait rien de mes arguments, se contentant de me traiter de tous les noms et surtout d'incompétence. J'avais fini par lui dire qu'elle pouvait renvoyer son fils avec une note signée de sa main à elle et que je remettrait la commande au jeune homme.

Finalement, elle s'était pointée elle même en succursale, en hurlant, bien entendu. Tous les clients encore présents voulaient rentrer dans le plancher tellement ils se sentaient mal devant ce personnage rocambolesque. L'employée qui l'avait accueillie pour aller chercher sa commande avait voulu lui expliquer que c'était par mesure de sécurité que nous avions refusé de remettre à un tiers une commande pré-payée et elle s'était fait répondre : « Va chier » d'une manière assez tonitruante pour être entendu dans les moindres recoins de la succursale. Non contente d'avoir été, disons, impolie, avec la libraire, la dame avait insisté pour me voir. Je m'étais donc rendue à l'échafaud, parce qu'une part de mon travail est justement de servir de bouclier entre ce genre de client et les employés.

Elle m'avait alors dit : « Heille, cocotte, on peut tu s'entendre sur quelque chose? Quand je suis trop soûle pour venir chercher mes commandes, c'est mon gars qui va venir pis tu vas y donner. C'est clair hein? » Je lui avais répondu que si, et seulement si, elle nous appelait ou envoyait une note pour nous en aviser, on pourrait lui remettre sa commande. Mais pas autrement. Elle était partie exaspérée en claquant la porte devant mon manque de la collaboration.

J'étais allée prendre le métro complètement vannée de mon expérience, bien heureuse de retrouver l'anonymat paisible des wagons. Ben non, j'étais tombée dans un wagon rempli de jeunes adultes en périodes d'initiation. Disons que la paix n'était pas tout à fait au rendez-vous. Ils n'étaient pas déplacés, simplement tout à fait bruyants c'était bien la dernière chose dont j'avais besoin après ma très joyeuse expérience de service à la clientèle.

Il y a des soirs, comme ça, où la vie ne veux pas être paisible.

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dimanche, septembre 10, 2017

Précéder la tempête

Lundi dernier, les nouveaux résidents de l'hôtel parlaient d'un ouragan en formation dans l'océan Atlantique. Rien que de bien normal, on est en pleine saison et je le sais depuis longtemps. Je suis bien consciente que cela participe au fait que les voyages en solo soient si abordables dans les les Antilles à cette période de l'année. Il y a deux ans, j'avais vu de loin la queue d'un ouragan qui avait touché l'île d'Hispaniola, Haïti plus particulièrement, je n'en avais eu qu'une conscience approximative. Donc, lorsqu'on m'a parlé de cette tempête, j'ai haussé les épaules avec une certaine nonchalance, ne me sentant pas tant que cela concernée.

Et pourtant, je l'étais. Mais en bonne petite égocentrique, mon plus gros souci en ce lundi torride sous le ciel cubain était de ne pas pouvoir profiter de la plage en ce dernier jour de voyage parce que le vent était un peu plus fort qu'à l'habitude et que le ciel était nuageux. J'avais tout de même pu passer l'après-midi sur mon transat à terminer la série que j'avais entamé quelques jours plus tôt.

J'avais quitté l'hôtel et sa magnifique plage à l'heure des poules avec un petit serrement au cœur, parce que je savais laisser derrière moi des gens formidable et une belle semaine de farniente qui m'avait beaucoup reposée. À l'aéroport, les messages sur les écrans concernant les arrivées et départs étaient bizarres, cependant mon avion s'était pointé à l'heure, déposant un lot de voyageurs avant de nous prendre à bord. J'avais souri dans ma barbe imaginaire en me disant que c'était Cuba, et j'avais chassé toute inquiétude de ma petite cervelle.

Je n'avais réalisé l'ampleur de ce qui se développait qu'à mon arrivée à l'aéroport de Montréal, parce que j'avais des messages d'une amie qui me demandait comment j'avais survécu à Irma. Je n'avais aucune idée de ce dont elle me parlait. Mais j'ai illico envoyé un message à ma mère pour lui dire que j'étais de retour, en un morceau, parce que, même en toute ignorance de cause, je me doutais bien que son cœur tout maternel, s'inquiétait pour moi. À ce moment, l'aéroport était tellement plein que nous avions pris un transbordeur pour nous rentrer dans l'aérogare. Il va sans dire que les douanes étaient bondées. Normalement, entre mon arrivée à l'aéroport et le moment où je mets la clef dans la porte, il s'écoule environ 1h30. Ça m'en avait pris le double, mais au bout du compte, j'étais arrivée à mon domicile sans heurts.

J'avais alors allumé la télé et vu la dévastation. Je n'ai pas vu d'images de l'hôtel où je résidais, mais les vagues, hier, atteignaient 7 mètres sur la côte où j'étais mardi matin. Ça donne froid dans le dos. Je me compte chanceuse, tous les copains de voyage sont de retour au Québec. Mais j'ai le cœur sous pression pour tous les autres qui ne sont pas rentrés même si je ne les connais pas. Et surtout, surtout, je me sens concernée par les milliers de Cubains dans leurs îles dévastées. Je les ai rencontrés, j'ai fait des blagues avec eux, j'ai vu leurs maisons fragiles à travers les vitres des autocars de touristes et je connais leur joie de vivre collective, malgré tout.

Ce soir, j'ai l'impression d'être une rescapée vraiment très chanceuse simplement parce que je vis du bon bord de l'Amérique.

Décidément, la vie est beaucoup trop injuste.

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mercredi, septembre 06, 2017

Une belle journée de vacances

La journée avait bien commencé. Le soleil était radieux, la température chaude et humide comme on peut l'espérer quand on voyage dans les tropiques. Le catamaran qui amenait les touristes faire de la plonger en apnée était assez rempli pour créer des rencontres agréables, mais pas assez pour que les passagers se sentent empilés les uns sur les autres. La plupart des gens étaient simplement heureux d'être en mer, de voguer sur le turquoise si particulier de ces latitudes, mais un couple semblait déterminer à en profiter jusqu'à la dernière goutte, c'est-à-dire en étant le plus soûls possible.

Cela ne faisait pas deux heures que le bateau avait quitté terre que déjà, ils avaient bu la moité des bières disponibles et s'étaient approprié une bouteille de rhum qu'ils descendaient au goulot en s'aspergeant et se léchant l'un l'autre comme s'ils étaient en représentation et surtout comme si ce genre de démonstration pouvait intéresser le reste des vacanciers. Entre deux excès d'intimité, ils se livraient, sans en demander l'autorisation, à la moindre oreille disponible, racontant les tenants et les aboutissants de leurs vies privées. Ainsi tous savaient qu'ils avaient eu, pas ensemble, des enfants très jeunes, qu'elle travaillait plus où moins, et lui de même, en fait il racontait à qui voulait l'entendre, et à ceux qui ne voulaient pas, qu'il vendait de la drogue.

Elle répétait sans cesse que son nom venait d'une chanson et qu'elle avait échapper à pire tout en invitant les autres couples présents à venir les rejoindre à leur hôtel après l'excursion pour un petit échange de couple. Elle se permettait aussi d'ajouter, entre deux rire et deux gorgées d'alcool, de faire bien attention à son homme qui était déjà chaud, parce que quelquefois en de telles circonstances, les coups pleuvaient.

Dans le car qui ramenait tous les touristes à leur point d'ancrage respectifs, elle hurlait en se tapant la poitrine, réclamant câlins et bisous à tous les hommes en présence, sous le regard admiratif du sien. Mais à force d'insistance et de gestes déplacé, elle s'était retrouvée à se battre avec un gars à sa descente de l'autobus. Selon, elle, c'était parce que le gars était trop soûl pour avoir de l'humour. Selon à peu près tous les témoins, c'était plutôt l'inverse.

Non contente de sa journée d'excès, après s'être douchée, elle s'était imposée dans un groupe de femmes, buvant son vin à même la bouteille, tandis que son homme s'était écroulé, comme mort dans le lit. Elle, elle avait trouvé des oreilles sympathiques, compatissantes, ce qui lui permettait d'arranger les vérités selon son point de vue. En résumé sa vie avait été difficile et elle n'en était en aucune façon responsable.

Elle avait terminé sa soirée en accueillant les nouveaux arrivants masculins de l'hôtel à coups de câlins presque larmoyants et en vérifiant, auprès au moins un d'entre eux, physiquement, l'état de ses couilles. Très tard dans la nuit, elle avait été reconduite à sa chambre, sans autre heurt.

Et pour le reste des vacances, elle avait soigneusement éviter de parler à quiconque, se faisant le plus petite possible et ignorant ostensiblement les femmes qui lui avaient été sympathiques, malgré toutes les perches que ces dernières avaient continuer de lui tendre.

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