La journée avait bien
commencé. Le soleil était radieux, la température chaude et humide
comme on peut l'espérer quand on voyage dans les tropiques. Le
catamaran qui amenait les touristes faire de la plonger en apnée
était assez rempli pour créer des rencontres agréables, mais pas
assez pour que les passagers se sentent empilés les uns sur les
autres. La plupart des gens étaient simplement heureux d'être en
mer, de voguer sur le turquoise si particulier de ces latitudes, mais
un couple semblait déterminer à en profiter jusqu'à la dernière
goutte, c'est-à-dire en étant le plus soûls possible.
Cela ne faisait pas deux
heures que le bateau avait quitté terre que déjà, ils avaient bu
la moité des bières disponibles et s'étaient approprié une
bouteille de rhum qu'ils descendaient au goulot en s'aspergeant et se
léchant l'un l'autre comme s'ils étaient en représentation et
surtout comme si ce genre de démonstration pouvait intéresser le
reste des vacanciers. Entre deux excès d'intimité, ils se
livraient, sans en demander l'autorisation, à la moindre oreille
disponible, racontant les tenants et les aboutissants de leurs vies
privées. Ainsi tous savaient qu'ils avaient eu, pas ensemble, des
enfants très jeunes, qu'elle travaillait plus où moins, et lui de
même, en fait il racontait à qui voulait l'entendre, et à ceux qui
ne voulaient pas, qu'il vendait de la drogue.
Elle répétait sans
cesse que son nom venait d'une chanson et qu'elle avait échapper à
pire tout en invitant les autres couples présents à venir les
rejoindre à leur hôtel après l'excursion pour un petit échange de
couple. Elle se permettait aussi d'ajouter, entre deux rire et deux
gorgées d'alcool, de faire bien attention à son homme qui était
déjà chaud, parce que quelquefois en de telles circonstances, les
coups pleuvaient.
Dans le car qui ramenait
tous les touristes à leur point d'ancrage respectifs, elle hurlait
en se tapant la poitrine, réclamant câlins et bisous à tous les
hommes en présence, sous le regard admiratif du sien. Mais à force
d'insistance et de gestes déplacé, elle s'était retrouvée à se
battre avec un gars à sa descente de l'autobus. Selon, elle, c'était
parce que le gars était trop soûl pour avoir de l'humour. Selon à
peu près tous les témoins, c'était plutôt l'inverse.
Non contente de sa
journée d'excès, après s'être douchée, elle s'était imposée
dans un groupe de femmes, buvant son vin à même la bouteille,
tandis que son homme s'était écroulé, comme mort dans le lit.
Elle, elle avait trouvé des oreilles sympathiques, compatissantes,
ce qui lui permettait d'arranger les vérités selon son point de
vue. En résumé sa vie avait été difficile et elle n'en était en
aucune façon responsable.
Elle avait terminé sa
soirée en accueillant les nouveaux arrivants masculins de l'hôtel à
coups de câlins presque larmoyants et en vérifiant, auprès au
moins un d'entre eux, physiquement, l'état de ses couilles. Très
tard dans la nuit, elle avait été reconduite à sa chambre, sans
autre heurt.
Et pour le reste des
vacances, elle avait soigneusement éviter de parler à quiconque, se
faisant le plus petite possible et ignorant ostensiblement les femmes
qui lui avaient été sympathiques, malgré toutes les perches que
ces dernières avaient continuer de lui tendre.
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