Voici ma contribution hebdomadaire pour le Coïtus impromptus. Le thème de la semaine était regrets et remords.
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J’ai ouvert une fenêtre virtuelle, l’année dernière, et je suis devenue dépendante de l’intangible qui se filait derrière. J’ai cru que le réel était dans les mots et j’ai oublié de regarder la vie qui défilait autour de moi. Je n’ai jamais vraiment refermé cette fenêtre, mais une substitution s’est opérée. Vampire noir pour vampire blanc.
J’ai tiré, poussé, attiré, tassé mon nouveau répondant pour qu’il me rejoigne dans mon réel. Avec dans l’idée qu’il me faillait vivre une évolution. Casser le virtuel pour approcher la chaleur humaine. Toucher l’être qui présentait son âme, depuis si longtemps, comme un livre dont je connaissais, à l’avance, toutes les intonations. Un peu de peau, de douceur, de tendresse pour m’arrimer à la vie.
Il y a des gestes qui tissent des ponts ou creusent des tranchées. Nous n’avons ni tissé les ponts ni creusé les tranchées. Forcément, il y a eu le vide. Une réponse à mes questions. J’aurais voulu être, au bout de ses doigts, la plus belle. Je n’étais qu’un reflet de la Mathilde virtuelle. Ma chair était trop chaude, mon impudeur trop évidente, mes désirs trop transparents. La réalité ne pouvait égaler a fiction.
J’ai reçu en partage des rires, le noir des orages de ses yeux, une considération humaine dont je ne croyais pas pouvoir être la cible. J’ai reçu en partage un colis de vrai : du baume pour mon cœur. J’ai donné, offert, livré, prêté la femme. Ouvert mes lagunes et mes écluses. J’ai été réelle, tangible et humaine.
J’ai su que j’aurais pu aimer, mais j’ai passé l’âge d’espérer que les princes charmants éclosent de l’écorce des chênes. Il est un chêne, pas un prince. J’ai été au bout de moi-même, de ma toute personnelle vérité. Cependant, j’ai encore fichée dans mes tripes cette énorme tendresse, ce paquebot d’affection, ces possibles qui auraient pu naître, mais qui ont préféré rester dans un autre monde.
Aujourd’hui, j’ai des projets plein la tête, une ambition que je croyais morte me talonne. J’ai envie d’autres villes, Harry Potter and the Half-blood Prince à lire (dès le 16 juillet), un hibiscus à bichonner, des kilomètres de plantes à arroser. Mes lendemains sont attirants.
Non, vraiment, je n’ai ni remord ni regret.