mardi, mars 29, 2005

Bruits de bar

«Quand on dit son prénom au complet, ça lui met du sérieux dans le béton.»

Catherine Voyer-Léger

Poisson d'Avril

Ce jour là quand Isabelle, le prof d’arts plastique, nous a dit qu’on devrait faire un travail d’équipe pour la bande dessinée; j’ai cru que j’étais cuit. Avec le nom que j’ai et le fait que je sois dans une nouvelle école, ce n’est généralement pas la foule pour faire équipe avec moi.

Mais ce coup-ci, la belle Sophie s’est tournée vers moi en disant : « Océan, tu veux bien faire la bd avec moi? » Ben voyons, c’est sûr que je veux! TOUS les gars du monde (bon de secondaire 1, à mon école) veulent être en équipe avec Sophie, qui elle n’a pas l’air de s’en apercevoir.

Sauf que là, aujourd’hui j’angoisse un peu avant de passer la porte, Sophie à mes côtés, pour la première séance de travail. Ma mère est un numéro et elle a eu la mauvaise idée de me donner un énergumène comme sœur. Une tornade blonde et bouclée de 5 ans dont le sport préféré est de m’imiter. Je suis donc passablement surpris lorsque j’entends ma mère me dire simplement : « Salut mon grand, on est dans la cuisine. »

Quand je les trouve installées au comptoir se regardant les yeux dans les yeux, je comprend que la situation est critique. Ma sœur affirme :
- Mais maman, il m’a regardée d’un air intelligent.
- Oui, je te crois, ma puce
- Il me comprend.
- Hum, hum…
- Et puis ça fait longtemps que je le connais Eugène.
- Je le sais, pitchounette.
- Alors pourquoi ça fait rire tout le monde?

Ma mère marque un temps, elle cherche la réponse adéquate.

À les entendre, on croirait que ma sœur a eu sa première demande en mariage. Aussi je ne suis pas trop surpris lorsque Sophie se penche vers moi pour me demander : « C’est qui Eugène? » Moi, je profite sciemment de la chaleur de son haleine sur mon oreille.

Un peu gêné je lui répond en pointant la petite du menton : « C’est le poisson d’Avril, ma soeur. »

dimanche, mars 27, 2005

Vie d'appartement

Matin de printemps, il fait presque 10 dehors, le soleil caresse le perron sur lequel ma coloc et moi regardons le temps passer.
Elle me dit : « Il commence à faire assez chaud pour ouvrir les fenêtres et les portes. On pourrait changer l'air dans l'appartement! »
Et après un silence ravi elle ajoute : «Et faire entrer la poussière...»
Elle doit avoir envie de faire du ménage coudonc.

Grommelle, Grommelle

Voulez-vous m'expliquer pourquoi sur ce blog, lorsqu'on pèse sur «Indications des marcheurs» on s'en va tout de suite à «Post a comment» plutôt que dans l'affichage des commentaires mais que si on pèse sur l'heure tout roule?

Je lance mon appel à l'univers, peut-être qu'un bloggeur ou deux pourraient y répondre?

samedi, mars 26, 2005

Sans orgueil

Je suis en avance, je sais. Ton anniversaire c'est jeudi. Mais aujourd'hui c'est mon seul matin de libre. J'aime écrire le matin. T'écrire pour souligner cet événement, ça me prenait un matin.

Je pense encore à toi tout le temps.

Comme un réflexe qui ne veut pas s'arrêter. Je rêve depuis deux semaines que tu vas vraiment venir me voir en avril. Que nous allons recoller les pots et les maux. Je rêve à tes mains, qui m'ont servie pour le texte «Brumes». Je rêve à ta voix, à ton rire, à notre complicité.

Tu me hantes toujours autant. De belle façon cependant. Je croule sous des avalanches de compliments depuis quelques temps. On me dit belle, on me dessine, on me désire, on me met en compétition. Mais je m'en fou. Parce que j'ai lové dans le coeur et fiché dans l'esprit un certain mec qui est Celui.

Je rayonne d'une aura qui t'est due. Et si j'entends les propos des hommes qui m'entourent, ils n'ont aucune chance. D'arriver dans mon lit, peut-être, mais d'attenter à mon coeur? J'en serais la première surprise.

Tu me manques comme l'air manque à un noyé. Il n'y a pas une journée sans que je me dise qu'il faudrait que je te parle de telle ou telle chose.

Je voudrais te parler du ridicule des mecs qui m'entourent. Te jaser de mon écriture qui s'affine semble-t-il. Te dire que le monde est toujours aussi con et que je suis triste pour lui.

Plus que tout je voudrais que tu sois là, pour me serrer contre toi. Pour voir l'ironie dans tes yeux. T'écouter parler. Je voudrais te présenter au monde entier pour que celui-ci arrête de sous entendre que je t'ai inventé. Comme je serais fière de te présenter à tout ce monde que je vois!

Étrange lettre d'anniversaire me diras-tu? Sans doute.

Je voulais que tu aies une lettre qui te dise cet amour qui ne s'éteindra pas. Parce que je ne rencontrerai jamais un autre Toi. Je sais que, même si je ne te revois jamais, je vais continuer à t'aimer. Continuer à vouloir te dire tout ce qui se passe dans ma vie. Continuer à m'ennuyer et à rêver que tu reviens vers moi.

Je voulais te dire que ce que j'aimerais le plus t'offrir pour tes trente ans, ce serait le premier sourire de ta journée. Mais pour cela il va falloir que nous luttions tous les deux contre les impossibles et les improbables dans la prochaine année.

Comme j'ai envie d'y croire!

Je voulais te dire que je t'aime.

Mais ça, je crois que tu l'auras compris.

mercredi, mars 23, 2005

Éclaboussures

Il est 6h15. Le soleil matinal éclabousse ma chambre, me tirant des bras de Morphée.

J’ai la tête en bouillie. Je voudrais me rendre au sommeil.

Je sais que je ne dormirai pas avant une heure; les matins d’insomnie prennent le pas sur les nuits de la même eau.

L’hiver, lorsque les nuits sont trop longues, je peux passer des heures, éveillée dans mon lit. Dès que le printemps pointe son nez, mes nuits se calment et les aurores m’éveillent. Tout le temps.
Jusqu’à ce que le soleil cesse de me taquiner le blanc des yeux, et la couenne. Alors seulement je puis retourner rêver.

J’aime les aurores qui m’éveillent. Une chaleur dorée invitante à savourer l'existence. Je suis disposée à tout en ces journées.

Une phrase saisie au hasard : « Penses-tu qu’on va l’aimer Simone, ce Mozart là? » Un doigt qui descend doucement sur la rondeur d’une joue enfantine. Et le sourire qui suit.

Tandis que je regarde, ravie, les yeux de l’homme qui a posé la question.

C’est sexy un jeune père, ça me scie.

mardi, mars 22, 2005

Troué

Texte produit dans le cadre de Coïtus Impromptus

Pour tout ceux qui ne suivent pas le collectif, je tiens à spécifier que cette fois-ci la contrainte était de commencer le texte par la phrase : «Déjà troué et pourtant, il était neuf».

Maudit exercice qui m'a fait suer.

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Déjà troué et pourtant, il était neuf. J’étais déçue de voir qu’à peine deux semaines d’équitation avaient fait du mal à ce jeans que j’avais trouvé si seyant lors de son achat.

Moulant mes cuisses et mes fesses comme une seconde peau, je m’imaginais pouvoir le garder pendant très longtemps. Il me fait belle; je l’use, le lave comme si je n’avais aucun autre vêtement à me mettre sur le dos.

Une peau de chagrin.
Qui me peine de sa disparition.

Il a été mon passeport pour les conquêtes et autres jeux de rencontre. Je suis dépitée. Comme si toute ma séduction me quittait par le fait même.
Une toute petite trahison.

Je pourrais encore porter le jeans, après tout, ce n’est qu’un minuscule trou à l’arrière du genou droit, que vous ne voyez pas. Si petit que j’ai de la difficulté à le retrouver quand je le cherche.

Je déteste porter des trous.

J’ai toujours l’impression d’être nue devant vous.

lundi, mars 21, 2005

Attention, il nous écoute

« Comme ça, tu n'as jamais donné de blondes à ta fleur? »

Daniel Rondeau

samedi, mars 19, 2005

Brumes

Ambiance de brume de fin de soirée, un sourire s’étire au coin du bar. Derrière le premier, se creusent des sillons qui, lentement, mènent aux yeux. Je suis charmée, comme à toutes les fois. Comme si ces petits trous qui accompagnent certains sourires étaient une confirmation de leur sincérité. Ils sont le seul point commun de toutes les personnes que j’ai trouvées belles dans ma vie. Un point d’ancrage dans ce que je ressens de la beauté humaine.

Sous les volutes de la mi-nuit, des doigts pianotent sur une surface polie. Plus ils sont longs et fins, plus ils attirent mon regard. Je n’ose lever les yeux sur leur propriétaire parce que la volupté de l'être réside dans le mouvement des phalanges. La souplesse de la trituration d’un bout de carton ; le geste posé pour allumer une cigarette. Ces mains d’hommes et de femmes me laissent présager un langage que mes propres petits doigts boudinés ne sauraient parler. J’aime.

Dans les soleil des matins trop tôt arrivés, une voix dans mon oreille. Ronde, chaude, souple. Savoir poser les temps entre les mots. Une musique toute particulière qui efface la résiduelle de mes nuits trop bruyantes. Dire par le rythme autant que par les mots. Une note grave dans un registre qui l’est davantage. Un voyage ciselé par les accents toniques. Un coussin qui repose mes pensées. Une fois par semaine, me laisser prendre par les cambrures des intonations et, quelquefois, par le sens du propos.

Dans la solitude des nuits d’insomnie, je me dis que la beauté du monde réside peut-être dans l’ouverture que je lui crée.

mercredi, mars 16, 2005

Cheveux hérissés

Encore une réaction à la Souris

Décidément elle me fait écrire!

Mes cheveux s'hérissent sur ma tête à chaque fois que j'entends une fille dire qu'elle n'est pas féministe.

En fait, je crois que nous avons peur de dire que nous le sommes parce qu'à l'heure actuelle, dans la société québécoise, les femmes ont certains droits qu'on ne leur conteste pas.

Être féministe, ça ne veut pas dire être lesbienne par choix politique. Ça ne veut pas dire voir le diable dans chaque homme. Ça ne veut pas dire croire que les femmes sont des êtres supérieurs.

Non.

Être féministe c'est croire que malgré les gains, rien est acquis.
C'est réaliser qu'il y a encore trop de femmes battues
C'est savoir qu'un corps de femme est propice au viol.
C'est vouloir que les congés de maternité ne soient pas vus comme des congés de maladie.
Être féministe c'est voir aussi que dans certains domaines, les hommes ont un désavantage sur les femmes : en ce qui concerne la garde des enfants par exemple.
C'est considérer que pour un travail égal nous devrions avoir un salaire égal.
C'est réaliser que le harcellement sexuel au bureau, ça existe.

C'est sans doute aussi beaucoup vouloir réparer certaines erreurs de l'histoire qui ne nous laissait pas de place.

C'est se rappeler que le viol a toujours été une stratégie de guerre, et que ce sont les femmes qui en paient le prix.

C'est simplement avoir le droit de voter et l'utiliser.

Une cause comme celle-ci n'est jamais dépassée, parce que même si ici, c'est assez zen, ailleurs ce ne l'est peut-être pas.

Il faut ôter nos oeillères et constater qu'être femme c'est être féministe.

lundi, mars 14, 2005

Renaissance

Tes doigts ont sali mes chairs
Intimement souillée par tes baisers,
J'avais sur la peau le goût acide du poids de ton corps

J'ai fermé les jambes et les yeux
J'ai barricadé mes séductions
Je me suis avilie

Tes doigts ont sali mes chairs
J'ai soûlé ma frustration
Engourdir les traces
Tuer la femme

Un regard s'est posé sur mon âme
Me voyant sans tes mains
Il a ôté le poisseux de tes phalanges

Tes doigts ont sali mes chairs
Je n'en sens plus les marques
D'autres mains ont purifié mes courbes

Renaissance des sens



Réincarnation de la femme

dimanche, mars 13, 2005

Ah les enfants!

Sur le blog www.douceophélie.blogspot.com, La Souris se demande si les enfants n'ont pas raison d'être sontannés dans leur façon d'aborder les gens et la vie en général.

Si au fond, nous ne pourrions pas prendre exemple sur eux pour regarder les individus qui nous entourent en faisant fi des peurs qui nous habitent. Oser nous présenter et montrer nos intérêts.

J'ai a mon actif un petit mot d'enfant :

À l'intérieur d'une épicerie bondée, j'entends une femme dire à sa voisine qu'elle n'aime pas les enfants.

Ce commentaire était certainement lié au fait que ma mère était en compagnie de ses trois jeunes enfants. J'étais la plus vielle et je devais avoir autour de 5 ou 6 ans.

Étonnée, j'ai demandé : «Mais comment on peut ne pas aimer ça les enfants? Moi je suis une enfant et j'aime ça qu'on m'aime.»

Grande vérité.

Mais je me vois mal dire à quelqu'un : « Pourquoi tu ne m'aimes pas? J'aime bien être aimée.»

Je ne suis pas certaine de la réaction...

Petite histoire de seins

Pour rester dans la thématique du corps, voici l'une des plus grande déconfiture de ma vie.
Adolescente et complexée (pour aucune raison d'ailleurs, sinon que j'écoutais mes amies me dire que je n'avais pas besoin d'être belle, qu'il me suffisait d'être gentille), je me suis dit un jour que je pourrais sélectionner une partie de mon corps dont je pourrais être fière.
J'ai choisi mes seins. Parce qu'ils sont ronds, visibles, sans exploser. Parce qu'ils ont été fermes durant longtemps. Parce qu'ils font en sorte que je me sente femme.
J'en ai toujours vanté le charme incontestable. Eh bien, ceci est une époque révolue; peu après mes 28 ans, mon sein gauche a abandonné et est tombé. Il pendouillait alors, lâchement, sur mon torse, pointé vers le sol, comme gêné de se montrer au soleil. Penaude j'ai dû en arriver à l'effroyable conclusion qu'il me fallait porter un soutif. Le pire dans toute cette histoire c'est que mon sein droit lui se tenait encore tout seul, je ne me sentais vraiment pas sexy quand je me regardais après ma douche, ça manquait de style un petit peu.

Désormais donc, mon dernier complexe de supériorité était en berne. Je ne me reconnaissais plus ce charme d’antan qui faisait ma fierté, je prenais incontestablement de l'âge, nonobstant ma volonté, et mon corps commençait à me le dire. Mais bon, je n'en ai pas fait une dépression pour autant, déjà que j'avais le sein déprimé, si je m'y étais mise aussi nous aurions été bons pour un traitement lui et moi... Je me suis alors demandée si les psychologues accepteraient de rencontrer une femme et son sein en thérapie de couple? Question pertinente et perturbante.
Je me suis remise de mon choc émotionnel.
Le style est revenu au bout de six mois; mon sein droit étant tombé lui aussi.
Je ne rajeunis pas.
Mais au moins, depuis, je puis omettre d'enfiler un soutien-gorge lorsque le coeur m'en dit.

samedi, mars 12, 2005

Classe verte

La piscine est pleine de gens. Tous des adolescents. C'est une classe verte.
Je suis celle de qui on se moque. Je suis soupe au lait.
J'ai 15 ans, un petit maillot rouge, presqu'un deux pièces.
IL s'approche de moi. Me tourne autour comme un requin. IL me regarde avec des yeux nouveaux.
IL finit par me demander si je veux bien sortir avec lui.
Je ne l'ai pas cru.
Je ne voulais pas n'être qu'un corps.
La piscine est pleine de gens.
J'ai 30 ans, un maillot une pièce vert qui me cache.
Je suis celle qu'on ne voit pas.
Comme je voudrais qu'on apprécie mon corps!
À 31 ans, assise dans un bar, on m'a dit :
«On saisi tout de suite que tu as possession de ton propre corps en observant la manière dont tu t'assoies».
Ça a fait ma journée.

vendredi, mars 11, 2005

À vous

Petit poème issu de mes archives personnelles. J'ai composé ce texte à l'automne 1991, je crois.

Pour mon cours de français-poésie au Cégep.

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Je vous donne mes mots et mes pensées.
Je vous donne mes maux, je suis blessée.
Je vous offre en cadeau
La couleur d'un château.

Je vous aime.
Je m'épuise.
Je vous admire.
Je soupire.

Je me racroche à cette vie
avec la force de mon sourire.
Car toujours je souris,
Même s'il m'arrive de souffrir.

Je m'accrche à vous :
Je vous aime.
Je vous délaisse :
Je me déteste.

Je vous donne mes espérances,
Vous me prêtez vos confiances.

Je n'attends plus rien de vous;
Je me donne à vous.

Je vous aime.
M'aimez-vous?

jeudi, mars 10, 2005

Regard anatomique

Il y a de ces jours comme cela.

Des jours où on se rend à l’évidence de nos inaptitudes.

Il y a ce mec qui me connaît mieux que moi-même et qui me dit : « Le vrai problème c'est que, dès que tes yeux s’ouvrent à une perspective que tu trouves intéressante, un manque permanent s'installe. »

Disséquons :
Celui-là s’assoie près de moi et me parle.
Au départ je ne lui trouve rien.
Celui-ci est au loin et me plaît.
Celui-là devient soudain charmant tandis que Celui-ci me déçoit.

Il manque toujours quelque chose à ces derniers.

Mais plus profondément, je suis le manque.

Du moins je crois.

mercredi, mars 09, 2005

L'être et le néant

L'ÊTRE
Une fraîche soirée d'été métro Mont-Royal.
Tu es là. Invité, mais appréhendé.
Avec ta drôle de bouille au sourire troué.
Quelques pas plus tard, je suis convaincue d'avoir bien fait.
Une question dans l'air : «Puis-je prendre ta main?»
Un regard en coin.
Je suis là. Je suis bien et je ne voudrais aucun ailleurs.

LE NÉANT
Dormir avec la radio allumée.
Multiplier les conquêtes.
Chercher à combler le vide creusé par le silence et l'absence
pour avoir ensuite l'envie de tout te raconter.

Et me taire.

dimanche, mars 06, 2005

Dicussion de bar

- Ne fais pas trop attention à ce que je raconte : j'ai la langue qui fourchoisse.

- Pardon?

- J'ai la langue qui fourchoisse.

- Et ceci voulant dire?

- Ah... (pensif) : j'ai la langue qui fourche.

- Bon si c'est ainsi...

Tirez-en vos conclusions

samedi, mars 05, 2005

Bonsoir à la semaine prochaine

Sur le blog Non coupable pour cause d'aliénation sentimentale, La Souris se questionne depuis quelque temps sur la confiance en soi.

Parfois les mots puisés dans mon propre passé arrivent mieux que ce que je vis actuellement à décrire ce que je puis penser.

Voici donc des extraits de textes que j'ai composés en 1996 sur la fragilité de la confiance.

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Impassibilité des visages et fausse indifférence.

Depuis quelque temps déjà, je te regarde. De loin. J'ai peur de l'implacable jugement que tu pourrais m'adresser.

Un regard chaviré dans le silence avec ce sourire moqueur au coin d'une lèvre un peu trop pulpeuse qui donne envie de l'embrasser et dont je n'ose m'approcher.

Depuis, je rêve, je cauchemarde, je désespère et je me cale.

En femme charmée, je me censure et je me tais.

Pourtant, personne, surtout pas toi, ne pourrait voir sur mon visage éclatant de sourires que j'ai peur.

Je fonce.
Vers toi.
Vers tous ceux qui m'entourent pour donner le change.
Tout le monde est confondu, moi la première.

Et puis, j'ai été renversée.
Complètement abasourdie.
Depuis je cours après ma gueule aux quatre coins de la planète.
J'essaie de me ressaisir, sans vraiment y arriver.
J'erre dans l'écume de mes journées.

J'ai cru déceler dans ton regard une attente heureuse.

Je suis romantique et grotesque au lieu de baveuse et moqueuse.

Je n'entends désormais que ces quelques mots :
«Bonsoir... À la semaine prochaine.»

Qu'est-ce que tu as bien pu vouloir dire?
Certainement pas ce que je fabule.

... à la semaine prochaine.

Pendant ce temps, je rêve de toi.

mercredi, mars 02, 2005

La fascination du pire

Depuis toujours grande peureuse devant l'éternité, je cumule les arrêts de mouvement.

Ce faisant, je suis en sécurité, ignorante et sotte aussi, probablement.

Parce que je me tiens à l'écart de la vie, je compulse dans des lectures noires et dans le visionnement de ces émissions d'enquête sur meurtres.

La folie, celle des psychopathes et des sociopathes en particulier, me happe dans sa tourmente. Je ne la comprends pas. Cependant, toutes les fois où je la croise, à l'intérieur de ces mondes assez distancés du mien pour que j’y puisse fréquenter l'horreur, elle me prend toute entière, ne me laissant rien d'autre que le souffle court et le coeur affolé.

Je me fais des mises en scène et me mets à paniquer parce que je crains d"être la prochaine sur la liste de ces fous qui frappent à peu près au hasard. Moi qui me suis toujours gardée en sécurité parce que j'ai peur de la mort, peur de l'autodestruction, je me laisse abrutir des heures durant par le spectacle de la mort donnée en pâture aux vautours de mon espèce. Et je revois, avec des milliers d'autres personnes, les viols à répétition, les coups sanglants, les meurtres sordides et la détresse de ceux à qui on a volé l'intimité de la mort. Secouée de frissons, transie d'horreur, je me sens vile et veule. J'ai le sentiment de devenir à mon tour le violeur en entrant ainsi dans la mort des uns et la survivance des autres.

Regard vide rivé à l’écran, obnubilée par la violence, je ne suis plus que lambeaux de moi-même.

Je deviens à mon tour psycho-truc.

Quelquefois même, il m’arrive de penser, prenant en pitié la folie, que je me laisserais sans doute convaincre par l'un d'eux de l'aimer. En connaissant sa folie et ses plus noirs aspects.

Dans ces moments-là, je me demande ce qui est le pire : l'acte posé par l'un ou l'absolution que je me sens prête à accorder?