mardi, mai 31, 2005

Journal de Mamathilde

Avant de commencer à blogguer, je produisais régulièrement un journal qui donnait de mes nouvelles à mes amis. Un espèce de machin sans censure qui me racontait. Aujourd’hui, je vous laisse entrer dans mon journal pour vous faire partager deux amitiés qui me sont chères.

E a des fleurs

C’était un 31 mai sur Sherbrooke. Il ne faisait pas vraiment chaud. Comme cette année, le temps se faisait long pour atteindre l’été. Comme cette année, je n’avais pas beaucoup d’argent. Mais un solide coup au cœur pour une amitié qui n’existait pas encore. C’était un 31 mai sur Sherbrooke et je suis allée chercher deux roses. Deux petites fleurs de rien du tout, qui n’ont même pas dû me coûter 5 dollars. Et j’ai sonné à sa porte avec mes fleurs.

Huit 18 mai, plus tard, E raconte cette histoire pour souligner mon trentième anniversaire, ajoutant au passage que ce sont les seules fleurs qu’il ait jamais reçues. Il disait que c’est ce qui avait scellé notre amitié. Mon geste spontané et innocent m’avait gagné une amitié, qui a ce jour ne m’a pas fait défaut.

C’est un 31 mai sur Montréal, aujourd’hui E a 30 ans. Je n’ai pas de fleurs, cependant je voulais te dire bon anniversaire mon ami. Je suis heureuse de t’avoir dans ma vie. Ton amitié m’est douce et tes rires réconfortants.

Une femme au Moyen-Orient


J’ai une amie que je connais depuis que j’ai 8 ans. Vous savez le type d’amie qui est là même lorsqu’elle est absente de ma vie. Une belle complicité aux saveurs de toutes les trombes d’eau qui ont coulées sous les ponts depuis plus de 20 ans. Zoé est devenue infirmière. Infirmière de brousse. Elle a travaillé dans le grand Nord québécois. Elle est allée porter son aide avec Médecins du Monde, là où on avait besoin d’elle.

De ces voyages sont nées des chroniques. Qui nous racontaient les gens et les paysages. Un regard humain se portant sur le monde. Zoé a le chic de décrire l’environnement qu’elle a sous les yeux. Nous faisant voyager avec elle, à travers ses mots. J’ai eu la chance de faire partie des lecteurs de premières lignes. Hier, c’était le lancement d’un recueil de chroniques. Les Carnets de Zoé dans lesquels elle vous livre, sans détours, ses périples en Afghanistan et en Iran, à travers l’aide humanitaire qu’elle est allée y porter. C’est un livre somptueux dans lequel elle nous livre aussi un peu son regard photographique en plus des mots qui en eux-mêmes étaient déjà un portrait. Je vous invite à lire ces carnets. Ils sont bien écrits et profondément humains.

Zoé, je voudrais juste partager encore davantage ton talent.

dimanche, mai 29, 2005

Chroniques dans le pot de fleurs

1- La nouvelle locataire
2-
Le peuple de la terre
3-
Résidence estivale
4- Le coup de soleil


Salut Marie,

Maman m’a dit que je pouvais t’écrire même si t’avais pas répondu. Elle dit que c’est comme ça les relations épistolaires (je sais pas trop ce que veut dire ce mot, mais il est joli, tu ne trouves pas?); des fois on écrit sans avoir reçu de réponse.

Il faut que te raconte : j’ai pris un solide coup de soleil. J’ai le feuillage blanchi. Maman était toute contrite lorsqu’elle s’est aperçue de son erreur. Alors elle m’a descendu en courant. Pour que je ne prenne pas une once de soleil supplémentaire. Ce qu’il a de plate avec mon nouvel emplacement, c’est que j’ai plus de longues discussions avec Dédée. C’est une chatte d’intérieur tu vois, alors elle ne sort pas.

Quoique dernièrement, elle m’énervait plus qu’autre chose parce qu’elle est en chaleur. Par conséquent, elle passe son temps a miauler en appelant un amoureux. C’est bruyant et pas très esthétique selon moi. Et puis elle fait ça à des heures indues. Le milieu de la nuit c’est très son genre. Maman m’a dit qu’elle allait se faire opérer lundi et qu’après elle ne chercherait plus son amoureux. En tout cas, moi je préfère t’écrire que de crier «Une amoureuse! Une amoureuse!»

J’ai appris que tu déménageais en fin de semaine. Personnellement, je déteste les déménagements. J’espère que ta chevelure s’en portera tout de même bien. Et que tu auras encore une chouette fenêtre. Ce serait dommage que tu sois cachée. Parce qu'il me semble que tu dois vraiment être très jolie.

Ah oui, j’ai une nouvelle compagne de galerie. Un hibiscus comme moi. Mais un bébé hibiscus. Normalement, elle habite dans la chambre de Madame Coloc. Sauf qu’elle a besoin d’air semble-t-il. Alors je lui prête un petit bout de mon chez moi. Elle s’appelle Shirley. Elle me semble sympathique, mais je préfèrerais t’avoir, toi, dans ma cour.

Allez, à bientôt,

Roger xxx

vendredi, mai 27, 2005

En bravant le HTML

L'image en question

Ouf, voilà! Le premier dessin que je poste moi-même toute seule, en tant que collaboratrice de Mathilde! Et laissez moi vous dire que c'est vraiment pas évident, le HTML!

Celui-ci a été fait dans le cadre de mon porte folio éclair l'année passée. Il date un peu et, comme le reste de mon porte folio, a été fait relativement vite mais je suis tout de même satisfaite du résultat!

(note au passage: Il ressemble à un de ces oiseaux qui chantent toujours près des caisses...)

Papillonner

Une main se pose sur ma taille.

Papillon de nuit léger. Tout en douceur et en respect. Un navire de tendresse qui s’échoue sur mes courbes. Et les bruits du bar autour qui s’étouffent.

Une main se pose sur ma taille, moi qui ai arrêté de courir. Parce que j’ai enfin compris après quoi je m’épuisais. Je sais que je ne trouverai pas cela dans un bar. Ni dans les nuits trop courtes qui s’additionnent et se mêlent à des souvenirs de ces autres périodes de courses folles.

J’ai plus envie de courir après le regard qui me dira que je suis jolie malgré les rondeurs. J’ai plus envie de m’épuiser à chercher un nord que je ne rencontre jamais. Je n’ai plus envie de ces épistolaires relations qui m’accrochent le cœur et laissent mon corps errer dans les nuits de Montréal.

J’ai mal aux promesses non tenues qu’on m’a fait. J’ai mal à toutes mes amours écrapouties sur les murs du temps. J’ai mal à ma non confiance personnelle et professionnelle. J’ai mal à ma façon de faire le «i» lorsque quelqu’un tente de me serrer dans ses bras et que mes larmes se font tempêtes. J’ai mal à toute l’immensité de ma solitude. J’ai mal de ne plus savoir dire. J’ai mal de peur. Peur du mal. Peur du rejet. Peur d’être abandonnée. Peur de ne pas être à la hauteur. Peur de retourner au pays des zombies. Peur de ne plus jamais pouvoir écrire.

Je ne suis pas heureuse, coincée dans ma trop grande pauvreté. Mais incapable de faire les pas qu’il faudrait pour arriver ailleurs et me sortir du salaire minimum. Peur de déranger. Peur de ne pas être à ma place. Je me nivelle donc vers le bas. Je ne suis pas heureuse dans ma vie de femme qui n’est pas mère. J’ai toujours cru que j’aurais des enfants tôt et je suis toujours convaincue que je ne me serai pas pleinement réalisée tant que je ne serai pas maman. Cependant, je ne fais rien pour rencontrer un futur papa.

J’ai accroché mon cœur aux mots venus d’ailleurs et je laisse mon corps écumer Montréal. Je ne sais plus comment rallier les deux.

Une main se pose sur ma taille; toutes ces images se bousculent dans ma tête.

Je relève le sourire.

Ce soir, je rentre avec mon corps.

mercredi, mai 25, 2005

De moi à toi

Cette semaine le texte pour le collectif, devait s'inspirer de la photo suivante.

J'ai beau défi. Surtout pour qui voulait ne pas parler de cérémonie de mariage à cause du costume.


Voici donc ce que j'ai pondu.
**************************************

Salut,

J’aurais du me douter que tu n’oublierais pas. Tu m’avais dit que je saurais lire le signe. Voilà ; j’ai lu dès que j'ai vu ce journal.

Tu m’avais dit que je comprendrais ce que tu voudrais me dire. Et que ça prendrait sans doute quelques années avant que tu ne me fasses signe. Les quelques années ont filées et largement croisé la dizaine sans nouvelles de toi. Quand tu m’as quittée, en emportant ton mince sac à dos, ton billet d’avion, le cahier et tes 200$, je pensais vraiment que tu reviendrais dans les mois qui suivaient.

Je t’ai attendu.

J’aurais pas dû.

Et puis, mes cicatrices se sont fermées, j’ai traversé cet écueil de février sans trop savoir comment. Je me suis lancée vers une vie adulte que je ne suis pas certaine encore d’avoir atteinte. J’ai cessé de verser des larmes futiles sur cet impossible amour. Et je t’ai un peu oublié. Juste un peu néanmoins, parce que tu revenais hanter mes rêves. Toujours dans le flou, cependant omniprésent.

Quand j’ai vu la photo, j’ai tout de suite su que tu t’étais mis dans l’objectif pour moi. Pour me faire savoir que tu étais toujours là. Et que maintenant, je pouvais entrer en contact avec toi. J’ai donc appelé Yollande pour qu’elle me donne tes coordonnées. T’aurais dû l’entendre, totalement énervée! À l’en croire, on va célébrer notre mariage dans quelques temps. Oui, je sais, c’est ta mère, on n’y peut rien.

Je suis bien contente pour toi que tu te sois trouvé un lieu de créativité. Haute couture pour hommes, rien de moins!

Je ne sais pas si j’ai envie de te revoir quand tu vas débarquer à Montréal… M’enfin, on verra.

Sauf que je suis mauditement contente d’avoir enfin eu des nouvelles.

Tatie xxx
PS : Veux-tu ben me dire comment t’as fait pour te faire poser ainsi sur les lieux d’un accident et d’avoir le premier plan? Ah pis non, dis-moi le pas…

lundi, mai 23, 2005

Pour me flatter la bédaine dans le sens du poil

On parle de moi ici.

Bon, ça fait vraiment égocentrique mon affaire, mais quelquefois, ça fait tellement de bien de surprendre, au hasard, ce que l'on dit de chouette sur soi qu'on a juste envie de le partager.

C'est ce qui m'est arrivé.

dimanche, mai 22, 2005

Parenthèse du passé

Décidément, mon passé me rattrape.

Mercredi dernier, je travaillais lorsque j’ai vu le Papa de S. S c’était une amie à l’école secondaire. Le type d’amie qui infuse autant de venin que de baume dans son amitié. Mais je ne savais pas le reconnaître à l’époque. Parce que j’aime sans compromis. Et que ça me prends beaucoup pour me faire à l’idée que les trahisons peuvent venir de n’importe où.

S était une jolie blonde, aux yeux verts trichés. Elle portait des verres de contacts colorés pour masquer le gris de ses prunelles. Cela donnait à son visage un éclat d’été. Dans ses critères de beauté tout personnels, son propre physique était évidemment l’idéal à atteindre. Chose que je n’aurais jamais pu faire n’étant ni blonde ni grande et ne possédant surtout pas de grandes prunelles. En effet, je suis plutôt noiraude et j’ai de minuscules yeux qui se cachent derrière mes pommettes dès que je souris.

Selon ma mère, j’étais une très jolie adolescente, cependant, et au risque de me répéter ici, je n’y ai jamais cru. S l’avait compris je crois. Et elle jouait là-dessus. Combien de fois m’a-t-elle dit que peut importait le fait que je ne sois pas si jolie, j’étais tellement gentille que ça compensait. Ce que je croyais dur comme fer. Pas tant en ma gentillesse qu’en l’insignifiance de mon apparence extérieure. Je portais du 5 ans en ayant tout de même un léger renflement au ventre; ce qui faisait dire à S que j’étais grosse.

Mais le Papa de S m’aimait beaucoup. Il aimait ma vivacité d’esprit et mon intelligence. Par-dessus tout, il aimait le fait que j’étais vraie. Beaucoup plus que sa propre fille. Le sût-elle? Est-ce parce qu’elle sentait cela que son attitude et ses propos se teintèrent de ce poison qui minaient le peu de confiance que j’avais en moi? Je ne saurais le dire.

Ce que je sais c’est qu’un jour je lui ai dit : « Je suis certaine que quelque part dans ce monde, il existe un mec qui préfèrera une petite brunette un peu ronde (ce que je n’étais pas du tout) à une grande blonde aux yeux verts. » Elle m’a répondu que je passais mon temps à me mettre de l’avant.

Tout avait été dit. La trahison venait de me sauter au visage. Je n’ai pas coupé les ponts d’un seul coup. J’ai simplement cessé de lui parler de moi et la vie nous a séparées.

Mercredi dernier, j’ai croisé le Papa de S qui m’a dit qui se souvenait très bien de moi aux soupers chez lui. Qu’il se souvenait de mon intelligence et de ma vivacité et surtout de mon côté vrai. Il m’a demandé si je le cultivais encore…

Quelquefois, on provoque des raz-de-marée sans le savoir.

jeudi, mai 19, 2005

Chroniques dans le pot de fleurs

1- La nouvelle locataire
2-
Le peuple de la terre
3- Résidence estivale


Salut Marie,

Je peux t’appeler Marie? J’ai beaucoup lu ta lettre. Maman me l’a imprimée et je la garde dans mon pot. Maman dit que ce n’est pas une bonne idée et que ça va finir en engrais mon affaire, mais des fois, je suis têtu. Tu dis des choses qui me font réfléchir. Je ne sais pas c’est quoi le Paradis, Maman n’en parle pas. Elle m’a juste dit que c’était un endroit joli. Alors les chats de ton domestique doivent être bien. D’ailleurs, j’ai été surpris de voir que tu n’as pas de maman toi. Tu n’as pas l’air d’en avoir besoin remarque, tu me sembles très sure de toi.

C’est vrai que c’est étrange qu’on se soit rencontrés tous les deux. Mais je suis une plante plutôt sociable. J’aime beaucoup les animaux, Dédée en particulier et aussi les oiseaux qui viennent me voir depuis que j’habite ma résidence estivale. Je n’aime pas les écureuils par contre… Ils me grattent la terre et me bouffent les fleurs. Maman est obligée de mettre de la crotte de poulet sur mes racines pour me protéger. Si tu savais comme ça pue!!! Enfin, maman affirme que c’est essentiel pour me garder en vie. Et ce serait mieux d’être en vie si je veux, un jour, te rencontrer.

À ce sujet, il va falloir que je mette des sous de côté. Maman a dit qu’elle m’aiderait un peu, mais il faut que je ramasse mon argent de poche pour me payer le transport, si tu veux que je te visite. Maman affirme que si je suis assez dégourdi pour courtiser une plante de Québec, je devrais l’être aussi pour ramasser mes sous. Toi, est-ce que tu as des sous pour venir à Montréal? Ou peut-être que ton inénarrable beauté fait en sorte que tu n’aies pas à payer pour ton transport?

Et puis je suis d’accord pour la photo. De toute manière, je n’aime pas les flashs.

Sauf que je suis tout à fait d’accord pour la tisane à l’engrais.

Roger xxx

Gate number J10

Voici ma contribution hebdomadaire au Coïtus impromptus. Je n'ai pas choisi le titre, c'était imposé.


Pour tous les Français qui pourraient s'y arrêter, bonne lecture!

************************************

«Mathilde dis? On fait la chanson?»

Tout un autobus rempli à ras bord de Français en vacances me regarde. Personnellement, j’en peux plus. D’abord, le Remède miracle de Mes Aïeux, c’est tannant l’avoir dans la tête. Mais la route se rétrécie et je sais qu’ils ne trouveront pas cette musique-là dans leur univers.

Et c’est reparti pour un tour. Une Mathilde qui se démène dans une allée, micro à la main et pep intégré pour animer la chanson. Je profite du moment pour les regarder attentivement et sourire. C’est drôle des Français qui débarquent ici.

En premier lieu, ils sont complètement baba devant les écureuils. Ils doivent retourner chez eux avec 3 films de 24 poses pleins de petites bêtes à poils.

En second lieu, ils sont totalement fascinés par les camions. La seule chose qu’ils trouvent intéressante sur l’autoroute ontarienne c’est qu’on s’arrête dans un truck stop. Là, pendant vingt minutes, ils ne se peuvent plus! Ils touchent les roues, se mesurent aux camion, essaient de rencontrer un camionneur sympathique pour parler des engins avec lui, ont les joues rouges d’excitation… Bordel, ce ne sont que des camions!

En troisième lieu, ils carburent aux pilules. Ils voyagent avec des quantités effarantes de remèdes. Et si, par malheur, il leur manque LA patente dont ils auraient besoin, en frais de médication, c’est la totale panique, il faut trouver une pharmacie sur le champ. Quitte à faire faire un détour à un autobus au complet. D’où la chanson qui taraude mon esprit depuis 10 jours.

Je préfère ne pas penser aux difficultés de compréhension liées au langage…

N’empêche qu’ils sont attachants. Mais joual vert que j’ai hâte de les dropper à la porte J10 à Pearson ou plutôt devant la gate number J10, dans notre pays bilingue.

mercredi, mai 18, 2005

Tant qu'à me célébrer moi-même


Dessin de Laurie Gagnon

C'est elle qui me tend le gâteau. Pour le reste, c'est l'équipe des caissiers de notre librairie. Du moins, ceux qui sont là depuis le temps des fêtes.

Merci Laurie ^_^.

Voilà

mardi, mai 17, 2005

Une journée en cadeau

Hier fut une journée haute en couleurs.

Une belle journée, pleines de rencontres toutes plus intéressantes les unes que les autres. Une journée de mai qui sonne mai parce que c’est une journée qui me gâte.

08h45, Pp se branche sur msn. Je ne lui avait pas parlé depuis fort longtemps. Avoir un ami qui a passé 2 ans en Australie et fait tout pour y retourner comporte son lot d’inconvénients. Cependant, nos contacts, quoique sporadiques regorgent de vrai. Pas de faux-semblants, pas de demies vérités, pas de sens cachés. Droit au but dans le beau comme dans le moins beau. Bref, ça débutait bien ma journée

16h et des pinottes : j’ai la surprise de voir un ami débarquer à mon travail. Tout énervée j’étais. Parce que je ne pensais pas voir l’ami en question de sitôt. Alors bien entendu, je parlais trop vite et je riais trop fort. Je ne pense pas qu’il m’en tienne rigueur, il commence à me connaître. En tout cas, ça terminait bien ma journée de travail.

20h30 : Lion d’or. C’est le dernier Cabaret en chanson des Zapartistes dans cette salle. Je suis toute énervée parce que parmi les membres du groupe, il y a cet homme que je groupiise depuis longtemps et dont j’ai parlé ici. Je ne me tanne pas. Sa voix, ses imitations, son esprit tordu et sa mauvaise foi flagrante en font, sincèrement et de loin, mon humoriste préféré. Pour les curieux, je parle François Parenteau. Que j’appelle d’ordinaire Monsieur P. C’était un excellent spectacle! Vraiment. J’ai craqué pour un duo entre Bernard Landry et Charles Aznavour chanté par ledit Monsieur P. Génial! Et j’y étais tellement bien accompagnée : Catherine, Sauterelle et A. À la toute fin du spectacle, je suis allée saluer Monsieur P et j’ai eu mes bisous de politesse. Moi j’aime ça! Comme quoi il n’y a pas que du mauvais à groupiiser!!!

Finalement, j’étais bien trop énervée pour me coucher en arrivant à la maison. Déjà, un Pp, une visite surprise et un Monsieur P dans la même journée, il y avait de quoi rendre une fille pétillante! Alors je suis allée faire un tour au B. Et qui est-ce que je vois dans la salle? L’Homme du Néant! J’étais super contente. On a eu une super discussion de trois heures. Comme si nous étions de vieux amis et, pourtant, ce n’était que la seconde fois qu’on se croisait, par le plus pur des hasards.

J’ai donc eu une super journée hier. Ça tombe bien parce que demain, c’est mon anniversaire. Alors j’ai décidé que cette journée toute entière était un cadeau en avance.

samedi, mai 14, 2005

Chroniques dans le pot de fleurs

1- La nouvelle locataire

Bonjour,

Je ne sais pas trop par où commencer parce que c’est la première fois que j’écris tout seul. Et puis, je ne te connais pas. Tout ce que je sais, c’est que tu t’appelles Marie-Hélène, que tu as des cheveux doux et que tu habites une belle fenêtre.

Comme tu l’as sans doute su, j’ai passé les premières années de ma vie, chez grand-mère Poucevert. Maman était un peu découragée le jour de mon arrivée ; elle ne m’attendait pas et ne savait pas trop quoi faire de moi. Grand-mère a décidé de prendre le relais en attendant que maman soit prête. J’ai tellement attendu. Si tu savais… J’ai tout de même passé quelques mois chez maman l’an dernier mais c’était madame C qui s’occupait de moi.

Alors grand-mère m’a repris. J’étais content et triste en même temps. Finalement, maman m’a amené dans sa nouvelle grande maison. J’ai passé les premiers jours avec toutes les autres plantes de l’appartement, dans la chambre de madame Coloc. Mais maman m’avait préparé une place toute belle, près d’une immense fenêtre de laquelle je vois mon balcon, qui sera ma résidence d’été. J’aime beaucoup ma fenêtre parce qu’elle montre la ruelle. Ce matin, il pleuvait et la Dame aux chiens avait mis des imperméables à ses bêtes. C’est drôle ça, des Fox-terriers en imperméables mauve, bleu et vert.

Et hier, il est arrivé quelque chose. Maman a recueilli une nouvelle locataire. Elle est caramel, elle chatouille, elle est très curieuse mais très douce aussi. Elle a de drôles de yeux vitreux. Maman m’a dit que c’est un chat. Qui s’appelle Dédée.

Elle dort dans le lit de maman.

Pfff! Moi je suis grand, je préfère ma croisée. Mais Dédée elle, elle saute sur maman des que celle-ci s’assoie. Et elle fait un drôle de bruit de moteur. Quand même, je l’aime bien Dédée. Je lui prête même un bout de ma fenêtre. Comme ça j’ai une compagne pour regarder les chiens en imperméables. Et rigoler aussi.

Je pense que Dédée va être mon amie. À condition qu’elle ne cherche pas à me déterrer.

Alors voilà,

Roger xxx

vendredi, mai 13, 2005

D'amitié en finale

Ce qu’il y a de bien dans la blogosphère c’est que les sujets des uns peuvent devenir aussi les nôtres un peu. Plus tôt cette semaine, sur Bazar d'heures, Charles a traité des amitiés qui s’éteignent. Ça me turlupine depuis que j’ai lu son billet là-dessus.

Je suis une femme profondément fidèle et idéaliste. J’aime en amitié comme la plupart des gens tombent amoureux. C’est entier, sans compromis, sans concession. C’est désintéressé. Je suis disponible en tout temps et je ne compte ni les heures ni les points. J’aurais voulu être l’amie parfaite. Je suis loin de la perfection. J’aurais voulu être l’amie fidèle entre tous les fidèles. J’ai promis, par une nuit angoissée, de toujours être là. De ne jamais abandonner une personne en particulier. J’ai tenu bon pendant plus de 15 ans. Et j’ai glissé tranquillement dans le pays des zombies (il faut que je dise que cette expression n’est pas de moi mais de Ileana Doclin dans L’autruche céleste, cinq ans plus tard). À ce moment-là, j’habitais avec l’amie à qui j’avais promis une amitié éternelle.

Dans l’espace restreint d’un appartement montréalais, nous nous sommes perdues de vue. Je me suis mise à avoir peur de perdre son affection. Parce que je ne m’accordais plus de crédit. Je suis devenue victime. J’étais recroquevillée sur moi-même, avec l’impression d’être de trop partout, même dans la solitude de ma chambre. Nous n’avons pas bien fait les choses. Elle m’a traité de folle, je l’ai méprisée. Mais j’étais folle. Parce qu’au fond, c’est ça la dépression. Ma folie a tué l’amitié. Et sans doute le manque d’empathie de cette personne aussi. Je crois qu’elle était déstabilisée par mon état d’être. Par le fait que, pour la première fois depuis toutes ces années, lorsqu’elle me faisait la gueule, je ne lui disais pas : «Rien à faire, je t’aime pareil». Je n’étais plus la flèche fichée dans le sol, immuable.

J’ai brisé ma promesse et je l’ai abandonnée. Sans vraiment la saluer, sans vraiment lui signifier. Je l’ai laissée déverser sa colère sur moi. Me dire toutes les atrocités qu’elle pensait de moi. Je n’ai pas répondu. J’ai pleuré. Versé des larmes sur cette amitié achevée. Aujourd’hui, rien de ce lien ne me manque. Pas une seule fois, je n’ai eu envie de lui raconter mes mots et mes maux.

Mais toujours je crains de la croiser.

Je crois que je ne pourrais faire autrement que de baisser les yeux.

jeudi, mai 12, 2005

Se débrouiller

Je suis l’aînée d’une famille de quatre enfants. Lorsque j’étais toute petite et que nous n’étions que trois, j’ai eu ma période de cauchemars. Je faisais un récurrent. Parce que je lisais un livre intitulé Papa fais-moi peur. Ça racontait une histoire de forêt et de loups mangeurs de petit garçon. À la fin, les loups étaient vaincus par un trou béant, creusé sur leur chemin, et des gaufres pour les rassasier.

Je rêvais que je me faisais poursuivre par des loups qui avaient faim d’une petite fille. C’était une forêt sombre et humide. Et j’avais peur, peur, peur. Je criais, courais, me débattais. J’avais dans l’idée que je devais régler mon problème toute seule. J’étais grande vous comprenez. J’étais la plus grande. Je ne pouvais pas faire le bébé et réveiller maman la nuit. Et maman n’aurait jamais voulu me laisser dormir avec des gaufres à côté de mon lit.

Que pouvait faire une petite fille, toute seule dans la forêt, avec une meute de loups affamés qui l’entouraient et la zieutaient avec appétit? Une petite fille était bien démunie. Dans ma tête d’enfant, je ne pouvais plus être une petite fille dans mon rêve. Comment être autre chose qu’une petite fille?

En dormant en camion.

C’est-à-dire, sur le ventre, la tête enfouie dans l’oreiller, les genoux remontés sous moi et les bras pliés de chaque côté de ma tête. Voilà, c’était le camion. Et ça fonctionnait. Parce que, dès lors, dans le cauchemar, je n’étais plus une petite fille. J’étais un énorme camion blanc. Avec une lumière à l’intérieur. Les loups ne pouvaient pas me mordre, ils s’y cassaient les dents. Et je me réveillais au matin, très satisfaite de mon astuce. Je n’avais ni réveillé maman ni été mangée par les loups.

J’ai trouvé cela un peu plus dur quand j’ai commencé à rêver que mes parents me donnaient à un monsieur pas fin qui avait l’air d’un crapaud. Parce que mon bébé sœur, tant attendu, était enfin né. Vous comprenez, je n’étais plus la seule fille de la maison. Donc, plus la fille préférée.

Ce rêve là non plus je ne l’ai pas raconté. Il est revenu jusqu’à ce que je comprenne que ma sœur ne prenait pas ma place, mais la sienne.

Ce jour là, le monsieur a cessé de venir me chercher dans mes cauchemars.

Vous croyez que c’était le Bonhomme Sept-heures?

mardi, mai 10, 2005

Attendre

Après avoir vu Garden State, Kto Eto, sur son blogue raconte ces scènes de départs qui vous laissent un goût âpre dans la bouche. Il traite de ces scènes d’aéroport, qui, dans les films, finissent toujours bien, mais qui, dans la vie de tous les jours, nous amènent vers des ruptures certaines et des larmes assurées.

Je ne suis pas une habituée des scènes d’aéroport. La seule personne que j’ai vue partir souvent c’est mon père. Et bon, un père (le mien) revenait. Je n’ai pas d’amoureux à l’autre bout du monde. Je n’en ai jamais eu. Et je n’ai pas beaucoup voyagé à l’extérieur du pays. N’empêche que j’ai vu partir des gens, sans savoir qu’ils ne reviendraient pas. Celui, par exemple. Celui qui m’a tant promis de m’aimer. Celui qui m’a dit un paquet de fois qu’il ne pourrait aimer personne d’autre comme il m’aimait moi. Le jour de son dernier départ, je lui ai mordu le creux de la main, joueuse. Il m’a souri, a refermé la porte moustiquaire et je me suis retournée pour ne pas permettre la montée des larmes.

Je me suis laissée tomber sur mon lit et j’ai rêvé à lui. Un rêve qui est demeuré un songe durant les 4 mois qui ont suivi. Je ne l’ai plus jamais revu. J’ai attendu. De toute mon âme, j’ai attendu. Et puis un jour, je me suis dit que je pensais un peu à d’autres hommes, que je n’avais plus le goût des amours romantiques et platoniques, que je n’avais plus la force d’aimer toute seule, sans rien d’autre que moi pour m’ancrer dans la relation. Alors je l’ai quitté.

Pourtant, en mars, je l’attendais encore. Et puis, un petit rayon de soleil a percé mes nuages. Un petit bonhomme qui me fait rire et tente de me comprendre. Un petit bonhomme qui m’a montré que Celui n’était pas le seul à vouloir essayer de m’écouter dans ce que je suis. Un petit bonhomme qui du haut de son amitié, a allégé le poids de mes solitudes.

Depuis, je crois que je commence à arrêter d’attendre.

dimanche, mai 08, 2005

Roger au mois de mai

Texte écrit pour le Coïtus impromptus, dont le thème, pour la semaine onze, suggérait une histoire. Voici la mienne.
******************************************

Cet hiver, quand grand-mère a déménagé, Roger s’est demandé où il s’en irait. Il y était en pension depuis si longtemps. Puis maman est venue le chercher. Il ne l’attendait pas. Il ne l’attendait plus. Craintif devant tant de changements, il s’est refermé.

De manière étonnante, maman s’est mise à le cajoler. Il a été surpris, parce qu’aussi loin qu’il se souvienne, elle avait toujours laissé à d’autres le soin de s’occuper de lui. Pourtant, il était sage. Il était beau; tout le monde le disait. Mais elle ne semblait même pas s’apercevoir des multiples efforts qu’il faisait pour lui plaire. Tout juste si elle lui caressait la tête de temps à autres. Et lui se mettait à rougir.

En avril, Roger s’est enhardit. Il s’est mis à parler un peu. Dans le langage qui lui est propre. Et maman restait là, tout près. À lui parler tous les jours, sans jamais l’oublier. Roger était content. Il faisait des façons. Des petites folies pour la faire sourire et la rendre heureuse. Quelquefois, il entendait son petit rire de bonheur lorsqu’elle parlait de lui à ses visiteurs.

Puis vint le mois de mai. Roger a pu sortir sur la galerie. Celle de derrière parce qu’il ne voulait pas subir la morsure du soleil. Il a le teint fragile Roger. Il s’est mis à resplendir, sur son petit coin de paradis. Là où il pouvait regarder les passants en entendant maman s’affairer dans la cuisine. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il s’est mis à fleurir.

Roger, au mois de mai, est un hibiscus en santé.

samedi, mai 07, 2005

Parfum de pré-adolescence

Hier soir au B, la trame sonore était différente de d’habitude. Je parlais avec Catherine et A. quand la chanson "Sara perche ti amo" m’est tombée dans les oreilles. Vague de souvenirs refluant autour de moi, je me suis rappelée le film L’effrontée (1985) mettant en vedette Charlotte Gainsbourg.

J’ai vu ce film au printemps 1986. Avec Une Jeune Fille Bien et Tom Boy. C’était au cinéma Parisien. Je suis douée pour écouter un film plusieurs fois. Pas celui là. Sans doute parce qu’il décrivait si bien tous mes questionnements, mais que jamais je n’aurais osé dire les choses et les faire comme la Charlotte du film. Moi, je vivais dans mes peurs. Celle du rejet, celles des autres, celle d’avoir à trouver qui j’étais moi-même. Alors allez défoncer des portes, provoquer le destin, faire croire à un homme que j’étais plus vieille que la réalité, ce n’était pas du tout dans mes cordes.

Ça fait 19 ans que j’ai vu ce film et pourtant, j’entends encore clairement l’intonation de Charlotte lorsqu’elle demande : «Si on frappe quelqu’un avec un objet lourd en verre, est-ce qu’on peut le tuer?» Je me fierai pas sur moi pour la fiabilité du texte, m’enfin, c’était le sens du propos.

Je voyais sur grand écran une fille de mon âge en crise d’adolescence pendant que moi j’étais encore une toute petite fille. Qui jouait encore à la poupée. Je parlais hier des comportements sexuels adolescents et le souvenir de ce film vient de me faire comprendre pourquoi, moi, je fais partie de ceux qui se sont préservés. Je suis restée une enfant le plus longtemps possible. Je demeure encore un peu celle-ci. Avec une faculté d’émerveillement qui m’est propre, ma petite gueule qui fait qu’on ne me donne pas mon âge et surtout ma propension à «groupiiser» tout et n’importe quoi, comme si j’avais encore 13 ans. Vivre une sorte d’amour complètement cinglé pour l’homme sur la scène au lieu de vivre des amours dans ma propre vie.

Je crois que j’ai bien peur de quitter cette partie de mon enfance. Je crois que je m’y sens en sécurité.

vendredi, mai 06, 2005

Porter un sens

À la suite d’un reportage choc dans Le Devoir sur les mœurs sexuelles des adolescents Québécois, le sujet est à l’ordre du jour. Il me semble que pas une journée ne passe sans que j’en entende parler. Je suis surprise d’entendre les uns et les autres monter aux barricades parce que, maintenant, la sexualité adolescente est pire que jamais. Pourtant il n’y a pas eu de réelle différence dans les statistiques à ce sujet.

Je me rappelle ma propre adolescence. Je me rappelle de la pression des pairs pour «faire la chose». Il y avait des étiquettes apposées sur tout le monde en fonction d’avoir fait ou de ne pas avoir fait. Je fais partie de ceux, les plus nombreux, qui ont eu leur première relation sexuelle complète après l’école secondaire. Et je pouvais nommer tous ceux qui avaient franchi le pas avant moi. Ce n’est donc pas si nouveau que des adolescents, encore un peu jeunes, se livrent à cette expérience ou cette expression d’amour, selon les cas. Je sais que je me suis tenue au principe selon lequel il fallait que j’attende d’avoir plus envie que peur. Et je sais que plusieurs filles que j’ai connues ont au contraire tout fait pour se débarrasser de cette virginité encombrante, comme si tout changerait une fois que ce passage serait passé. Je sais que j’étais moche parce que je ne voulais pas plier. Aujourd’hui, j’en suis très fière.

Je crois que ce qui ne va pas dans la situation actuelle tient davantage de la pornographie que de la sexualité adolescente à proprement parler. Et je crois aussi que cet état de fait n’est pas si récent que cela. On parle de cul à tout vent. Il est souvent plus bienvenu de raconter sa dernière aventure en liste plutôt que de parler de ses problèmes, ses peines et ses détresses. Tout est sujet aux commentaires salaces. Néanmoins, je ne suis pas certaine que nous sachions vraiment faire l’amour. J’ai connu bien des hommes qui me donnaient l’impression de se masturber avec le corps des femmes qu’ils rencontraient. Bien des hommes qui semblaient croire que tous les fantasmes mis en scènes dans les films pornos font partie de l’imaginaire sexuel féminin. Bien des hommes qui pensaient que la tendresse est un élément accessoire dans une relation sexuelle complète. Je ne cause pas ici uniquement d’aventures.

En somme, je crois que malgré les cours d’éducation sexuelle, malgré le fait qu’on parle de sexe tout le temps et qu’il est surreprésenté dans tout ce qu’on voit, il faut chercher plus loin que dans la génération des adolescent actuels la source des comportements inadéquats adoptés par certains.

Il faudrait d’abord commencer par débanaliser les relations sexuelles pour qu’elles soient à nouveau porteuses de sens.

mercredi, mai 04, 2005

Premier baiser

Dans la pénombre de la cuisine, matin de pluie. Dans la pénombre de la cuisine, trois femmes échangent des confidences sur les souvenirs de leur adolescence après avoir entendu les nouvelles radiophoniques au sujet de la sexualité chez les ados, justement.

Du fond de ma mémoire a surgi le premier baiser qu’on m’ait donné. Laissez-moi vous raconter.

J’ai quinze ans. Une jolie gueule et une confiance en moi qui traîne dans la poussière de la salle de danse. Je ne me vois pas comme une belle fille. Je le suis peut-être, mais ce n’est pas moi qui le croirais. Je ne réponds pas aux modèles que je me suis fixés et qui sont blonds aux yeux clairs. Et puis, je ne fais pas partie de la gang de filles populaires, par conséquent, je ne peux pas être belle.

C’est la fin de la soirée. Mes amies se moquent de moi parce que P. (à la grosse tête) me couve des yeux. À ce moment là, je me doute qu’il me trouve jolie. Mais c’est embêtant de se faire trouver jolie par quelqu’un qu’on ne trouve pas séduisant soi-même. C’est comme si on n'avait pas le droit de ne pas être charmée par cet autrui qui nous donne un premier signe d’intérêt.

Alors, lorsqu’il viens me demander de danser un slow avec lui, je dit oui. Droite comme un I, pas trop proche de lui, je cherche mes amies du regard, sans trop porter attention à ce qu’il dit. J’ai manqué un moment, je me recule pour lui dire : «Qu’est-ce que tu viens de dire?».

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'il m'embrasse.

YEURK. C’est mouillé, c’est collant et surtout c’est non désiré. Je me tasse, le toise d’une moue dégoûtée et je me sauve.

Si c’était ça un french, moi j’en veux plus.

lundi, mai 02, 2005

Semer des trèves

Dans le cadre du Coïtus impromptus, le dernier exercice consiste à faire un lipogramme, donc un texte dans lequel on s'oblige à ne pas utiliser une ou plusieurs lettres. Les lettres sélectionnées sont : A, I et L.

Exercice suant s'il en est un. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point il y a de ces trois lettres dans les mots de la langue française.

J'ai buché. J'ai fait tous les temps et presque piqué une colère.

Je suis orgeuilleuse et je me suis mis en tête que j'y arriverais.

Ça a donné ce qui suit.

*******************************************

Être se sème de trêves
Tendresse pour un énorme mystère porteur de cent secrets
Et un vent d’odeurs d’été

Être se sème de trêves
Bonheurs quêtés, trouvés, recherchés
Sœurs, frères, mères et pères confondus

Être se sème de trêves
Pour une ombre perdue
Songes éthérés de mes ecchymoses

Être se sème de trêves
Fenêtre ouverte sur mes rêves
Cœur concentré
Heureux essor

dimanche, mai 01, 2005

Ti-Cul LaTrouille

Déjà tout petit, il se faisait mettre à l’écart parce qu’il n’osait jamais. Ti-Cul LaTrouille avait peur de la forêt et de la ville. Il restait donc dans sa confortable banlieue, sur la rue qui l’avait vu naître, dans le regard maternel. Au cas où.

Ti-Cul LaTrouille ne s’est pas amélioré avec l’adolescence. Il faisait le fier dans la cour, mais tremblait silencieusement en regardant les filles. Sa pire crainte était de s’accrocher au fil d’Une Autre, et de perdre le sien. Alors il collectionnait les donzelles comme d’autres les cartes de hockey. L’air de rien. Et tout le monde pensait donc qu’il était tought. Et toutes les filles rêvaient de le conquérir et de devenir Celle qui le ferait s’assagir, sans se douter un instant que Ti-Cul LaTrouille était peureux.

Ti-Cul LaTrouille est devenu un chouette entrepreneur. Faisant tout plein d’argent parce qu’il avait peur d’en manquer. Il s’est épuisé à travailler à perdre haleine, sans compter ses heures et sans ménager sa santé. Encore là, les femmes étaient accessoires. Des objets de beauté à amener en voyages d’affaires, pour bien paraître dans les mondanités. Des longues jambes au sourire blanc. Et des yeux clairs, le plus souvent. Mais ses prunelles personnelles, pas une de ces filles ne s’en souvient.

Ti-Cul s’est réveillé un beau matin s’apercevant qu’il avait maintenant 38 ans. Pas de femme et pas d’enfant. Ce jour là, il a eu la pire trouille de sa vie parce qu’il savait qu’il ne se perpétuerait pas dans un petit être. Mais il ne savait plus comment faire fuir toutes ses peurs. C’est là qu’il m’a appelée, pour discuter de la partie de lui qui était restée un jeune peureux et que je lui raconte la vie, celle que je sais expliquer, pour qu’il apprenne comment repousser la trouille.